Fonds de tiroir

A une large majorité, le Conseil National a approuvé à la mi-décembre le principe de l'adoption par les couples homosexuels des enfants de l'un-e ou l'autre des deux partenaires du couple. Le Conseil des Etats voulait aller plus loin, ouvrir un droit général à l'adoption, comme il est envisagé en France, mais ce petit pas du Conseil National a suffi pour réveiller les réflexes les plus crapoteux et les udécistes se sont particulièrement distingués dans le brâme homophobe : Oskar Freysinger ayant proclamé qu'un père et une mère étaient indispensables à la forge de l'identité de l'enfant, et le Vert Antonio Hodgers lui ayant rétorqué : « je n'ai pas de père, pensez-vous que j'aie un problème d'identité ? », le crétin des Alpes a ricané «oui». Le père d'Antonio ayant été assassiné par les tueurs de la junte militaire argentine, on n'a au moins plus de question à se poser sur le genre d'« identité »  dont peut se targuer Freysinger.

Les tripatouilleurs de prépuces puérils respirent, et avec eux « les communautés juive et musulmane d'Allemagne », écrit « Le Temps » : le parlement tudesque vient de ré-autoriser les circoncisions rituelles pratiquées sur des enfants, qui avaient pourtant été considérées pour ce qu'elles sont, des atteintes à leur intégrité physique, par un tribunal de Cologne en mai dernier. A une large majorité, le Bundestag a adopté avant-hier un projet de loi autorisant explicitement les circoncisions religieuses (opérées par un médecin ou une personne ayant reçu une formation médicale), même sur des enfants de moins de six mois, malgré l'opposition de la majorité du corps médical. «  La loi permet le retour à la normale», se félicite la ministre (libérale) de la Justice. Inscrire (évidemment sans leur demander leur avis) une religion dans le corps des petits garçons, c'est « la normale » ? Même la proposition du porte-parole des chirurgiens pour enfants, de remplacer l'ablation du prépuce par un acte symbolique, ou de ne la pratiquer qu'à partir du moment où l'enfant est en âge de comprendre ce qu'on lui fait, et de décider s'il veut ou non qu'on le lui fasse, a été repoussée. Au nom, donc, du «retour à la normale». C'est fou ce qu'on peut mettre comme conneries dans ce mot, «normal». Il y a des pays où la « normalité », c'est l'excision des filles. On n'en est évidemment pas là avec la circoncision. Mais l'argument de la normalité est aussi stupide dans ce cas qu'il est nauséabond dans l'autre.

Le Solifonds a rendu son rapport annuel 2012. L'institution de solidarité, commune aux syndicats, au Parti Socialiste et à plusieurs organisations d'entraide, et qui fêtera en 2013 son 30ème anniversaire, a concentré son action sur trois thématiques : les pratiques des multinationales suisses dans le «tiers-monde» et dans les pays «émergents» (par exemple Holcim en Inde, Xstrata au Pérou, Triumph aux Philippines), la criminalisation des mouvements sociaux (les paysans sans terre au Brésil, les communautés autochtones en Amérique latine, les paysans au Zimbabwe...) et l'organisation des travailleuses et des travailleurs précaires (employées de maison maliennes et sud-africaines, ouvrières à domicile pakistanaises, ouvrières du maraîchage en Espagne, travailleurs du bois et de la construction au Togo...). Le Solifonds a également soutenu les mouvements pour la démocratie au Maghreb, notamment les syndicats autonomes algériens. Mais en temps de crise, les mouvements de solidarité voient forcément leurs ressources, provenant des dons et des contributions volontaires (le Solifonds ne reçoit aucune subvention publique), se réduire, et le soutien de ses donateurs individuels et collectifs est d'autant plus nécessaires que les causes qui nécessitent une solidarité internationale active avec les syndicats et les mouvements sociaux dans les pays du « Sud », surtout lorsqu'ils ont à faire à des multinationales suisses,  sont plus nombreuses, plus urgentes, plus « lourdes » à défendre concrètement. Donc, à vos bulletins de versement et autres ordres de paiement :
SOLIFONDS, www.solifonds.ch, CP 80-7761-7

Le « bras armé »  de l'UDC, l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) est plâtré: pour la troisième fois de l'année, elle s'est prise une baffe : la première fois, c'était avec le rejet très net de son initiative pour la soumission au référendum obligatoire de tous les traités internationaux, le deuxième fois, c'était avec l'échec des référendums contre les accords fiscaux «  Rubik » (le refus allemand de la gauche majoritaire dans la Chambre haute du parlement aura fait le travail à la place de l'ASIN). Et la troisième fois, c'est tout soudain, l'échec de la récolte de signatures pour l'initiative demandant l'inscription du principe de la neutralité dans la Constitution. Explication de l'ASIN : les gens ne signent pas parce qu'ils pensent que la neutralité n'est pas menacée. Ah bon ? Et s'ils ne signaient pas parce qu'ils pensent que c'est un mythe ? Ou qu'ils s'en foutent ? Ou que, politiquement, la neutralité est impossible ?

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