Fonds de tiroir

Le nouveau conseiller administratif PDC Guillaume Barazzone, qui a récemment succédé à Pierre Maudet en Ville de Genève, a annoncé lundi sa démission du Grand Conseil. Le premier des «  viennent-ensuite » (et donc son remplaçant potentiel) sur la liste électorale du PDC s'appelle Didier Bonny, qui a quitté le PDC et s'est présenté comme indépendant contre Guillaume Barazzone lors de l'élection partielle du 4 novembre dernier en Ville.  L'assermentation de Didier Bonny pour autant qu'il ait le droit de siéger à la place de Barazzone, pourrait avoir lieu le 14 décembre déjà, mais directeur d'école,  Didier Bonny est considéré par certains comme un cadre supérieur de l'Etat ce qui l'empêcherait de siéger.  Didier Bonny annonce qu'il veut siéger, et  Guillaume Barazzone qu'il n'a pas fixé de date à sa démission. Le suspense est in-sou-te-nable. Surtout que si Bonny devait renoncer à siéger, c'est l'ancien maire de Collonge-Bellerive, l'entrepreneur Olivier Cerutti, qui serait assermenté. Or le quota de Cerutti au Grand Conseil est déjà rempli. Et même dépassé. En fait, il déborde.

Le député PLR Pierre Weiss est un homme très occupé (à empêcher le parlement d'adopter le budget, notamment). Tellement occupé qu'il n'a pas le temps de faire son boulot de député. Il a été chargé (c'est-à-dire qu'il s'est fait charger) par la Commission des Finances de rédiger un rapport sur la création d’un réseau de vélos en libre service à Genève dès 2013. Un projet auquel il est opposé (la majorité de la commission aussi, d'ailleurs), parce que ça coûterait des sous au canton et que selon lui, c'est aux communes de payer.  Deux semaines après le délai qui lui était imparti pour rendre son rapport, il n'avait toujours pas rendu sa copie, ce qui empêche le parlement de se prononcer sur le projet. C'est ce qu'on appelle (et que dénoncent les socialistes et les Verts) de l'obstructionnisme. C'est pas très surprenant, mais ça permet au moins de mesurer à leur juste valeur les prédications à l'« efficacité »  dudit député, et ses dénonciations rituelles de l'« hyperprotection » dont jouiraient les fonctionnaires et les employés de l'Etat. Parce que contrairement à eux, un député qui ne fait délibérément pas le boulot dont il s'est fait charger ne risque absolument rien.

Il y a deux ans, le Conseil fédéral proposait de supprimer 160 lignes de car postal. Aujourd'hui, il propose de remplacer 175 lignes de train par des bus. Une ânerie environnementale, et même économique (d'entre les lignes visées, on trouve des lignes urbaines, et des lignes à fort potentiel touristique, comme celle du Cervin-Gotthard). Moins de trains, plus de car, ça signifie plus de bagnoles (on prend plus facilement le train que le car, donc on abandonne plus facilement le car pour la bagnole), plus de pollution, plus d'embouteillages, et des coûts supplémentaires. L'Association Transports et Environnement (ATE), le syndicat des transports (SEV), Pro Bahn et la CITRAP lancent une pétition pour maintenir les lignes régionales menacées. Signez-là ! (on peut la signer en ligne sur www.ate.ch/trainsregionaux. Et ça urge : le Conseil fédéral pourrait décider dans quelques mois...

Il faut toujours regarder vers le sud : les Grecs et les Italiens nous ont appris la politique et la République, et ils continuent. A Naples, la municipalité (de gauche, sauf erreur -le nouveau maire est l'ancien juge anticorruption Luigi de Magistris ) a décidé de battre monnaie municipale, sans demander l'autorisation de personne. D'ici à la fin de l'année et jusqu'en 2016, des coupure de un, deux, cinq et dix « napos » (ça fait un peu bonapartiste, faut croire que Murat et sa Caroline n'ont pas laissé un si mauvais souvenir) seront mises en circulation, pour un total équivalent à 70 millions d'euros. Les «  napos »  fonctionneront un peu comme des bons de réduction, chaque « napo »  équivalant à un rabais de 10 %. On pourra ainsi payer un truc à dix balles avec neuf euros et un napo, ou neuf napos et un euro. Et les commerçants (et les services publics ?) qui auront ainsi été payés avec des « napos » pourront les réutiliser pour, à leur tour, payer ce qu'ils ont à payer. Tout ça sur le seul territoire municipal de la Ville (à moins que la camorra ne se charge d'écouler des napos à l'extérieur ?). But de l'opération : maintenir à Naples et pour les commerces napolitains la clientèle faisant des achats hors de la Ville. C'est-y pas plus intelligent que de s'accrocher comme des malades à des propositions de «nocturnes» et d'horaires extensibles? Et ça serait-y pas une idée à creuser à Genève ? Déjà pour équilibrer le budget cantonal, faire fonctionner la planche à billet et mettre en circulation des billets de un, deux, cinq ou dix hillers ? Ou en Ville, où y'aura pas besoin d'équilibrer le budget vu qu'il le sera sans ça, payer ses spectacles et ses musées en billets de une, deux, cinq ou dix sandrines ? et payer avec les les jetons de présence des conseillers municipaux ? Bon, allez, on s'y met, à la rédaction de la motion...

