Fonds de tiroir

Un sondage vachement représentatif de la « Tribune de Genève » (342 personnes interrogées, membres du «Cercle des lecteurs » du quotidien, dont 41 % de personnes de plus de 55 ans...) nous l'affirme dans l'édition du 1er mars : trois Genevois sur Quatre sont satisfaits de leur logement. On est bien content pour eux, mais de toute façon, ils n'ont pas le choix, ils n'ont aucune chance d'en trouver un autre à moins de payer un saladier en plus ou d'aller s'installer en France ou dans le canton de Vaud.. C'était d'ailleurs déjà la même satisfaction majoritaire qu'on notait en 2007 (85 % de satisfaits de leur logement, selon une enquête de la Chambre Genevoise Immobilière) et en 2005 (74 % de contents, selon un sondage de la Banque Cantonale). Les plus satisfaits sont d'ailleurs ceux qui habitent le même logement depuis longtemps. Car l'explication de cette béatitude locataire est finalement assez simple : la crise du logement frappe ceux qui n'ont pas de logement et en cherchent, pas ceux qui en ont un et qui s'y accrochent. 10 % seulement des appartements se libèrent en une année, et un logement se reloue à un autre locataire avec un loyer en moyenne 20 % plus élevé que celui exigé du locataire parti, ou décédé. Quand on a un logement, on le garde donc. Il fallait bien deux pages entières de la «Tribune» pour nous le confirmer : enfoncer des portes ouvertes, c'est tout un art.

Moins de 50 % de participation au vote cantonal et fédéral de dimanche, alors qu'on avait au menu la fusion des caisses de retraites de la fonction publique, l'initiative Minder, les tarifs TPG, l'aménagement du territoire et la politique familiale... Faut commencer sérieusement à songer à coupler le vote avec une loterie, si on veut s'assurer au moins de la participation de la majorité de cellezéceusses qui ont le droit de vote (et qui, à Genève, sauf au niveau municipal, ne représentent déjà qu'une minorité de la population)... ou alors, en dessous de 50 % de participation, on tire carrément le résultat au sort... On n'est même pas sûrs que ça changerait le résultat, d'ailleurs...

La nouvelle version du plan directeur cantonal genevois réjouit les communes, en particulier les communes résidentielles : de nombreux projets de construction de logements et de densification ont été abandonnés, ou repoussés aux calendes grecques.  Cas exemplaire : les 3000 logements prévus à la Pallanterie, à Collonge-Bellerive, passés en « seconde priorité » -doux euphémisme pour dire qu'on les a mis en dessous de la pile. A Anières, le projet de densification de la zone villa a été dilué. A Pregny Chambésy, la campagne Tournay ne sera pas «densifiée»... Et les 50'000 logements qu'on assure vouloir construire dans le canton d'ici 2030, on va les mettre où ? Aux Pâquis ? Bah, pourquoi pas, c'est des quartiers de gauche, ces cours des miracles ousque y'a même plus de miracles et où on a l'habitude d'être les uns sur les autres... on va quand même pas loger des pauvres à Collonge-Bellerive ou Anières, non ?

Après sa défaite (et celle des TPG, du Conseil d'Etat et de la majorité parlementaire...) face à l'initiative de l'AVIVO sur les tarifs TPG, Michèle Künzler sonne la charge : « Je vais reprendre la main sur la communication des TPG (...) Il y a du flottement au niveau de la direction (des TPG). Elle ne répond pas à la demande ni en termes d'informations, ni en termes de statistiques. Et parfois aussi au niveau des prestations (...) il y aura un remodelage au niveau de la direction ». ça sent la chasse au bouc-émissaire...

Après l'adoption par le Conseil des Etats (le Conseil National l'avait déjà fait) d'une motion chargeant le Conseil fédéral de préparer une loi autorisant l'adoption par les couples homosexuels des enfants de l'un ou l'autre des partenaires du couple (mais seulement de ces enfants-là), leur donnant ainsi un statut égal à celui des autres enfants, les ultraconservateurs plus ou moins religieux (en particulier ceux de l'UDC et du PDC, qui se livrent désormais à une concurrence féroce pour paraître les meilleurs défenseurs de la famille traditionnelle, mais également ceux des Evangéliques et de l'Union démocratique fédérale) annoncent le lancement d'un référendum : pour eux, les enfants de partenaires d'un couple homosexuels doivent sans doute partager ce qui doit continuer à être considéré comme une « faute », une «déviance» -bref, un péché de l'un-e de leurs parents. Et on ne résiste pas au plaisir (sans aucun doute pervers, celui-là) de vous citer la réaction du «coordinateur romand» de l'UDF (un parti fondamentaliste protestant): autoriser les couples homosexuels à adopter les enfants de l'un-e ou l'autre des partenaires du couple, c'est « introduire l'adoption homosexuelle par la petite porte ». Non, on ne dira pas qu'on a affaire à des cons : Tonton Brassens, dans «  Le blason », nous a expliqué que c'était injurieux pour ce que ce mot désigne que d'en user pour définir ce genre de crétins. Du même genre que ceux qui s'agenouillaient en prières devant l'Assemblée Nationale française pour conjurer les succubes et incubes du mariage gay...

