Brèves de comptoir

L'ex-patron d'Edipresse, Puerre Lamunière, s'épanche dans « Le Matin » de dimanche dernier sur le sort des journaux (dont « Le Matin »...) qu'il a vendu, avec tout son groupe, à Tamedia qui aujourd'hui les pressure  pour en obtenir des « économies » afin d'augmenter sa marge bénéficiaire. Et il ne regrette rien, Lamunière (qui siège au Conseil d'administration de Tamedia, dont il détient 2 % des actions). Il explique même qu'il a vendu son groupe de presse « pour garantir la pérennité des titres ». On croirait entendre un Dodo la Saumure expliquer qu'il mettait des filles au tapin pour préserver leur vertu... Il est vrai que lors de la séance du Conseil d'administration qui a décidé de demander aux rédactions de réaliser elles-mêmes un programme d'économies, il brillait par son absence, Lamunière (il explique qu'il était au mariage de l'un de ses enfants en Asie... On le croyait complètement à l'ouest, il était à l'est...). Mais il nous assure tout de même que « l'image d'un groupe financier uniquement obsédé par le bénéfice, brandie ces derniers jours, est une caricature de la réalité » de Tamedia... ben voyons... on sait bien qu'on a affaire, avec Tamedia aujourd'hui comme avec Edipresse hier, à d'héroïques défenseurs de la liberté et de la pluralité de la presse...

Le Vatican a exigé le 25 mars l'interdiction de toute exportation d'armes dans les pays où sont violés les droits de l'Homme. Il va faire comment, le Vatican, pour équiper la Garde Suisse de hallebardes ?

Les églises chrétiennes vaudoises invitent leurs fidèles à renouer avec une tradition critiquée par les protestants, interdite par l'Eglise catholique dès le XVIIIe siècle. Cette tradition, celle du «  rire pascal », consiste à raconter des histoires drôles à Pâques, pour célébrer la victoire (par la résurrection du Christ) de la vie sur la mort, ce qui autorise à rire de tout, même (ou surtout ?) de la mort elle-même. Et donc «  le rire pascal a retrouvé sa place dans les Eglises », annonce le «Courrier»... Enfin !

Les CFF ont perdu 10'000 voyageurs par jour entre 2011 et 2012, soit une réduction de 1,2 , mais leur directeur général, Andreas Meyer, affirme que les augmentations de tarif n'y sont pour rien et que c'est pas parce que les trains suisses sont les plus chers du monde pour leurs usagers que ceux-ci, en période de crise, restreignent leur usage quand ils n'y sont pas obligés (comme le sont les « pendulaires » sans bagnoles). A ce niveau, le déni d'évidence tient de l'art. Brut, mais de l'art quand même. Surtout quand le président du Conseil d'administration des CFF, le camarade Ulrich Gygi, annonce en substance qu'il faudra que « les clients paient davantage » pour que les CFF puissent maintenir « le rythme actuel des investissements ».  Les passagers entassés comme des sardines dans les trains aux heures de pointe pourront toujours se consoler en apprenant que le taux d'occupation moyen des trais suisses est de 31,3 %. Autrement dit, qu'ils sont aux deux tiers vides. Je sais, ça crève pas les yeux entre Genève et Lausanne entre 18 et 19 heures, mais c'est comme ça.

La Cour de Justice a donc débouté le Conseil Administratif de la Ville de Genève de son recours contre la décision du Grand Conseil d'introduire dans la loi sur les transports publics une incompatibilité très sélective entre le mandat de membre d'un exécutif municipal et celui de membre du Conseil d'administration des Transports Publics Genevois. Une incompatibilité très sélective, puisqu'elle ne frappe en réalité que le Conseil Administratif de la Ville de Genève, et plus précisément encore Rémy Pagani, mais épargne le représentant de l'Association des Communes Genevoises, membre par définition d'un exécutif communal, et le représentant des communes françaises voisines, Maire de Chevrier, en Haute-Savoie. Pourtant, la juge en charge de l'affaire ne semblait pas du tout convaincue que le recours de la Ville était infondé : elle avait demandé à la Conseillère d'Etat en charge des transports publics, Michèle Kunzler, des éclaircissements que celle-ci lui avait donnée en ne cachant pas ses doutes sur l'opportunité de la décision qu'elle était chargée d'appliquer : elle reconnaissait que la loi n'est « effectivement pas exempte d'ambiguïté » et d'«imprécision», qu'elle présente des «lacunes rédactionnelles» et, en substance, qu'elle a été adoptée lors d'un travail parlementaire bâclé. Ce qui n'a pas suffi pour convaincre le tribunal de donner droit au recours de la Ville. Finalement, le droit, c'est comme la cuisine : même si c'est pas bon, quand on l'a bouffé, on ne peut plus revenir en arrière.

Le PS suisse est de gauche. Presque d'extrême-gauche, même.... C'est pas nous qui le disons, on nous suspecterait de partialité ou de naïveté. Non, c'est le Conseiller national UDC Jean-Françoise Rime, par ailleurs président de l'USAM (le syndicat patronal des PME) chargé de la campagne de la droite contre l'initiative 1:12, qui nous assure (dans la «Tribune de Genève» du 2 avril) que « le PS revient à une sorte de lutte des classes». Une sorte de, on sait pas quelle sorte, mais une sorte de... Bon, c'est vrai qu'on est facilement à gauche, pour un udéciste. On y est même dès qu'on est au PDC... Bref, le PS suisse selon Rime, est, depuis l'adoption de son programme de «dépassement du capitalisme», un parti de « lutte des classes », ce qui se traduit par «de graves attaques sur notre système de partenariat social». Lequel n'est nullement attaqué par la persistance des bas salaires, des travailleurs pauvres, de l'exploitation des travailleurs clandestins, du dumping salarial ou de l'inégalité des revenus, mais par l'initiative 1:12, l'initiative pour un salaire minimum, l'initiative pour l'imposition des héritages en ligne directe... et même l'initiative écoloxénophobe « ecopop » (que le PS ne soutient pas, et dont on voit mal en quoi elle attaque le « partenariat social »). On arrête-là l'énumération des manifestations de crypto-bolchévisme attribué au PSS, et on invite Jean-François Rime, l'UDC et l'USAM à éviter d'en venir à accuser les socialistes suisses de stoquer des kalachnikovs dans leurs caves en préparant l'assaut final contre le Palais Fédéral. Parce que c'est gentil de nous faire rêver, mais quand on se réveille et qu'on se retrouve avec Simonetta Sommaruga et Alain Berset au gouvernement, on a seulement envie de se rendormir et de recommencer à rêver...

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