Tarifs des TPG : Rebelote !

L'initiative de l'AVIVO sur les tarifs des Transports Publics Genevois n'a pas àtà acceptée ! Elle a pourtant bien obtenu 56 %  de votes favorables le 3 mars, mais pour une sombre histoire de dissemblance entre le texte soumis à signature et le texte soumis au vote, le scrutin a été annulé. On devra donc revoter sur ce texte. Certes, bricolée dans l'urgence, comme réponse à une tentative d'augmenter les tarifs sans que le service offert ait été, lui, amélioré, l'initiative de l'AVIVO était mal foutue. Mais elle donne elle-même le moyen de remédier à ses propres erreurs en transférant au parlement (voire, en cas de référendum, au peuple) le pouvoir d'adopter les tarifs des TPG, et les derniers à pouvoir faire à l'AVIVO le reproche d'avoir bricolé une initiative sont bien ceux qui ont bricolé une modification de la loi pour pouvoir exclure du Conseil d'administration des TPG le magistrat y représentant la principale commune du canton, celle qui concentre tous les problèmes, toutes les charges, et toutes les lignes du réseau...

 
 
Bis repetita placent

Puisqu'il nous faut revoter, réargumentons : l'exercice sera d'autant plus aisé que le texte sur lequel il va falloir voter n'a pas changé, et que nous n'avons donc pas non plus à modifier notre argumentaire. Politique, l'argumentaire, parce que la question des tarifs des transports publics, et du mode de leur adoption (par qui ? comment ? Avec quel contrôle populaire ?) est une vraie question politique. Et que si l'on pouvait en douter, les deux recours déposés contre l'adoption de l'initiative de l'Avivo le confirmeraient.
L'initiative est  mal foutue ? Elle aurait dû se contenter de poser le principe de  l'inscription des tarifs dans la loi, et donc de la possibilité de lancer un référendum contre toute modification de ces tarifs ? Elle  aurait dû s'abstenir de proposer elle-même une nouvelle grille tarifaire (et les initiants auraient dû vérifier si la grille tarifaire qu'ils proposaient ne contenait pas d'incongruités) ? Sans doute. Mais, outre que nous avons soutenu bien d'autres  initiatives « mal foutues », à commencer par l'initiative Minder contre les rémunérations abusives, également « mal foutue », l'enjeu de l'initiative de l'Avivo n'est pas dans les tarifs qu'elle propose (en proposant elle-même le moyen de s'y opposer), mais dans le processus de décision qu'elle instaurerait. Au-delà des points de détail, c'est bien ce changement du processus de décision que craignent par dessus tout les opposants à l'initiative, c'est bien pour l'annuler qu'ils se sont félicités du succès du recours déposé, par formalisme (et pour se faire un peu de pub pré-électorale) par le « parti pirate ». Et c'est bien pour ce changement que nous avons soutenu l'initiative de l'Avivo avant le 3 mars, que nous continuons de la soutenir et que nous vous appelons à confirmer le vote de mars lorsqu'elle sera soumise à nouveau au peuple des usagers et des contribuables.

Le débat va donc reprendre. Et comme avant le vote précédent, à chaque fois qu'un-e porte-parole des TPG, un Conseiller d'Etat (ou une Conseillère  d'Etat...), un-e député-e, voire un-e conseiller-e municipal-e prendra la parole pour s'opposer à l'initiative de l'Avivo, demandons-lui : vous les payez, vous, vos billets ou vos abonnements TPG ? Combien, de ceux qui vont s'opposer à l'initiative de l'Avivo, s'acquittent des tarifs des TPG ? Combien, de ceux qui s'opposent à la gratuité des transports publics, en bénéficient déjà, lors même qu'ils la refusent aux autres ? En tous cas, celles et ceux qui, directement ou indirectement, fixent les tarifs des TPG, sont exemptés ou s'exemptent eux-mêmes de les payer : députés, conseillers d'Etat, membres du Conseil d'administration des TPG disposent d'abonnement qu'ils se font offrir.
Bref, ceux qui décident des tarifs ne les paient pas, et ceux qui les paient, les usagers lambdas, n'ont rien à dire sur ce qu'ils paient. Si l'initiative de l'Avivo ne devait avoir qu'un mérite, ce serait celui là : puisque ceux qui décident des tarifs des transports publics ne les paient pas, qu'au moins ceux qui les paient (et souvent deux fois : une fois en tant que contribuables, par leurs impôts, une deuxième en tant qu'usagers, par leur ticket ou leur abonnement TPG...) puissent se prononcer sur ce qu'on leur fait payer. Après tout, à Genève, toute modification des lois fiscales, de l'assiette fiscale, des taux d'imposition, des objets de l'imposition, doit obligatoirement être soumise au vote populaire. L'initiative ne demande même pas cela pour les tarifs des transports publics: elle ne propose que la possibilité d'un référendum facultatif.

Lors du premier vote (celui qui vient d'être annulé), le PS avait refusé de soutenir l'initiative pourtant lancée avec son soutien, dans la foulée d'une pétition qu'il avait lui-même lancée et d'actions menées par la Jeunesse Socialiste, contre une hausse, finalement reportée, des tarifs des TPG. Peu importe, après tout : les partis proposent, les militants disposent, et nous disposerons à nouveau, comme en mars, de notre soutien à une initiative qui donne aux usagers payants des TPG le droit de se prononcer sur des tarifs décidés par des gens dispensés de s'en acquitter. Car c'est aussi affaire d'un bon vieux principe socialiste : l'égalité, dès lors que ce qu'il y a, symboliquement et politiquement, de plus inacceptable dans la situation actuelle, c'est précisément que les tarifs des transports publics sont fixés par des gens qui s'accordent eux-même le privilège de leur gratuité en refusant à ceux dont on exige qu'ils paient (ou que l'on prétend punir s'ils ne paient pas) le droit de se prononcer sur ce qu'ils vont payer. 
Ne proposerait-elle de remédier qu'à cela que l'initiative de l'AVIVO se justifierait pleinement. Pour le reste, voir qui s'oppose cette proposition donnera une idée de sa légitimité.

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