Fonds de tiroir

Le Parti Libéral-Radical a pondu sa liste pour les élections de cet automne. Il présente au Conseil d'Etat les trois personnages qui y siègent déjà, et au Grand Conseil... 82 candidates et candidats. Dont moins d'un quart de femmes. Avec les candidates et candidats à leur propre réelection en tête de liste, et les 62 autres ensuite. Ce qui va faire, en gros, 124 yeux pour pleurer (à moins que des borgnes...), parce qu'arithmétiquement, entre l'effet de la fusion des radicaux et des libéraux (qui leur a coûté le quart de leurs élus lors des dernières élections municipales) et celui de l'entrée très probable d'un nouveau groupe au Grand Conseil (celui de la « gauche de la gauche »), qui va forcément prendre des sièges à tout le monde puisque le nombre de députés n'augmente pas (à moins que l'un des deux groupes, le PDC et l'UDC qui flirtent avec le quorum ne passe en dessous), le PLR pourra s'estimer satisfait s'il perd moins de huit sièges. En attendant, on se demande à quoi ça rime, de prendre une posture de goinfre quand on va devoir se mettre au régime...

C'était un titre de gloire (amère, certes, mais de gloire quand même, vu le grand usage qu'on en faisait) et Genève l'a perdu. Au profit (si on peut dire) de Lausanne : on n'est plus la ville officiellement la plus dangereuse de Suisse (bon, d'accord, on ne l'était de toute façon pas : la ville la plus dangereuse de Suisse, c'était et ça reste Olten : rien qu'à la regarder, on a envie de se foutre sous un train). Mais consolons-nous : d'abord, on reste dans le peloton de tête des villes suisses s'agissant de la délinquance (sans oublier que les villes suisses les plus « délinquantes » ne sont guère que des zones résidentielles à l'aune européenne...); ensuite, les statistiques officielles ne mesurent pas la délinquance réelle, mais l'activité policière; enfin, si elles font état d'un recul du nombre de délits enregistrés à Genève en 2012 par rapport à 2011, on est toujours en progrès par rapport à 2010, 2009 et 2008. Et le recul de 2012 s'explique en grande partie par l'exportation d'une part de la délinquance genevoise hors du canton. Bref, Maudet, Jornot & Co n'ont aucune raison de s'inquiéter : leur cheval de bataille politique n'a pas encore été transformé en farce de lasagnes.

En 2012, 339 personnes ont été tuées en Suisse dans des accidents de circulation. C'est 19 morts de plus qu'en 2011. Sur ces 339 tués, 75 étaient des piétons (six de plus qu'en 2011), dont 20 ont été tués alors qu'ils étaient sur des passages protégés. 74 motards ont également été tués, soit également six de plus qu'en 2011. 44 personnes ont été tuées dans des accidents sur les autoroutes. 70% des accidents ont été provoqués par des hommes, lesquels provoquent deux fois plus d'accidents que les femmes (alors qu'ils ne sont que 50 % de plus à conduire). Et un fauteur d'accident sur dix était sous influence de l'alcool. Voilà voilà, vive la bagnole-reine : c'était notre rubrique « de la complémentarité des modes de transport ». Des transports vers la morgue.

Gominator a donc bien été condamné à 20 jours amende avec sursis, plus 1000 balles d'amende, pour violation du secret de fonction dans le cadre de son mandat de membre du Conseil d'administration des TPG (il avait rendu public un échange de courriels confidentiels). Une première condamnation à cette peine pas franchement infâmante a été confirmée par le Tribunal de Police. Il va faire appel, Stauffer, mais on se demande bien pourquoi : ce genre de sanction, ça a toujours fait passer ceux que ça frappe pour des martyrs de la liberté d'expression. On ne doute pas que Gominator saura s'en servir dans la campagne électorale qui va s'ouvrir. Il n'a aucune chance d'être élu au Conseil d'Etat, pas plus d'ailleurs que son avocat, Poggia, mais c'est pas le but : le but, c'est de faire du bruit. Et ceux qui ont porté plainte contre lui (les juges ne sont pas en cause, ils pouvaient difficilement ne pas le condamner, le délit était évident...) l'y aident, à faire du bruit. Comme s'il avait besoin de ça... le « I » de SIG, il correspond à quoi ? imbéciles ?

Après s'être gaufrés lors des deux dernières élections cantonales pour cause de divisions et de concurrences entre ses diverses (et très variées) composantes, la gauche de la gauche d'au fond à gauche a finalement trouvé le moyen de se re-coaliser (« on apprend toujours de ses erreurs », commente la «Tribune de Genève»...), et après de longues négociations de marchands de tapis, a réussi à accoucher d'une seule et unique liste, rassemblant sous le nom d'« Ensemble à Gauche » des candidats et des candidates de six composantes : solidaritéS, le Parti du Travail, les Indépendants de gauche, Défense des aînés et des locataires, la Gauche, Les Communistes et un groupe de militants syndicaux. Et c'est une excellente nouvelle, pas seulement pour la gauche de la gauche, mais pour toute la gauche. Parce que gaspiller entre 10 et 15 % de l'électorat en le divisant entre des listes qui se cannibalisent les unes les autres et dont aucune n'atteint le quorum pour être représentée au parlement, c'était vraiment se foutre de la gueule de cet électorat, faire cadeau de ses sièges à la droite et à l'extrême-droite et réduire la représentation parlementaire de la gauche à la portion congrue (un tiers des sièges alors qu'elle pèse 45% des suffrages) et à l'impuissance. Bonne nouvelle, donc. Sauf que pour l'illustrer, la «Tribune » n'a rien trouvé de mieux que les photos de Pierre Vanek et de Christian Grobet. Question image renouvelée de la gauche renaissante, on repassera. Ou alors c'était fait exprès...

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