« Trois solutions se dessinent » après le vote de l'initiative AVIVO sur les tarifs TPG, a résumé le président du Conseil d'Etat genevois, Charles Beer : « Tout compenser par la subvention, qui est inscrite dans le contrat de prestation. Diminuer les prestations pour un montant équivalent. Ou un mélange des deux première solutions ». On voit déjà venir le mélange, alors on signale  que « diminuer les prestation », c'est s'exposer à une baffe du même genre que celle prise le week-end dernier, et on rappelle que le « manque à gagner » induit, pour les TPG, par la baisse des tarifs imposée par l'initiative se situe à 24 millions de francs par an, soit en gros trois pour mille (0,3 %, donc) du budget cantonal, et que ça ne représente jamais qu'un peu plus de la moitié de ce que la seule Ville de Genève dépense pour son opéra. Et on se dit que si une seule commune peut dépenser en gros 50 millions pour un opéra, un canton entier peut en dépenser la moitié pour tout un réseau de transports publics, non ?

En Autriche, l'extrême-droite s'est prise une peignée dimanche aux élections régionales en Carinthie, son fief du temps de Jörh Haider. C'est bien. Sauf que le même jour, dans les mêmes Alpes, mais en Valais, c'est l'ineffable Freysinger, lui-eme d'origine autrichienne, qui est sorti en tête du premier tour de l'élection du gouvernement. Dites, les Ostrogoths, ça vous ferait rien de pas nous refourguer vos invendus ?

Il fallait bien que, d'entre tous les adversaires de l'initiative de l'AVIVO sur les tarifs TPG, il y en ait un qui nous la joue mauvais perdant : c'est le député PLR Daniel Zaugg qui s'y colle, et qui demande un nouveau vote sur cette initiative, au prétexte que dans la brochure explicative fournie par le gouvernement avec le matériel de vote, une parenthèse a été oubliée dans le texte de l'initiative : celle qui indiquait que les abonnements « junior« » concernaient les enfants et les adolescents de 6 à 18 ans. Et le député PLR d'en déduire que les votants n'ont pas pu se prononcer en réelle connaissance de cause. On rappellera donc au député en question que les adversaires de l'initiative ont, pendant toute la campagne, mis en avant cette définition de la catégorie « junior » en expliquant qu'elle prétéritait les jeunes de 18 à 25 ans; ils l'ont dit à la radio et à la télé, dans les débats publics, ils l'ont écrit un peu partout -y compris dans la brochure explicative dont ils brandissent la lacune pour tenter de faire annuler le vote. D'ailleurs, franchement, combien d'électrices et d'électeurs la lisent, cette brochure, pour se « forger une opinion » ? Mais bon, ils veulent nous faire revoter ? Chiche ! A chaque fois que pareil exercice a été tenté, le deuxième vote a confirmé le premier, à des majorités le plus souvent plus large. Et ça nous donnera un peu de temps pour retourner les socialistes (qui avaient soutenu l'initiative au moment de son lancement, pour l'abandonner ensuite au moment du vote) et les faire appeler, cette fois, à voter « oui ». Faut jamais hésiter à se servir des conneries de nos adversaires...

Après trois mois de pataugeages, il se pourrait que le Grand Conseil genevois adopte un budget cantonal pour l'année 2013. Il se pourrait. Mais c'est pas certain. En commission des finances,le projet final n'a été accepté que par cinq voix (le PLR et le PDC, remis au pas -à un Gautier renâclant près- par leurs Conseillers d'Etat) contre quatre MCG et UDC), grâce à six abstentions (verts et socialistes). Or il faut une majorité absolue du Grand Conseil pour adopter un budget déficitaire (celui-là l'est d'un peu moins de 100 millions, sur un budget de près de 9 milliards). Et même pas une majorité absolue des présents ou des votants, mais une majorité absolue des 100 membres du parlement où les partisans du projet du Conseil d'Etat ne disposent que de 41 sièges... Et si des propositions foireuses de la commission des finances pourraient finalement être abandonnées (comme la suppression du service de la recherche pédagogique et la réduction de l'aide au développement) grâce à des   économies nouvelles dans les dépenses générales proposées par le Conseil d'Etat, la copie finale est, pour rester poli, d'une médiocrité politique affligeante... Les socialistes conditionnent leur soutien au projet de budget à l'acceptation par la droite d'une suspension du « bouclier fiscal » protégeant les hauts revenus et les grosses fortunes, mais bon, y'a des élections dans six mois, les conseillers d'Etat PLR et PDC ont besoin de pognon, les PLR sont candidat-e-s à leur rééelection... on peut donc parier plutôt sur l'adoption de la médiocrité par la droite que sur la poursuite du pataugeage. Glorieux, non ?



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