Fonds de tiroir

On va enfin construire, à Genève. Si, si, c'est comme on vous le dit. Et on va construire quoi ? des logements sociaux ? Non ? Alors des logements pas sociaux ? Non plus. Quoique. On va construire des prisons. Des tas de prisons. Ou en tout cas des tas de cellules. Pierre Maudet a présenté vendredi dernier une « planification pénitentiaire » sur dix ans. Il a de l'ambition, Maudet : il veut quasiment doubler le nombre de détenus en dix ans. C'est un optimiste, ce garçon. Faut dire que le jour même de la présentation de son plan par Maudet, on apprenait que Champ-Dollon à elle seule détenait 684 personnes. Soit 182% du nombre de détenue pour lequel elle a été prévue, la prison. Alors Maudet veut affecter Favra à la détention administrative (au lieu des courtes peines et fin de peine), et en doubler la capacité (de 15 à 30 places), créer 50 places supplémentaires de détention administrative à Cointrin, étendre la Clairière sur Frambois, ouvrir Curabilis (pour les détenus souffrant de troubles psychiatriques -29 places), augmenter de 100 places la capacité de la Brenaz, et surtout construire une nouvelle prison de 450 places, toujours à la Brenaz. Coût total estimé (aujourd'hui) des travaux : 421 millions, dont les trois quarts à la charge du canton. Coût de fonctionnement (estimé aujourd'hui) des geôles genevoises : 172 millions, soit 73 millions de plus qu'aujourd'hui. Et ont dit que la République n'a pas le sou ? Elle en a, du pognon, la République. Bon, pas pour les écoles mais pour les prisons, et alors ? on a les priorités qu'on mérite. Et d'ailleurs,  la prison n'est-elle pas surnommée l'«école de la délinquance et du crime » ? Alors tant qu'à faire, intégrons là dans le dispositif d'apprentissage, et faisons la nique au père Hugo pour qui «ouvrir une école, c'est fermer une prison » : à Genève, en ouvrant une prison, on ouvrira aussi une école. Qui ramènera en prison. De la formation continue, en somme...

Ainsi, on apprend dans la «  Tribune » que le canton de Genève, qui par ailleurs crie famine et entend sabrer dans les dépenses et les investissements pour équilibrer son budget, a déjà claqué au moins 7,3 millions de francs pour sous-traiter à la police privée Securitas des tâches relevant historiquement du monopole d'Etat : surveillance de prisons et d'ambassades, convoyage de détenus. Rien que ce convoyage par les Securitas a déjà coûté 5,4 millions à l'Etat. C'est-à-dire, en gros, ce qu'il compte économiser en supprimant des postes au département de l'Instruction publique. Quand on aime les privatisations de missions publiques, on ne compte pas...

Qui sont les députés PLR, grands artisans du refus du projet de budget cantonal genevois ? Réponse de l'ancien président du parti libéral, ancien député, ancien candidat au Conseil d'Etat, ancien président des Hôpitaux Universitaires, Michel Balestra : « en tant que patrons, vous n'êtes ni formés, ni doués », sauf pour le «  désordre »  et l'«improvisation». Les mesures que les députés PLR présentent pour équilibrer le budget : «certaines sont insignifiantes », d'autres sont absurdes. La suppression du pont de fin d'année ne toucherait ni les policiers, ni le personnel soignant, ni celui des TPG, ni les enseignants (puisque les élèves sont en vacances), mais seulement l'administration centrale, dont les employés feraient de toute façon le pont en prenant quelques jours de vacances; quant à la suppression du « plend »  (retraite anticipée), elle ne ferait que « donner un tremplin aux dinosaures nostalgiques du marxisme » (on imagine des dinosaures sur un tremplin et on se marre...), et l'augmentation de la « taxe personnelle » (l'impôt minimum) serait refusée en référendum... Bon, le déménageur a taillé un costard pour l'hiver aux déménagés de son parti... le problème, c'est qu'avec les couches qu'ils tiennent déjà, ils n'en avaient pas besoin, du costard.

Dimanche, avec une abstention de 74 %, les Vaudois ont accepté à 95,6 % une modification fondamentale de leur constitution : ils ont remplacé les termes « maladie mentale »  et « faiblesse d'esprit » par «curatelle de portée générale » et « mandat pour cause d'inaptitude en raison d'une incapacité durable de discernement ». On est bien content d'être conseiller municipal à Genève, on se voit mal lancer à un èmecégiste « va donc, espèce de mandat pour cause d'inaptitude en raison d'une incapacité durable de discernement ».

Le comité directeur du PSS demande aux délégués de la base du parti, qui en décideront le 1er décembre, de ne pas soutenir le référendum contre la révision urgente de la loi sur l'asile... On s'en fout, nous on signe (feuilles de signatures sur www.stopexclusion.ch). D'ailleurs, nous dit l'ATS, « une seule personne s'est opposée à la recommandation du Comité directeur » de ne pas soutenir le référendum. C'est bien, y'a au moins un ou une socialiste au comité directeur du parti socialiste...

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