Fonds de tiroir

La Conseillère nationale Maria Bernasconi (socialiste) et le Conseiller national Antonio Hodgers étaient poursuivis pour «diffamation et atteintes à l'honneur» par le comité de l'initiative « ecopop » dont elle et lui avaient dit clairement ce qu'ils en pensaient (et ce que nous en pensons) : Maria avait dénoncé ses visées « carrément eugénistes » sous des prétextes « pseudo-écologistes », et Antonio son « national-écologisme ». ça avait peu plu aux initiants, qui avaient donc déposé plainte. Et qui viennent d'être déboutés par le Ministère public genevois, qui estime que les propos des deux élus fédéraux «  sont restés dans le cadre de la liberté d'expression indispensable à la démocratie ». L'initiative propose de limiter la hausse de la population étrangère à 0,2 % par an et d'affecter le 10 % des ressources de la coopération au développement à la contraception dans les pays d'émigration. Elle est donc à la fois eugéniste et xénophobe. Et on a donc le droit de le dire : « Ecopop » est une crotte de nains de jardins.

A Genève, ousque le parlement n'a toujours pas réussi à accoucher d'un budget pour l'année commencée depuis 6 semaines, et ousque la droite essaie de réduire les droits salariaux de la fonction publique, y'a au moins une partie de celle-ci qui n'a peur de rien : celle qui réclame un million. Les cadres de la police, donc. Il y a un an en demi, certaines de leurs indemnités avaient été supprimées, avec la promesse d'entamer des négociations. Qui n'ont pas porté sur ces indemnités. Les chefs et sous-chefs de la maison poulaga estiment y avoir perdu entre 20'000 et 30'000 balles par an. Rien qu'en indemnités, donc. ça donne une idée de leurs salaires. Ils sont une soixantaine à être concernés, dont la cheffe, Monica Bonfanti. Et la «Tribune de Genève» nous claironne qu'ils « tapent du poing sur la table ». Au moins ça nous change du bottin de téléphone sur la tête des suspects. La cheffe précise que le chef de la cheffe (Maudet, donc) a donné des propositions concrètes, mais que les cadres ne le savaient pas encore avant que la «Tribune» en parle. Ben maintenant, ils savent. Et nous aussi. Et on est prêt à parier qu'ils seront satisfaits, eux, et que leurs revendications seront prises en compte. Parce que faut pas tout mélanger, les torchons et les serviettes, la police et le service de recherche en éducation, les chefs et la base.

Tout fout le camp : l'image du Genevois calviniste longiligne et émacié a pris un sacré coup de vieux, si on en croit une étude de l'unité d'épidémiologie populationnelle des HUG. En clair, les Genevois-es sont de plus en plus gros et gras. Plus d'un adulte sur deux est en surpoids ou obèse (40 % de surpoids, 15% d'obèses), un enfant sur cinq en surpoids, un sur vingt obèse. Et c'est la faute des pauvres : le poids des gens dépend de leur lieu de résidence et de leur revenu : le surpoids et l'obésité augmentent dans les couches défavorisées et les communes ou quartiers où elles habitent, alors qu'ils diminuent dans les couches les plus aisées et leurs quartiers. D'après l'étude des HUG, si vous gagnez plus de 13'000 balles par mois, vous avec 6 % de risque d'être obèse (et sans doute 100 % de possibilités de  vous offrir les moyens de ne plus l'être), alors que si vous gagnez moins de 3000 balles par mois, vous risquez trois plus plus (18 %) l'obésité. Et si on reporte ce constat sur une carte, en fonction de la structure sociale des populations par commune et quartiers, on observe qu'on est plus mince sur la rive gauche et plus gros sur la rive droite, et que la proportion de personnes en surpoids double quand on traverse le Rhône ou le Lac (25 % côté gauche, 50 % côté droit). On trouve des « poches de surpoids » particulièrement évidentes dans des communes comme Vernier, Meyrin et Onex, ou à la Servette pour les enfants. Conclusion de la responsable de l'unité d'épidémiologie populationnelle des HUG : Genève n'est pas plus protégée de l'obésité que ne le sont les banlieues américaines. Et donc, c'est la faute des pauvres. Et comme ils sont plus gros que les riches, les pauvres, ils prennent plus de place. Salauds de pauvres.

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