La Ville de Genève a un budget. Elle.

A l'ombre des élections en bourgeons...

Contrairement au canton, la Ville de Genève dispose (c'était attendu) d'un budget pour 2013, et pour la première fois depuis quatre ans, le budget de la Commune a été adopté en une journée. Le projet de budget, adopté à l'unanimité par la commission des finances, qui avait amendé le projet initial du Conseil administratif, a été repris par celui-ci. Il présente un excédent symbolique de 7000 francs. C'est ce projet qui a été ratifié par le Conseil Municipal samedi, contre les groupes de l'Entente (PDC et PLR) et moyennant l'abstention du groupe «Ensemble à Gauche». Mais l'ombre des élections cantonales de 2013 (pas encore en fleurs, mais déjà en bourgeons) a plané sur le débat budgétaire municipal, ou plutôt sur ce qu'en a rendu possible, et ce fut assez réduit, la procédure utilisée pour permettre aux conseillères et conseillers municipaux d'en finir en un jour avec leur pensum annuel.


Un budget, c'est quoi ? une autorisation de dépenses gagée par une espérance de recettes...

Débat (et vote) budgétaire au Conseil Municipal de la Ville de Genève, samedi. Onze heures de débat, mais d'un débat tronqué par le recours aux modalités du débat « accéléré » au lieu du débat « libre ». Mais peu importe  : Il faut se faire voir dans les étranges lucarnes et se faire citer dans la presse, montrer qu'on existe, qu'on a quelque chose à dire, qu'on a des propositions  -on est à moins d'un an des élections cantonales, la campagne a commencé avec le débat budgétaire au Grand Conseil, elle parasite le débat municipal et le jeu des chaises musicales impose ses règles à celles du marathon budgétaire. Les partis qui sont représentés au Grand Conseil veulent renforcer leur représentation, ou du moins la maintenir, ceux qui n'y sont pas représentés mais le sont au Conseil Municipal veulent l'être aussi au parlement cantonal, les uns et les autres vont faire du débat municipal un moment de leur campagne cantonale. Et le budget de la Ville, dans tout ça ? Il a été voté par une étrange coalition du PS, des Verts, de l'UDC et du MCG, contre une moins étrange coalition du PLR et du PDC (on aurait du se douter que l'Entente municipale ne pouvait accepter que le parlement de la Ville, où elle ne pèse guère, soit capable de la doter d'un budget alors que celui du canton, qu'elle domine, est incapable d'en faire autant pour la République...
Nous ne sommes pas le Grand Conseil, nous sommes le Conseil Municipal. Nous n'entrons pas en campagne électorale, nous faisons notre travail. Nous voulions sortir de ces séances avec un budget « responsable et solidaire » : responsable, parce qu'il maintient les prestations à la population et les droits du personnel municipal, solidaire parce qu'il maintient (et même renforce) les engagements de la Ville en termes de solidarité internationale. Nous avons voté le projet de budget de la Commission des Finances, tel qu'il nous était proposé par le Conseil Administratif. Nous avons donc refusé tous les amendements à ce projet, même ceux avec le contenu desquels nous étions d'accord, mais qu'il nous semblait inopportun de déposer dans le cadre du débat budgétaire, et que nous reprendrons ou soutiendrons comme autant de propositions spécifiques en cours d'année. Parce que contrairement à ce qu'il semblait à quelques uns, notre travail politique ne s'arrête pas une fois le budget voté. En fait, il commence, une fois le budget voté, et tout ce qui manque à ce budget peut y être ajouté en un an : des moyens supplémentaires pour les fonds généraux culturels (théâtre, danse, livre), des autorisations supplémentaires d'investissements, un financement complémentaire pour assurer l'intégralité des droits acquis du personnel de la Ville, etc...  On a voté le budget ? c'est bien, maintenant on peut faire de la politique !
Parce que c'est quoi, un budget ? C'est une autorisation annuelle de dépenses gagée par une espérance de recettes. A cette autorisation de dépense globale,  nous pouvons ajouter des autorisations de dépenses spécifiques, et demander au Conseil administratif d'étudier les propositions qui ne pouvaient trouver place dans le budget annuel, faute d'être assez précises quant à leur coût.  Le travail budgétaire, en réalité, c'est un work in progress : si nous devons « regonfler » le fonds chômage, accroître le financement de la solidarité internationale, rétablir des prestations suspendues ou les augmenter, nous pouvons le faire en cours de législature, à la condition préalable qu'un budget 2013 ait été adopté -et c'est précisément ce qui vient d'être fait, et la raison pour laquelle cela a été fait.

Le budget que nous avons adopté n'est pas parfait ? la perfection n'est pas budgétisable... il n'est pas le budget dont nous pouvions rêver ? rêver d'un budget serait, pour le moins, le symptôme d'inquiétants troubles du sommeil.  Le budget de la Ville a les trois qualités que nous en attendions :  d'abord, il existe ; ensuite, il est responsable; enfin, il est solidaire. Il maintient les prestations à la population, maintient les droits du personnel municipal (à deux détails près, qui pourront être repris en cours d'année) et renforce les engagements solidaires de la Commune.
Combien de collectivités publiques européennes (canton de Genève compris) peuvent en dire autant en ce moment ?

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