Fonds de tiroir

Dimanche, à Neuchâtel, la gauche a conquis la majorité du gouvernement cantonal (trois sièges sur cinq, dont une seule femme), en faisant élire ses trois candidat-e-s (tous socialistes), le PLR perdant un siège au profit de l'UDC, après en avoir déjà perdu un au premier tour de l'élection. Sauf erreur de notre part, c'est la première fois depuis 1933 en Suisse que le PS est à lui tout seul majoritaire dans un gouvernement cantonal (mais face à un parlement majoritairement à droite, puisque dans le même temps où elle gagnait une majorité au Conseil d'Etat, la gauche neuchâteloise en perdait une au Grand Conseil). Mais bon, comparaison n'est pas raison, Laurent Kurth n'est pas Léon Nicole (en 1933, c'était lui qui avec le PS genevois avait inauguré l'exercice), et tenter le coup une fois tous les 80 ans, on peut se le permettre. Faut dire que la gauche neuchâteloise était partie unie au combat, cette année, et qu'au deuxième tour, les Verts, le POP et solidaritéS soutenaient les trois candidats PS...

Après la dernière échauffourée en date au Conseil Municipal de la Ville de Genève (due au dégueulis homophobe d'un élu du MCG), plusieurs conseillers municipaux de droite ont annoncé leur intention d'enfoncer une porte ouverte en proposant de durcir la « palette de sanctions » disponibles pour maintenir l'ordre dans les séance (au moins les plénières). Or il se trouve que depuis des mois, la commission du règlement planche sur de telles propositions, émanant généralement de cette même droite qui, pour occuper les articles et commentaires de la presse fait mine d'avoir subitement des idées à la pelle pour « rétablir une forme d'autorité » dans le parlement communal. Il se trouve aussi que les partis d'où ont surgi ces brillantes idées (le PLR et l'UDC) sont évidemment représentés à la commission qui, déjà, les étudie. Et que toutes les éventualités sont déjà étudiées, de l'expulsion de séance à l'exclusion des commissions. Alors, hein, les moulinets vengeurs d'après castagne, ça vaut que que ça vaut : un petit vent de pas grand chose...

Dominique Venner un septuagénaire d'extrême-droite, franchement homophobe et carrément antisémite, s'est tiré une balle dans la tête en pleine cathédrale de Notre-Dame de Paris.  On va pas le pleurer, mais on saluera quand même comme une belle manifestation de l'ironie de l'histoire le geste d'un antisémite se flinguant aux pieds d'un juif crucifié... 

Manif de végétaliens à Genève, samedi dernier : 400 personnes revendiquent leur droit de ne consommer aucun produit d'origine animale (ni viande, ni lait, ni produits dérivés, et pour les plus engagés, rien en cuir...), et de se définir comme des animaux solidaires des autres animaux (lesquels ne sont pourtant guère solidaires les uns des autres, et dont les uns bouffent les autres). On attend avec impatience la dénonciation par le MCG d'une campagne sournoise de promotion de la zoophilie.

Vendredi, le Grand Conseil genevois (sa majorité de droite et d'extrême-droite, donc)  a modifié la loi sur la petite enfance pour baisser le taux d'encadrement des chtis nenfants par des professionnels : il était de huit enfants de 2 à 3 ans par professionnel, il sera de douze enfants par professionnel (et pour les plus de 3 ans, il passe de dix à treize enfants par professionnel). Le Conseil administratif de la Ville de Genève (qui assume la plus grande partie du dispositif d'accueil de la petite enfance dans le canton) a dénoncé une mesure contre-productive, qui n'augmentera pas le nombre de places disponibles dans les crêches mais y mettra en péril la qualité de l'accueil et la sécurité. Même réaction du côté des syndicats. Et tout ça sent (bon) le référendum. Et ça tombe bien : le PS a décidé hier soir de le lancer, le référendum... et on est bien contents, parce que l'élevage des poussins en batterie, franchement, comme modèle de politique de la petite enfance...

«L'extrême-gauche verrouille ses listes», annonce la « Tribune de Genève », à propos de la liste d'« Ensemble (on ricane...) à gauche » pour le Conseil d'Etat. En fait de verrouillage, y'a une porte qui s'est entrouverte pour laisser sortir un candidat du DAL, Christian Zaugg, et entrer un autre pour le remplacer, Pierre Gauthier. L'« extrême-gauche » (on ricane encore) n'est plus ce qu'elle était : dans le temps, on n'en sortait qu'exclu, couvert de goudron et de plumes. Tout fout le camp.

Election au Conseil d'Etat neuchâtelois : le seul district à avoir placé le candidat UDC valétudinaire en tête de tous les élus est celui du Val-de-Travers. Qui du coup n'a jamais si bien porté son nom.

Faut pas croire qu'on n'est jamais d'accord avec le Conseil d'Etat : la preuve, on s'associe pleinement à ce communiqué : « Le gouvernement genevois a adressé ses chaleureuses félicitations au Conseil d’Etat neuchâtelois élu et lui exprime ses voeux de pleine réussite pour l’importante mission qui sera la sienne, dès le 28 mai prochain, au service du canton de Neuchâtel »...

A la veille de l'adoption par l'Assemblée Nationale française de la loi sur le « mariage pour tous », autorisant le mariage de personnes du même sexe, le président de l'Assemblée, le socialiste Claude Bartolone, recevait une lettre de menaces de mort, accompagnée de poudre de munitions, exigeant de lui qu'il sursoie au vote de la loi. Dix jours plus tard, l'auteur de la lettre était arrêté à Marseille : il s'agit d'un militant d'extrême-droite, homophobe, membre du Front National et de « Génération identitaire» s'en étant également pris sur le même mode à un député socialiste du coin. Le lendemain de son arrestation à Marseille, à Genève, un élu d'extrême-droite assimilait l'homosexualité à la pédophilie et annonçait vouloir exhiber des croix gammées au Conseil Municipal. Ramuz disait que « la pensée remonte les fleuves ». Apparemment, la connerie aussi. Le Rhône, en tout cas.


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