Tarifs et prestations des Transports Publics Genevois : Bricolages...

L'initiative de l'AVIVO sur les tarifs des Transports Publics Genevois est cible d'un tir croisé d'à peu près tout le monde politique local (sauf d'Ensemble à gauche et du MCG...), et en particulier du Conseil d'Etat et des partis gouvernementaux, de droite comme de gauche. Bricolée sur un coin de table, dans l'urgence, comme réponse à une tentative d'augmenter les tarifs sans que le service offert ait été, lui, amélioré (il s'était même carrément détérioré) l'initiative de l'AVIVO ? peut-être... mais les derniers à pouvoir en faire le reproche aux initiants sont bien ceux qui ont bricolé sur un autre coin d'une autre table une modification de la loi leur permettant d'exclure du Conseil d'administration des TPG le magistrat y représentant la principale commune du canton, celle qui concentre tous les problèmes, toutes les charges, et toutes les lignes du réseau...

Un an (et une initiative) après : bilan, perspectives, privilèges...

Malgré une offre renforcée, du moins en quantité, la clientèle des TPG a stagné, révèle le bilan de son nouveau réseau présenté par l'entreprise, un an et des poussières après le changement de décembre 2012 (suppression de quatre lignes de trams sur sept, modification des trois quarts du réseau). Les responsables des TPG assurent que leur réseau est « plus fiable et les usagers plus nombreux sur les lignes de tramway ». On note en effet une hausse de fréquentation de 6,3 % dans les trams vers Carouge et les Acacias et de 5,3 % vers Chêne et Moillesulaz, mais globalement, le nombre d'usagers stagne entre 2011 et 2012 (plus ou moins un pour cent du nombre de « clients ») alors qu'on espérait qu'il allait augmenter dans des proportions importantes, l'offre ayant augmenté (quantitativement) de 12 %. Et si les TPG affirment que les retards et correspondances ratées ont diminué de près de la moitié en un an, ils reconnaissent qu'entre 10 et 16 % des usagers ont été prétérités par les changements introduits en décembre 2011. Quant aux recettes, si on a assisté à une hausse du nombre d'abonnements, elle a été compensée par une baisse du nombre de tickets vendus, et cela a entraîné une perte, ou un manque à gagner, d'un million de francs. Le chiffre d'affaire a augmenté dans une proportion moindre que celle des tarifs en décembre 2011 (5,7 % contre 6,56 %)... Enfin, les distances parcourues par les voyageurs ont augmenté trois fois moins que prévu par le contrat de prestation (2,3 % contre 7 %).
Les erreurs les plus criantes et les plus faciles à corriger l'ont certes été, sur pression populaire et politique (l'iniiative de l'AVIVO sur les tarifs en participant pleinement), mais il n'y a toujours plus de liaison directe en tram entre la majeure partie de la rive-gauche et la gare de Cornavin, alors que les lignes 13 et 16, supprimées, l'assuraient (les deux nouvelles lignes de bus annoncées, tardivement, pour compenser cette suppression ne compenseront pas grand chose : on est dans le bricolage, pas dans la réparation des erreurs commises). Les transbordements d'une ligne de tram à l'autre sont toujours particulièrement incommodes pour cette part du public qui constitue le « maillon faible » des usagers, à partir duquel doit se concevoir la matérialisation de l'offre puisque si elle leur convient à eux, elle convient à tous les autres. La vitesse commerciale est toujours insuffisante, et si la fréquence a été améliorée, sur la ligne 12 il est fréquent d'attendre une demie-heure un tram qui devrait passer toutes les cinq minutes, pour finalement voir arriver six trams à la suite les uns des autres parce qu'un incident mnineur les a tous bloqués en file indienne. Tous les réseaux de transports motorisés sont saturés, et la place faite à celui des transports publics au centre-ville est insuffisante par rapport aux objectifs fixés.

La prochaine étape, une fois réparées les erreurs des changements de 2011 (et donc, une fois rétablie au moins une ligne de tram d'Arve-Lac à Cornavin et une ligne de tram de ceinture), ce sera le CEVA. Et là, les erreurs commises ne pourront être réparables en bricolant quelques changements urgents. Les conditions nécessaires d'une réelle amélioration du service (extension de l'offre, amélioration de sa qualité, et notamment de la vitesse de croisière et des places disponibles dans les véhicules) sont connues : la généralisation des voies en site propre et de la priorité aux feux sur le trafic individuel -à moins, bien entendu, que l'on trouve « normal » d'immobiliser un tram transportant 300 personnes pour laisser passer quatre bagnoles n'en transportant chacune qu'une seule...).

Reste la question, très politique, des tarifs. Compte tenu de la qualité de l'offre, ils sont toujours excessifs -et toujours menacés d'augmentation, même si on nous assure qu'il n'est pas « pour le moment ». Certes, la hausse des tarifs n'a pas dissuadé les clients déjà existants de le rester, mais une bonne partie d'entre eux n'ont pas le choix (le fameux principe de la « liberté du choix du mode de transport » n'étant, dans le meilleur des cas, qu'un voeu pie, et plus probablement une proclamation purement politicienne). L'initiative de l'AVIVO propose, et cela nous suffit pour la soutenir, que les tarifs soient désormais adoptés sous forme de loi par le parlement, et donc soumis à référendum facultatif. Après tout, on ne peut toucher aux impôts sans un vote populaire, et on ne voit pas pourquoi on pourrait bricoler des tarifs imposés à des centaines de milliers de personnes sans qu'une partie au moins de ce public ait voix au chapitre.
Et c'est aussi affaire d'égalité : ce qu'il y a, symboliquement et politiquement, de plus inacceptable dans la situation actuelle, c'est que les tarifs des transports publics sont fixés par des gens à qui l'on accorde (ou qui s'accordent eux-même) le privilège de leur gratuité, et payés par des gens privés du droit de se prononcer sur ce qu'ils vont payer.
Ne proposerait-elle que de remédier à cela que l'initiative de l'AVIVO se justifierait pleinement.


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