Fonds de tiroir

Un jour, le Conseil d'Etat invitait le Grand Conseil à cesser de faire obstruction à la mise en oeuvre de l'initiative de l'Avivo sur les tarifs des TPG, acceptée par le peuple, contre l'avis du Conseil d'Etat. Le lendemain, le vote du peuple était annulé par le tribunal suite à un recours déposé par le parti du co-propriétaire d'un bordel. Il a vraiment pas de pot, le Conseil d'Etat: quand il invite le peuple  à refuser une initiative, le peuple accepte l'initiative, et quand il invite le parlement à appliquer l'initiative, le tribunal annule l'acceptation de l'initiative... Des tanches baisées par un maquereau, en somme...

Le directeur de Frambois, qui se trouve être aussi un ancien directeur (en 2000) de Champ-Dollon, démis de ses fonctions, mis à l'écart puis recasé à Frambois, fait l'objet d'une enquête administrative (demandée par le Conseil d'Etat, c'est-à-dire par Maudet), a été suspendu de ses fonctions et mis en arrêt maladie. Ce qui fait beaucoup pour un seul homme, à qui on reproche des absences injustifiées et irrégulières (qu'il explique par des problèmes de santé d'un ou d'une proche), une mauvaise collaboration avec le département de Maudet, le non-rendu de documents, des demandes excessives de remboursement de frais de transport et on en passe... Cela dit, avec toutes les prisons que Genève veut construire, et tous les directeurs (ou directrices) qu'il va falloir nommer, on a intérêt à organiser le tournus des sanctions, suspensions et recasements, sinon on va s'emmêler les pinceaux. Ou alors, l'autogestion, la prison gérée par les détenus ? Tant qu'à faire, pourquoi pas, hein ? Au moins, ils sont sur place, et y'aura pas de frais de déplacements à rembourser, ni d'absence injustifiées. Sauf cas d'évasion, d'accord, mais a-t-on déjà vu un directeur de prison s'évader ?

Un ancien Conseiller municipal UDC de Carouge a été condamné à 400 balles d'amende pour voie de fait, à l'encontre de la mère d'un jeune de son quartier, avec lequel il avait eu une altercation avant de la menacer d'un fusil. Lui plaidait la légitime défense, mais le tribunal a considéré qu'il n'était nullement menacé et n'avait aucune raison de se sentir menacé. Et l'a donc taxé de 400 francs. On parie qu'on va le retrouver au MCG, pépère ?

Fin 2011, la majorité de droite du Grand Conseil avait coupé 300'000 francs dans le budget du bureau des proposé-e-s à la protection des données et à la transparence. Ces 300'000 francs assuraient le salaire des deux postes du secrétariat du bureau. Or la loi (LIPAD) prévoit que le bureau doit disposer d'un « secrétariat permanent doté du personnel nécessaire ». La décision du parlement était donc illégale -et le reste, puisqu'elle n'a pas été révoquée. Le bureau a donc saisi la justice, d'abord la Cour de Justice, qui s'est refusée à se prononcer sur le fond et s'est contentée d'estimer que le bureau n'avait pas qualité pour agir en tant que service subordonné à l'Etat (or il ne l'est pas, mais est un organe indépendant), ni les préposées en tant qu'individus. Elles ont donc déposé recours devant le Tribunal fédéral, pour illégalité de la mesure les privant du secrétariat prévu par la loi. D'autant que cette mesure est sans autre motivation que celle de «  donner une leçon » à la préposée, Isabelle Dubois, que la droite jugeait « arrogante » et dont le commissaire politique du PLR, Pierre Weiss, estimait qu'en étant privée de secrétariat, elle avait « reçu la monnaie de sa pièce ». Pour faire 300'000 balles d'économies, la majorité parlementaire cantonale empêche donc un service institué par la loi de fonctionner. Compte tenu de l'utilité, pour le débat démocratique, du bureau des proposé-e-s à la protection des données et à la transparence (c'est grâce à lui que nous avons finalement obtenu l'intégralité des documents concernant Naxoo-Télégenève, dont la convention d'actionnariat),  faudra-t-il que  la Ville de Genève se substitue au canton pour lui affecter le personnel nécessaire à l'accomplissement de sa tâche ?

Au Venezuela, si on a renoncé à embaumé Hugo Chavez, on n'a apparemment pas renoncé à le sanctifier (à la grande colère de la hiérarchie catholique, qui voit cette concurrence d'un assez mauvais oeil): on vent des images sulpiciennes à l'image d'« Hugo Chavez, Christ des pauvres » (ce qui au passage suggère que l'autre est le «Christ des riches»...),  son successeur (par interim, avant d'être probablement élu, Nicolas Maduros, proclame « Nous nous déclarons les apôtres d'Hugo Chavez » (en oubliant de préciser que Judas était l'un des apôtres...) et un curé proclame à la télévision que « le président Hugo Chavez a été un prophète ». La religion est l'opium du peuple, disait un vieux barbu. Du peuple de gauche aussi, donc.

Juste avant Pâques, le PDC a annoncé dans un communiqué qu'il soutenait l'initiative de l'UDC pour ancrer le secret bancaire dans la Constitution fédérale. Vu ce qu'il reste du secret bancaire, on peut en effet l'ancrer n'importe où, y compris dans une constitution devenue un véritable déversoir de dispositions compassionnelles et parfaitement inapplicables. Une spécialité de l'UDC, à laquelle le PDC se rallie alors qu'il y était, s'agissant du secret bancaire, opposé depuis des années. Paraît qu'il faut y voir la patte de l'« l'homme qui monte » au PDC, le Zougois Gerhard Pfistter, un type très, très à droite, et très proche de l'UDC. Notamment sur les questions d'immigration et d'asile. C'était nos nouvelles du « centre humaniste ». Ou de ce qu'il en reste.

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