Le directeur par intérim de la prison genevoise pour mineurs (« La Clairière ») a été mis à pied (la directrice ayant été elle-même lourdée) il y a quelques mois, sur le reproche de n'avoir pas changé assez rapidement les cylindres des serrures de la tôle, ce qui aurait permis l'évasion de trois détenus. Bon, si Maudet engageait un serrurier plutôt que lourder successivement la directrice et le directeur par interim, mettre le personnel sur les nerfs et laisser l'office pénitentiaire prendre l'eau, on gagnerait peut-être du temps, non ?
 
Selon un rapport publié le 7 décembre par l'Organisation internationale du Travail (OIT), les salaires à l'échelle mondiale ont progressé à un rythme beaucoup plus faible qu'avant la crise, ou ont reculé y compris dans les pays développés. Dans les économies émergentes les hausses de salaire se sont cependant poursuivies, mais en partant évidemment d'un niveau beaucoup plus bas. Les salaires mensuels ont augmenté de 1,2% en 2011, en baisse par rapport aux 3% de 2007 ou 2,2% de 2010, selon le Rapport mondial sur les salaires 2012/13. Ces chiffres seraient encore plus faibles si l'on excluait la Chine des calculs. La crise a eu un impact très direct sur les salaires et, par extension, sur les salarié, et donc sur leurs possibilités de consommation, et donc sur les économies intérieures. Les changements les plus importants sont intervenus en Europe orientale et en Asie centrale. Au Moyen-Orient, les salaires semblent avoir chuté depuis 2008. De 2000 à 2011, à l'échelle mondiale, les salaires ont augmenté d'un peu moins d'un quart. En Asie, ils ont presque doublé. En Europe orientale et en Asie centrale, ils ont pratiquement triplé, mais à la suite de fortes chutes dans les années 90. Mais dans les pays en développement, ils ont augmenté de 5% seulement. De plus, les niveaux de salaire d'un pays à l'autre sont profondément inégaux. Aux Philippines, un ouvrier du secteur manufacturier touche 1,40 dollar de l'heure, contre 5,50 dollars au Brésil, 13 dollars en Grèce, 23,30 dollars aux Etats-Unis et presque 35 dollars au Danemark. Enfin, les salaires ont augmenté à un rythme inférieur à celui de la productivité, c'est-à-dire la valeur des biens et services produits par personne employée, ces dernières décennies dans une majorité de pays pour lesquels on dispose de chiffres. Cette tendance s'est traduite par un changement dans la répartition des revenus, ce qui veut dire que les salariés ont moins profité des fruits de leur travail tandis que les détenteurs de capitaux en bénéficiaient davantage. Dans les économies développées, la productivité du travail a augmenté deux fois plus que les salaires depuis 1999. Aux États-Unis, la productivité horaire du travail dans les entreprises non-agricoles a progressé d'environ 85%, tandis que les rémunérations n'augmentaient que d'environ 35% depuis 1980 environ. En Allemagne, la productivité du travail a grimpé de près d'un quart au cours des vingt dernières années tandis que les salaires demeuraient stables. En Chine, où les salaires ont quasiment triplé en dix ans, la part du travail a reculé alors que le PIB augmentait plus rapidement que la masse salariale totale. Voilà, c'était notre rubrique « mais bon sang, qui c'est qui fait les frais de la crise ? » ...

Le tunnel sous la rade prend l'eau et le pont sur la rade avignonne : c'était prévu, selon le Conseil d'Etat, pour 2030 et le lobby bagnolesque trouvait que c'était encore trop tard  ? ben ça sera pas avant 2050. Parce que la Confédération ne veut pas financer un ouvrage débouchant en pleine campagne, sans prolongement vers une autre liaison autoroutière, et ne desservant pas sur la rive gauche une zone urbanisée mais les villas de luxe des parcs à bourges. En revanche, la Confédération est d'accord de financer une troisième voie sur l'autoroute Genève-Lausanne. Et nous, on est bien contents. Pas de la troisième voie sur l'autoroute, mais de ce que, même si c'est pour de triviales raisons financières (la Confédération ne peut pas les financer les deux), cette troisième voie enterre, ensable, noie, schubladise :  la traversée routière de la rade. Alors le TCS peut bien sauter comme un cabri atteint de la maladie de la chèvre folle en bêlant compulsivement « une traversée de la rade, ou du lac, en pont, ou en tunnel, mais une traversée ! » et s'apprêter à soutenir l'initiative de l'UDC pour une traversée en zone urbaine (la pire solution, donc...) à la charge financière du canton tout seul (pour un milliard...), la réponse tombera comme un diagnostic sur un grabataire : « y'a pas les sous ». Gnerk, gnerk, gnerk...



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