Genève : Une majorité de bric, de broc et de branques ridiculise le parlement

Au bal des comptables, les bouliers sont rois

Lire le journal du jour à minuit peut être un plaisir pervers... hier, jeudi, la « Tribune de Genève » titrait: : « Vote du budget 2013 : L'atout caché du Conseil d'Etat ». Pour être caché, il était caché, l'atout... Et le redac'chef de la « Julie » de résumer : « Les augures sont favorables ». Des augures on n'eut pas de nouvelles mais les Auguste, en tout cas, étaient sur la scène... Le spectacle donné par le Grand Conseil, hier, et plus encore que le spectacle, le contenu politique (politicien, plutôt) des décisions prises par ce bal de comptables bornés fut affligeant. A quelque chose malheur peut-il être bon ? la majorité parlementaire de bric, de broc et de branques constituée en agglutinant le PLR, l'UDC et le MCG pour adopter une caricature de budget au terme d'une caricature de débat est aujourd'hui le meilleur des arguments pour en changer, l'automne prochain, de majorité parlementaire. 


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près avoir grappillé de temps à autre quelques minutes du débat budgétaire d'hier au Grand Conseil, on se dit que le débat budgétaire en Ville de Genève, c'était le rêve... et que contrairement aux apparences, la droite et l'extrême-droite municipales tiennent de la candidature au Prix Nobel si on les compare à leurs homologues cantonales.
Boulier en main, le PLR, l'UDC et le MCG, reproduisant leur alliance du mois d'octobre, lorsqu'ils avaient refusé le premier projet de budget du Conseil d'Etat, ont définitivement plombé le débat d'hier, en déposant un amendement d'une extraordinaire bêtise : une réduction linéaire, apparemment calibrée sur leur quotient intellectuel, de 2 % de toutes les dépenses (mêmes les jetons de présence de leurs députés ? parce qu'en présentant cette proposition absurde, ils ont rendu inutile tout le travail fait depuis des mois par les députés, en particulier ceux de la commission des finances, et par tous les fonctionnaires mis à disposition de ces députés pour les aider à accoucher d'un budget...). Le Conseil d'Etat a fait immédiatement calculer  l'impact de l'amendement : 35 millions de francs de moins pour l'instruction publique, ce qui implique la suppression de 483,7 postes d’enseignant pour la rentrée scolaire 2013 !  6,2 millions de moins pour la sécurité publique, 1,9 million de moins pour les gardiens de prison, 2,5 millions de moins pour le pouvoir judiciaire, une vingtaine de millions de moins dans les réseaux de soins, et plusieurs dizaines de postes d'infirmiers et d'infirmières passés à la trappe.  Découvrant les conséquences de leur stupidité politique, les auteurs de l'amendement ont demandé une suspension de séance, après avoir annoncé qu'ils voteront toutes les coupes budgétaires mais accepteront ensuite toutes les demandes de crédits complémentaires déposées par le Conseil d'Etat pour rétablir les dépenses qu'ills auraient eux-mêmes supprimées. Du pur guignol. Au stade où ils en étaient, il ne restait plus qu'une proposition insane à faire, et c'est le MCG, orfèvre en la matière, qui s'y est collé : le vote sans débat. Plus de parlement, mais une chambre d'enregistrement. Et le bal des comptables s'interrompt le temps que les trémousseurs reprennent leur souffle. A la reprise, PLR, UDC et MCG n'ayant toujours rien compris à ce qu'ils proposaient, ont maintenu leur obsession d'un budget « équilibré » par la seule réduction des dépenses (pas question d'augmenter les recettes, c'est contraire à leur autre obsession : les cadeaux fiscaux). Par 45 voix contre 40 et 5 abstentions l'amendement du PLR exigeant une baisse linéaire de 2% est accepté.
Dans ces conditions, Pour le PS et les Verts, qui se sont vu refuser toutes leurs tentatives d'arracher une sorte de compromis consistant à compenser les réductions de dépenses par une hausse temporaire des recettes grâce à la suspension du « bouclier fiscal » protégeant les hauts revenus et les grosses fortunes au prix d'une perte de ressources de 40 millions de francs par an, il devrait aller de soi de refuser le fantôme de budget qui sortira du deuxième débat entamé hier, et qui devrait se clore aujourd'hui. On ne voit plus du tout au nom de quoi un tel pensum pourrait, si dédaigneusement que se puisse être, être ratifié par la gauche. Quant au troisième débat, il pourrait (il devrait) tout simplement être reporté en avril, si le Conseil d'Etat renonçait, comme il serait sage, à le demander, vu le résultat calamiteux du deuxième.
D'ici là, il avertissons nos concitoyennes et nos concitoyens : si l'opération PLR-UDC-MCG réussit, priez qui vous voulez de vous garder d'être malades, d'être au chômage, d'avoir des enfants à l'école ou des adolescents au collège, d'être victimes d'une agression, d'avoir besoin d'un service public : vous allez devoir vous en passer. Vous passer d'enseignants, d'infirmières, de policiers...  On a un budget équilibré, cela doit suffire à votre contentement... Le reste, les prestations, les services, vos droits, vos besoins, débrouillez-vous pour les obtenir, les défendre, les satisfaire, à vos frais. Ou à les oublier si vous n'avez pas les moyens de vous les payer.  Il n'y a plus d'abonnés au numéro que vous avez demandé, celui du parlement. Plus, ou pas encore : attendez l'automne... parce qu'à défaut d'illustrer autre chose que l'insondable bêtise de la majorité de droite et d'extrême-droite du parlement, l'épisode aura au moins signalé la nécessité d'en changer...

En attendant, rendez-vous ce soir à 17 heures à l'appel des syndicats devant le Grand Conseil, pour un rassemblement de défense du service public... Il va en avoir besoin. Et vous aussi.

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