Fonds de tiroir

L'écrivain genevois Joël Dicker fait un tabac : il a déjà reçu le Grand prix de l'Académie française pour son roman (qu'on a pas lu, mais dont on a entendu ou lu dire qu'il était bien construit, mais manquait de style) « La vérité sur l'affaire Harry Québert », et est en lice, demain, pour le Prix Goncourt. Rien que ça. Bon, qu'il le reçoive ou non, on s'en tape un peu, sauf que vendredi, lors de la commémoration du massacre du 9 novembre 1932, on pourra tout de même rappeler que ce jeune écrivain célébré un peu partout est l'arrière-petit fils de l'un des chefs socialistes genevois, Jacques Dicker, auquel l'extrême-droite fasciste de l'époque intentait une parodie de procès que l'armée protégea en tirant sur la foule des manifestants antifascistes. Et on vous fiche notre billet que si son arrière petit-fils devait recevoir le Goncourt, la Genève officielle lui réservera des honneurs sans commune mesure avec le sort qu'elle fit au bisaïeul, mort en 1942 après avoir pendant toute sa carrière politique (et d'avocat) été traîné dans la boue par les antisémites (Jacques Dicker était d'origine juive russe) et privé de ses mandats politiques en 1941 lors de l'interdiction du parti socialiste genevois par le Conseil fédéral... Un petit rappel pour mémoire, vendredi prochain, ne sera alors pas inutile...

Le PLR va déposer au Grand Conseil une motion invitant le Conseil d'Etat à « garantir une gestion rigoureuse des dépenses des conseils d'administration des régies publiques et conseils de fondation de droit public » et à harmoniser leurs règles de fonctionnement. Vu la mainmise du PLR sur bon nombre de ces conseils d'administration et de fondation, ce manque de confiance du parti à l'égard de ses propres représentants est assez vexatoire. Surtout si on précise que ce qui a suscité cette motion, c'est le cadeau fait d'un bon de voyage de 2000 balles aux administrateurs sortants des Hôpitaux Universitaires, dont le Conseil d'administration était présidé par le PLR Michel Balestra... 

On s'y attendait : on a trouvé le lampiste à cause de qui 1453 signatures genevoises au bas du référendum contre l'accord fiscal avec l'Allemagne (qui a échoué de peu)  sont arrivées en retard pour être comptabilisées. Un employé de la Chancellerie a donc oublié de coller un timbre sur un colis. Il devait coller quatre timbres, le lampiste, il n'en a collé que trois. Et ouala. Cette explication a été donnée avant-hier, au terme d'une « enquête approfondie» sur cette affaire d'Etat (pour ne pas écrire ce scandale planétaire), qui a incité la Chancelière à « adapter l'organisation » de son service, à « renforcer le contrôle interne »  et à demander un audit à la Cour des Comptes. Rien que ça. C'était au moins un beau timbre ?

Justifiant la proposition de son parti (c'est-à-dire la sienne) de multiplier par quinze le montant de la taxe personnelle payée par chaque contribuable, y compris celles et ceux dont le revenu est si bas qu'il n'est pas imposable, le commissaire politique du PLR, Pierre Weiss, explique (dans « Le Courrier » de mardi) qu'« une taxe d'un franc par jour constitue en quelque sorte un droit d'entrée dans la collectivité ». Et si on paie pas, il se passe quoi ? on est reconduit à la frontière, même si on est Suisse ? Et la taxe de sortie des gonds, elle se monte à combien ?

Commentant les résultats de Salika Wenger et de Didier Bonny lors de l'élection partielle au Conseil Administratif de la Ville, dimanche, « Le Courrier » de lundi moralise: « les aventures solitaires finissent le plus souvent dans un cul-de-sac »... Ouais, peut-être bien, mais un cul-de-sac avec 20 % des suffrages, ça fait une paie que la gauche de la gauche (pas plus d'ailleurs que le PS ou les Verts...) n'y avait pas mis les pieds...

Selon les statistiques de l'Hospice Général, entre décembre 2008 et août 2012, le nombre de dossiers financiers d'aide sociale est passé de 5436 à 7732, le nombre de bénéficiaires du revenu minimum d'aside sociale (RMCAS, supprimé l'année dernière) de 1413 à 2394, le nombre de dossiers d'aide sociale en cours de traitement de 652 à 864. Seuls les dossiers d'aide sociale non  financière ont diminué (de 1799 à 1137), depuis 2010. Au total, les dossiers traités par l'Hospice depuis 2008 sont passés de 9300 à 12127. Mais le nombre de chômeuses et de chômeurs reste stable. Faire passer les gens du statut de chômeurs à celui d'assistés c'est bon pour les statistiques. Et dans le monde des Longchamp et Rochat, on ne demande rien de plus.

Commentaires

Articles les plus consultés