Fonds de tiroir...

Le « renoncement » du pape Benoît Seize à sa tiare est le premier du genre depuis presque 600 ans. Une habitude qui s'était un peu perdue, donc, mais pas une « révolution », ou alors au sens astronomique du terme : celle que l'on fait dans un parcours circulaire ramenant au point de départ. Or donc, rappel des précédents : en 235, Pontien renonce après avoir été déporté dans les mines de Sardaigne par le (méchant, puisque pas chrétien) empereur Maximin; 70 ans plus tard, c'est Marcellin qui renonce, pour se punir d'avoir accepté (sur ordre de l'empereur Dioclétien) d'offrir des sacrifices à des dieux païens; on laisse passer trois siècles, et en 655, c'est Martin Ier qui renonce, après avoir été exilé par l'Empereur Constantin II (un Byzantin); encore trois siècles de répit, et paf ! Benoît V accepte  en 964 d'être déposé par l'Empereur (germanique) Othon Ier; une petite pause de 80 ans, et en 1045, un deuxième Benoît (le IXème) abdique après avoir carrément vendu la papauté à Grégoire VI, lequel se fait lourder l'année suivante par l'Empereur (germanique) Henri III, précisément pour avoir acheté la papauté à Benoît IX. On laisse mijoter 250 ans, et en 1294, Célestin V renonce à une papauté dont il ne voulait pas, devient ermite, meurt et est canonisé. Un gros siècle de plus, en en 1415, Grégoire XII renonce, mais sur demande d'un concile, et pour mettre fin au Grand schisme d'Occident (c'était le bon temps, y'avait trois papes concurrents). Et puis voilà, on se calme pendant six siècles, et un troisième Benoît (le Seizième du nom) prend sa retraite anticipée. Finalement, pape, dans l'ensemble et sur la durée, c'est quand même un boulot où on a la sécurité de l'emploi... pas un grand droit à la retraite, d'accord, mais la sécurité de l'emploi.

Un nouveau parti genevois est né. De droite, le nouveau-né : c'est la section genevoise (17ème section cantonale) du parti bourgeois-démocratique, qui compte une cinquantaine de membres fondateurs, dont quelques anciens libéraux ou UDC. Le PBD compte se présenter aux élections cantonales de l'automne, comme défenseur de la classe moyenne et des PME (positionnement qu'il trouve original...). Et pour préparer les élections, le PBD genevois n'hésite pas à adopter un profil d'une netteté quasiment tranchante : il ne se prononce pas sur la fusion des caisses de retraite. On sent que ce nouveau venu sur la scène politique genevoise va encore la clarifier, mais bon, la droite locale ne peut pas quand même pas ne s'effilocher qu'en direction du MCG...

On a reçu comme tout le monde le canard « tous ménages » de l'UDC suisse (qui en a, précisément, arrosé toute la Suisse). Et on a donc constaté que si ledit canard consacrait cinq pleines pages pleines de clameurs horrifiées (genre « Non à l'étatisation des enfants« »...) à l'article constitutionnel sur la politique familiale, auquel l'UDC s'oppose par principe comme elle s'oppose par principe à toute politique sociale fédérale, il ne consacre qu'une maigre demie-page à l'initiative Minder, que l'UDC suisse combat mais qu'une palanquée de sections cantonales de l'UDC soutiennent. C'est à ça qu'on reconnaît le courage des partis politiques : à la force avec laquelle ils empoignent les sujets controversés.

Y'en a quand même qui ne manquent pas de souffle : les députés genevois sont peut-être incapables d'accoucher d'un budget pour l'année 2013, mais il réclament quand même des sous (25'000 balles) sur ce budget inexistant, pour financer leur propre revue (la « Revue des députés »), celle qu'ils écrivent et jouent eux-mêmes, mais qu'ils n'entendent tout de même pas payer de leur poche avec leurs jetons de présence, faut pas charrier. Comme le constate la présidente de la commission des Finances du Grand Conseil,  Anne Emery-Torracinta, « les députés qui demandent (cette subvention) sont ceux qui coupent dans les budgets des théâtres ». Ouais, et alors ? Qu'est-ce qu'elle y voit de mal, la socialo ? Et c'est l'inévitable Frederic Hohl, vice-président PLR de la Commission des finances du Grand Conseil, mais surtout directeur d'une société d'« événementiel », qui proclame que la « Revue des Députés »  est une « vraie avancée pour la démocratie », et qu'il faut la financer comme telle. Non, il ne se fout pas de notre gueule, là, Hohl, pas du tout.

Après trois ans de procédures et recours variés, le Tribunal fédéral a confirmé la décision de la Ville de Genève de licencier deux responsables du centre horticole de Vessy pour consommation abusive d'alcool sur le lieu de travail et acceptation de la culture de cannabis dans les serres. Les deux hommes se seraient en outre largement servis, à des fins personnelles, dans les stocks de plantes du centre. Et voilà, c'est comme ça qu'on brime l'agriculture de proximité.

« Le Temps » du 12 février décrit ainsi la prestation de l'ancien conseiller d'Etat Philippe Joye annonçant dimanche dernioer à «Léman Bleu» son ralliement au MCG : « une prestation atypique, caractérisée par un verbe approximatif et une attitude erratique ». Commentaire du président «  d'honneur » (comme on le dit d'un doigt ou d'un bras ?) du MCG, Eric Stauffer : Philippe Joye est « âgé, mais le MCG a le respect des anciens ». Ouais. D'ailleurs, il est déjà en train de recruter dans les EMS et en gériatrie. Et d'installer une permanence au Cesco. C'est bientôt plus du respect mais de la nécrophilie.

On va probablement voter sur une initiative populaire, lancée par le parti Evangélique (ben oui...) et soutenue par la gauche, qui propose une taxation de 20 % sur les successions supérieures à deux millions (avec des exceptions pour les paysans et les PME familiales), afin de financer l'Assurance-vieillesse. Dans un pays où 1 % des contribuables possèdent autant que les 99 % restants, l'initiative pourrait, devrait même, faire un tabac. C'est en tout cas ce que craint la droite politique, qui se mobilise déjà contre ce texte. Il ne fait donc aucun doute que le Conseil fédéral et le parlement fédéral appelleront à le refuser. Et qu'Economiesuisse est déjà en train de compter ses sous pour financer une campagne du genre de celle, à huit millions, qu'elle fait actuellement contre l'initiative Minder. On sent poindre un débat politique d'une haute tenue. Si, si..

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