Crèches genevoises : NON à l'élevage des poussins en batterie !


Il y a deux semaines, le Grand Conseil genevois, en fin de parcours (tout venant à point à qui sait attendre, mais, putain, c'est long, quatre ans !), adoptait un projet de loi réduisant le taux d'encadrement des chtis nenfants dans les crèches genevoises : quand il faut actuellement un adulte pour dix enfants de trois à quatre ans, un adulte suffirait pour treize enfants. Prétexte de l'exercice (dont le seul but est de « faire des économies ») : en réduisant l'encadrement, on dégagera des ressources pour créer des places dans les crèches, ou pour créer de nouvelles crèches. Une ânerie, synonyme de perte de qualité de l'accueil et de sécurité de l'encadrement. D'ailleurs, même si la nouvelle loi permettait de créer de nouvelles places de crèches, au prix d'une dégradation de leurs prestations, les crèches actuelles ne le pourraient pas : elles sont déjà physiquement au maximum de l'accueil qu'elles peuvent offrir.
Signez le référendum contre l'élevage des poussins en batterie :
www.sit-syndicat.ch/spip/IMG/pdf/Referendum_Petite_enfance.pdf


On attendait le politique, ce fut le comptable...


Il manque 2000 places dans les crèches genevoises, et depuis le 1er juin, la constitution impose au canton de les créer. La droite fait croire qu'en réduisant le taux d'encadrement des enfants par des professionnels, une sorte de miracle s'ensuivra : les murs des crèches reculeront, l'espace s'élargira, de nouvelles places apparaîtront. Foutaises, évidemment : il ne s'agit que de faire des économies sur un budget cantonal qu'on n'accepte ni d'accroître par le rétablissement des rentrées fiscales, ni de laisser en déficit pendant quelque temps. La norme fédérale s'impose à Genève comme dans le reste du pays : il faut au moins 3 mètres carrés par enfant, et les mètres carrés par enfant ne seront pas plus grands s'il y a moins d'adultes formés pour encadrer les enfants. De nombreuses crèches sont d'ailleurs déjà au niveau de la valeur limite.

Réduire le taux d'encadrement, réduire le nombre de professionnels, ce n'est pas seulement dégrader la qualité et la sécurité de l'accueil : des licenciements sont presque certains -et certaines communes en profiteront pour réduire aussi les subventions qu'elles accordent aux crèches, quand toutes les communes ne font déjà pas, dans ce domaine, leur boulot, les plus friquées n'étant évidemment pas les plus actives dans la création de places de crèches. Et, cerise sur le gâteau, la nouvelle loi permet aux institutions privées de conclure des conventions collectives particulières au rabais.

Les enfants accueillis dans les crèches, avant que de l'être à l'école, sont à l'âge où ils acquièrent la propreté, et se confrontent à d'autres adultes qu'à leurs parents, à d'autres enfants que leurs frères et sœurs. Les projets et activités pédagogiques les y aident -or ces projets ne se font pas tout seuls, ni ne viennent des enfants eux-mêmes : les professionnels dont on veut réduire le nombre dans chaque crèche n'y sont pas pour y faire du gardiennage : ils y sont précisément pour accompagner les enfants dans leur apprentissage d'eux-mêmes et de leur relation aux autres, et les besoins des enfants, là, priment nettement sur les possibilités, que l'on veut réduire, des institutions qui les accueillent. Mais le genre de dispositions légales que le référendum (qu'on vous invite à signer) attaque se préoccupe-t-il des besoins des enfants ? Pas plus que le genre de budgets que les auteurs de cette loi ne se préoccupe des besoins de la collectivités. Vous croyiez avoir élu des politiques ? Vous vous retrouvez avec des comptables -qui truquent leur comptabilité.
Que se passera-t-il si la loi est approuvée ? Outre la dégradation du service qu'offrent les crèches, il se passera que l'inégalité de l'offre, et de sa qualité, de places en crèches selon les communes se renforcera : les communes qui ne font pas leur travail dans ce domaine, pour pouvoir maintenir des taux d'impôts communaux les plus bas possibles, ne vont pas subitement commencer à le faire -et celles qui le font déjà, la Ville de Genève en particulier, continueront de le faire -la Ville ayant d'ailleurs annoncé qu'elle maintiendra, dans ses institutions de la petite enfance, les taux d'encadrement qu'elle pratique actuellement, et non ceux que la loi veut réduire à la baisse. Cette inégalité d'accès à un service public (ou même à un service au public assumé par des institutions privées, associatives) c'est la négation même de la notion de service public, qui ne peut en effet se fonder que sur l'égalité absolue des droits et devoirs de tous ses usagers et de tous ses prestataires, indépendamment de leurs moyens et situations. Cette égalité absolue est absolument contredite dans les faits par la double inégalité des ressources et du pouvoir, en sus de l'être politiquement par la recherche obsessionnelle des équilibres budgétaires. L'inégalité des ressources produit un dualisme social où s'ignorent, quand ils ne s'opposent pas, ceux qui ont les moyens de se passer du service public et ceux qui n'ont que par lui accès à des droits fondamentaux (l'éducation, les soins, la sécurité personnelle), dont ils sont, ou risquent d'être, privés lorsque l'accès à ces droits ne leur est pas garanti par le service public.
Que la droite genevoise (du PDC au MCG) se satisfasse de cette situation ne devrait étonner personne. Que la gauche, s'agissant aujourd'hui de l'accueil de la petite enfance, la combatte, non plus.

Commentaires

Articles les plus consultés