Fonds de tiroir

Dans un courriel adressé aux employés de quatre services de l'Office des bâtiments de  l'Etat de Genève, un haut fonctionnaire de l'Office les prie de nettoyer eux-mêmes leur place de travail, de trier leurs déchets, de les amener aux points de récupération... Grand seigneur, l'Office distribuera quand même les lingettes de dépoussiérage. But de l'opération : faire des zéconomies de nettoyage, puisque le nettoyage des locaux de l'Etat a été  « externalisé » -autrement dit : l'Etat paie des entreprises pour nettoyer ses locaux. Et forcément, si les employés de l'Etat sont transformés en nettoyeurs, ça fait du nettoyage  « externalisé »  en moins à payer. Mais tant qu'à faire, on pourrait carrément en revenir au joli temps courtelinesque, où les fonctionnaires devaient amener eux-mêmes et à leur frais le charbon (ou le bois) utilisé pour le chauffage des locaux...

Le 19 mars, le Conseil des Etats a décidé de ne pas donner suite à l'initiative cantonale genevoise qui demandait l'inscription de la traversée du lac à Genève dans l'arrêté fédéral sur le réseau des routes nationales. On s'attendait à cette décision, ce qui ne nous empêchera pas de la saluer : tout ce qui peut enfoncer encore un peu plus dans la vase le serpent de lac de la traversée de la rade (ou du petit-lac) est bon à prendre. Prenant acte de la décision du Conseil des Etats, le gouvernement genevois a annoncé qu'il entendait obtenir des autorités fédérales que l'élargissement de l'autoroute de contournement soit considéré comme une priorité par Berne. L'est-elle seulement par Genève ? Il nous semble nous souvenir, vaguement, que le développement de la mobilité «douce»  (transports publics, vélo, déplacement à pied...) avait lui aussi été affirmé comme une priorité. Et comme on ne peut pas avoir deux priorités, va bien falloir choisir... On sait, c'est dur, surtout quand on n'a pas l'habitude...

Alors qu'en France on inculpe carrément un ancien président de la République (le Petit Nicolas, donc) et qu'on fait démissionner un ministre du budget avant qu'il ait été inculpé, à Genève, on se contente de ce qu'on a et de ce qu'on peut : juger Gominator pour violation du secret de fonction. Eric Stauffer avait en effet rendu public un échange de courriels avec la secrétaire du Conseil d'administration des Services Industriels (SIG), conseil dont il était membre. Selon Gominator, ces documents prouveraient des «dysfonctionnements»  au sein du Conseil. Problème : il n'avait pas le droit de les rendre publics avant que les « voies de droit aient été épuisées», or il n'en a utilisé aucune. Et donc le procureur  requiert 20 jour-amende avec sursis pour violation du secret de fonction. Comme le MCG en général et Stauffer considèrent le système même des jours-amende comme une rigolade (le procureur Jornot, et toute la droite, sont du même avis), on s'attend, s'il est condamné, à ce qu'il accepte sa condamnation en rigolant. D'ailleurs, on ne voit même pas pourquoi il essaierait d'échapper à une condamnation aussi rigolote...

L'initiative 1:12 (qui propose de limiter l'écart salarial dans les entreprises à un rapport de 1 à douze entre le plus bas et le plus haut salaire) « fait froid dans le dos » (mais pas plus bas ?) du canard patronal « Entreprise romande », qui suggère que même les « communistes allemands » sont plus sages que les jeunes socialistes suisses, puisqu'ils s'en tiennent, eux, à un rapport de un à vingt... Elle avait du bon, finalement, l'Allemagne de l'Est... Ils sont tellement remontés contre l'initiative 1:12, à « Entreprise romande », qu'ils se mettent à chanter les vertus de l'initiative Minder contre les rémunérations abusive, initiative qu'ils avaient combattue. Vous allez voir que si l'initiative 1:12 passe, comme l'initiative Minder, ils sont foutus de nous en chanter les mérites pour dénoncer l'initiative sur le salaire minimum...

Un nouveau PDC passe au MCG... ça devient lassant... mais le plus lassant, ce n'est pas la succession de ces transferts, c'est la médiocrité des motivations de ces transfuges : le dernier en date, un certain Sébastien Grosdemange, change de parti... pour trouver un poste de procureur, et comme ces postes se répartissent entre partis représentés au Grand Conseil, que le PDC est déjà largement servi et que le MCG n'est pas encore représenté, y'a une place à prendre... Bref, pour expliquer la transmutation de démocrates-chrétiens en léguistes genevois, pour l'une, c'est de n'avoir pas été retenue pour un poste à la Cour des Comptes; pour un autre, c'est parce qu'on ne le prend plus au sérieux dans les assemblées du parti; pour une troisième, qui s'est inventée une agression par un cacique du PDC, on ne sait pas trop; et pour le Grosdemange, donc, c'est l'attrait de la mangeoire au parquet...

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