Aujourd'hui, grève de la fonction publique genevoise

Ah, la (pas) belle escalade !

On se souvient que l'intention de nombreux enseignants de ne pas organiiser de fêtes de l'Escalade* dans les Cycles d'Orientation, pour protester contre les «économies»  budgétaires proposées par le Conseil d'Etat (et les coupes proposées par la droite) a fait hurler au scandale, au crime de lèse-majesté, à la prise en otage de nos chères têtes blondes pour des raisons (beuark) politiques ou (pfff...) syndicales. Or cet après-midi, les acteurs de ce boycott seront dans la rue, et feront cortège, avec d'autres travailleurs et travailleuses de la fonction publique. Ce cortège ne sera pas un cortège de l'Escalade mais contre l'escalade. Mettez une majuscule ou une minuscule à un mot, et son contenu change : demain, ce n'est pas un cortège DE l'Escalade avec un E majuscule qui se rassemblera à 16 heures 15, à la place de Neuve. C'est un cortège CONTRE l'escalade avec un e minuscule. Contre l'escalade des propositions de coupes budgétaires irrationnelles et des propositions délirantes (comme celle de multiplier par quinze le montant de la taxe personnelle payée par chaque contribuable, y compris celles et ceux dont le revenu est si bas qu'il n'est même pas imposable et que les huissiers de l'Office des Poursuites n'y trouvent plus rien à saisir...), Un cortège pour le service public, c'est-à-dire pour ce qui garantit l'exercice réel des droits sociaux de la population...


*pour les allogènes, précisons que l'Escalade est la fête « nationale » genevoise...


Arboriculture politique genevoise : Tailler dans l'école, bouturer dans le carcéral

Les budgets, cantonaux, municipaux ou fédéral, ne sont pas soumis au référendum -mais les impôts qui les financent, oui : ce dispositif est conforme à une conception de droite des budgets publics, qui calibre les budgets aux ressources existantes au lieu de définir les ressources en fonction des besoins. Il ne sera donc pas possible, une fois le budget cantonal adopté, de le combattre. D'où la nécessité de le combattre avant son adoption. Une sorte de principe de précaution qu'on adopte en se mobilisant maintenant, en se souvenant que le déficit (278 millions) prévu au projet de budget refusé par la droite, et plus encore le déficit prévu au nouveau projet du Conseil d'Etat, sont largement inférieurs au coût (400 millions) des cadeaux fiscaux accordés depuis trois ans par la droite genevoise -ce qui légitime déjà la proposition socialiste d'abolir le « bouclier fiscal » accordé aux plus gros contribuables, et en retour délégitime la quasi totalité des propositions d'«économies» de la droite, en particulier celles qui frappent la fonction publique.
Si le budget proposé par le Conseil d'Etat est inacceptable, pour ne rien dire des propositions encore plus sécantes de la droite, c'est que les seuls instruments utilisés pour le concocter semblent bien être la varlope et la hache. Cible priviligiée des équarisseurs : le département de l'Instruction Publique, et tout particulièrement le « nouveau Cycle d'Orientation »  voté en 2009 avec un tas de promesses de moyens supplémentaires à la clef, mais dont les moyens précisément n'ont cessé d'être réduits, pour en arriver aujourd'hui à la proposition du Conseil d'Etat de 30 postes en moins dans l'administration (comme si on pouvait réduire l'administration d'un service public sans toucher à ses prestations au public), et 25 enseignants nouveaux en moins au Cycle d'Orientation. Sans parler de la proposition PLR de supprimer carrément le service de recherches en éducation (on est surpris que la proposition n'ait pas été faite de le transformer en service de recherches en incarcérations, tant qu'à faire). Résultat probable : des effectifs de classes plus élevés, des « passerelles » plus branlantes (voire carrément obstruées), des élèves ne pouvant plus être accueillis dans un collège près de chez eux... En revanche, on pourra célébrer la floraison de nouvelles prisons genevoises, car si on taille dans l'instruction publique, on bouture dans le carcéral, et si on fait dans la jachère scolaire, ont fait dans la culture pénitentiaire intensive.

«  Le service public est en danger », alerte le Cartel intersyndical de la fonction publique. Et il a raison,  quelque audience qu'ait son cri d'alarme, et quelque « suivi »  que puisse avoir la grève de cet après-midi. Car le service public n'est pas un mécanisme qui fonctionnerait tout seul, dans une sorte de mouvement perpétuel, autoalimenté et sans moyens humains. Lorsque le PLR propose de ne plus remplacer qu'un départ sur deux dans la fonction publique, il sait pertinemment que le service public va en pâtir. Mais il s'en fout, du service public. La grève d'aujourd'hui n'a donc pas seulement comme sens celui d'une défense des « acquis sociaux » de la fonction publique. : elle a aussi, et surtout, comme sens celui d'une première mobilisation pour la défense du service public, c'est-à-dire du seul instrument dont on dispose pour faire de tous les beaux droits proclamés dans notre belle nouvelle constitution autre chose que de beaux discours d'avant apéritif ou d'après bâfrerie.

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