Quand le MCG recycle les politiciens de droite : Et passe la voiture-balai...

Tragique destin que celui des vieux chevaux de retour... Notre amie Flicka fait lasagne chez Findus et Philippe Joye hallebardier au MCG. L'ancien et fugace Conseiller d'Etat, à qui nous resterons toujours éperdument reconnaissants d'avoir coulé corps et biens le projet de traversée routière de la rade, a tout de même réussi à traverser un marigot -celui qui séparait son parti de droite de la voiture-balai de la politique genevoise, celle qui ramasse les uns (et les unes) après les autres les politiciens (et les politiciennes) de droite en déshérence, ou en recherche de postes, la « lotisation » politique de l'appareil judiciaire, notamment, nécessitant une affiliation politique, et la concurrence étant un peu trop rude dans les partis historiques (on annonce ainsi le ralliement prochain au MCG d'un possible candidat à un poste de procureur)...

Ecume des jours et picorage de basse-cours

Le passage d'un ex-Conseiller d'Etat PDC au MCG ne relève certes que de l'anecdote, de la péripétie, de l'écume des jours politiques. Mais ce gargouillis du marigot local peut tout de même signaler autre chose qu'une errance individuelle : Philippe Joye n'est ni le premier, ni le dernier à être victime consentante du picorage auquel se livre le MCG dans les basse-cours concurrentes, et la récurrence de ces migrations en dit autant sur l'inconsistance politique des migrateurs que sur celle des écosystèmes quittés ou rejoints. La porte de n'importe quel parti peut être claquée par des militant-e-s ou des élu-e-s : les organisations politiques ne sont pas des familles biologiques, on n'en est pas par fatalité, par génétique ou par obligation, mais par choix. Et lorsque les critères de ce choix se révèlent erronés, ou obsolètes, ou insignifiants, ou même hasardeux, ce choix est, logiquement, remis en question. Mais une chose est de quitter un parti politique parce que l'on est en désaccord avec ses choix, une autre est de traverser l'espace politique pour passer du « centre » (ou de la droite démocratique)  à l'extrême-droite sans autre motivation que la rancœur ou les ambitions déçues.

Le PDC genevois se dit « attristé » de la migration de Babar au MCG. Il a tort, le PDC. A moins que sa tristesse tienne de la commisération. Du-pont La Joye n'est certes pas le premier PDC à passer au MCG (trois anciens PDC siègent au Grand Conseil comme députés MCG, une conseillère municipale ex-PDC devenue indépendante a également rejoint le MCG, comme une ex-candidate à la présidence du PDC...), mais ces transferts ne respirent pas toujours la plus franche des spontanéités : ce ne sont pas les largués des autres partis qui se précipitent au MCG, c'est le MCG qui va ratisser dans les arrière-fonds des autre partis. Et qui y trouve ce qu'il mérite d'y trouver. Celles et ceux  qui acceptent ses propositions de débauchage politique. Ou celles et ceux qui les devancent. Après Delphine Perella Gabus et Sandra Golay (tiens, à propos, a-t-on des nouvelles de la « sauvage agression » dont le MCG avait clamé qu'elle fut victime de la part d'un cacique PDC ?), après Jean Sanchez, le MCG a donc récupéré Philippe Joye. Grand bien leur fasse, au MCG et à Joye : ils se méritent amplement, l'un et l'autre.

Alors, finalement, on se dit que, contrairement à ce qu'on a pensé pendant longtemps, le MCG sert à quelque chose dans le paysage politique genevois : Au recyclage des politiciens de droite en déshérence. Il est vrai qu'on est en année d'élections, et qu'à en juger par le niveau général (une, éventuellement deux individualités ne réussissant pas à elles seules à le relever) du groupe MCG que nous connaissons, dans le parlement où nous siégeons (celui de la Ville), l'aile droite de la droite de la droite peut difficilement faire la fine bouche. Elle fait avec ce qu'elle a. Et avec ce que les autres partis lui laissent. Comme le disaient les vieux protestants vaudois en évoquant certains des leurs à qui indulgence était due : « il leur a été peu donné, il leur sera peu demandé » ...
Quant à l'image que tout cela donne du personnel politique en général, et de la cohérence interne des partis politiques, disons qu'entre la chasse aux postes, la récupération des invendus, le cumul des mandats et la revendications de sièges à vie, ce personnel et ces partis pourront s'estimer comblés si aux prochaines élections plus d'une électrice et un électeurs sur trois consentira à faire acte d'élire.
Mais même dans ce cas, il nous faudra nous demander si cet acte relève du devoir civique ou de l'aumône charitable.

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