Fonds de tiroir

Y'a eu rassemblement à l'appel des syndicats devant l'Hôtel-de-Ville, ousque le Grand Conseil va décider du sort qu'il entend réserver à l'initiative syndicale contre le dumping salarial : l'invalider partiellement (d'où recours certain des syndicats au Tribunal fédéral, contre cette invalidation), ou la soumettre au peuple en courant le risque, pour ne pas dire la certitude, qu'elle sera acceptée, ce dont le patronat et la majorité (parlementaire et gouvernementale) de droite ne veulent pas entendre parler. L'initiative demande la constitution d'une inspection des entreprises formée de représentants des travailleurs, nommés par le gouvernement sur proposition des syndicats, chargée d'inciter les employeurs au respect des conventions collectives et des lois sur le travail, et pouvant dénoncer aux organes compétents celles qui délinquent. C'est de cela dont la droite et le patronat ne veulent pas entendre parler. Pas plus d'ailleurs que le Conseil d'Etat, qui trouve « partiale » une instance de contrôle peuplée de syndicalistes. Au fond, il a raison, le gouvernement : c'est vrai que défendre les victimes du dumping salarial plutôt que ceux qui le pratiquent, c'est assez partial. Les syndicats genevois demandent qu'il y ait à Genève un inspecteur pour 10'000 emplois (comme il n'y en a actuellement qu'un pour 20'000 emplois, et aucun ni pour l'hôtellerie-restauration, ni pour le commerce de détail, la proposition syndicale équivaut à doubler le nombre des inspecteurs). Dans un canton où on trouve un contractuel pour 32 places de stationnement, ça devrait pas paraître excessif... mais faut croire que ça aussi, c'est partial.

Trois requérants d'asile déboutés de leur demande, se sont suicidés en une semaine en Suisse alémanique, mi-novembre : le 17, une Erythréenne mère de trois petits enfants, qui devait être refoulée en Italie, s'est suicidée à Liestal, le lendemain un Arménien s'est suicidé à Winterthur et deux jours plus tard un Russe persécuté dans son pays  pour son homosexualité s'est suicidé à Kloten. Pour Amnesty, ces suicides montrent les « graves défaillances du système suisse ». Ben pas du tout : c'est ça, l'amélioration de la politique d'asile : accélérer les procédures de renvoi et réduire le nombre des requérants déboutés. Par les requérants déboutés eux-mêmes.

Convocation du Conseil Municipal de la Ville de Genève, pour l'adoption du budget 2013 : « Le Conseil municipal est convoqué en séances extraordinaires pour le samedi 8 décembre à 8 heures, 10 heures, 13 heures 30, 16 heures 15 et 20 heures, et le lundi 10 décembre à 17 heures et 20 heures 30, et le mardi 11 décembre à 0 heure, 2 heures, 4 heures, 6 heures et 8 heures »... Rien entre samedi 24 heures et lundi 17 heures ? Mais on va se faire chier, dimanche...

L'initiative de l'UDC « Pour une traversée de la rade » a été jugée par le Conseil d'Etat genevois  partiellement recevable, mais «dépassée», et le gouvernement cantonal appelle à la rejeter sans lui opposer de contreprojet puisqu'à son avis, (et il le partage), « l'existence même d'une politique de mobilité à l'échelle de l'agglomération, formalisée aux horizons 2020 et 2030 et préconisant une traversée du lac entre le Vengeron et la Pointe-de-la-Bise, constitue en effet indirectement un contreprojet». Et le gouvernement cantonal, emporté par sobn sens critique à l'égard de l'initiative udéciste, d'ajouter qu'« à l'horizon 2020, qui est celui de la réalisation de la traversée de la rade proposée par l'initiative, «un nouveau franchissement entre les deux rives apparaît comme incohérent ». Or c'est pourtant « un nouveau franchissement entre les deux rives » que le Conseil d'Etat défend aussi... dès lors, les critiques qu'il apporte au projet de l'UDC, il pourrait les appliquer presque toutes à son propre projet de traversée, non plus de la rade mais du Petit-lac, plus en amont... Quant à l'initiative de l'UDC, elle est finalement assez bienvenue : si elle se prend, comme on l'espère, une claque sonore, elle aura utilement contribué à congeler le projet du Conseil d'Etat, et tout autre projet de traversée autoroutière de la rade ou du lac... Alors pour une fois qu'on peut remercier l'UDC, on ne s'en privera pas.

Le Conseil d'Etat genevois annonce avoir adopté et transmis au Grand Conseil deux projets de loi visant à adapter la législation en matière de droits politiques à la nouvelle constitution de Piogre. Dans un premier projet de loi, le Conseil d'Etat propose de modifier la loi sur l'exercice des droits politiques, la loi portant règlement du Grand Conseil et la loi sur l'administration des communes. Il s'agit notamment de modifications relatives aux initiatives et aux référendums (nombre de signatures, délais de dépôt, examen de la validité d'une initiative), au calendrier des élections (simultanéité des élections du Grand Conseil et du premier tour du Conseil d’Etat d’une part, des conseils municipaux et du premier tour des exécutifs communaux d’autre part) et aux bulletins blancs (prise en compte des bulletins blancs dans le calcul des majorités). Ce qui serait marrant (mais personne n'est obligé de se marrer avec nous), c'est que les modifications législatives en questions soient frappées de référendum. Non ?

 Pour dénoncer l'intention de la majorité parlementaire (et gouvernementale) cantonale de désinvestir dans l'éducation pour investir massivement dans la construction de nouvelles prisons, les enseignants des Cycle d'Orientation de Drize et de Bois Caran, et certains enseignants des CO du Marais et peut-être de Cayla et de Budé, ont décidé de remplacer les activités ludiques prévues le jour de la « fête nationale genevoise », l'Escalade (le 11 décembre) par des heures de cours, et de ne pas surveiller les « discos » prévues le soir. Et cette scandaleuse désertion patriotique, qualifiée par quelques commentateurs de « prise d'otage » des élèves pour des raisons politiques (pouah !) a fait un foin de tous les diables savoyards : des parents, des élèves, des profs, des journalistes s'en sont mêlés. Qu'est-ce qu'il est prévu de faire subir aux félonnes et félons qui sous prétexte de défendre l'école se sont mis à saper les bases commémoratives de la République ? le pal, l'estrapade, le gibet, la roue, le bûcher ?

« La FIFA donne 50'000 billets aux pauvres » brésiliens, claironne la «Tribune»  de jeudi, en annonçant que Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA, a remis 50'000 billets pour la Coupe du monde 2014 au ministre des sports brésilien Aldo Rebelo, qui a promis de les redistribuer aux nécessiteux du Brésil. « Au Brésil, le nombre de billets pour la Coupe du monde sera limité, alors 50'000 billets à distribuer aux plus pauvres, c'est un hommage au pays du football », a déclaré le ministre. « Ce sera pour ceux qui ne peuvent même pas acheter un billet au tarif réduit ». Surtout ceux que la construction des infrastructures nécessaires à la Coupe et l'éradication des bidonvilles qui l'a accompagnée ont privé de logement, ou ont expulsé à la périphérie de la périphérie ? 

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