Fonds de tiroir

Le 10 juin 1566, Bartholomé Tecia, 15 ans, était noyé dans le Rhône pour «l’abominable crime de sodomie». Une plaque épigraphique sera dévoilée le 10 juin sur les lieux mêmes de son supplice,: aujourd’hui la place Bel-Air,  en présence de la maire de Genève, Sandrine Salerno, ainsi que de personnalités du monde politique, culturel et associatif. « Au-delà de la symbolique commémorative, et d’une forme de réhabilitation à l’égard de toutes celles et tous ceux qui ont pu souffrir par le passé de tels jugements et de telles sentences en Suisse, nous souhaitons aussi sensibiliser à la situation de discrimination et de persécution dont sont encore victimes des membres de la communauté LGBT à travers le monde. Cette épigramme sera une Marque Contemporaine qui plaide en faveur de la reconnaissance de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre comme étant des droits humains fondamentaux. Elle s’inscrit ainsi dans la droite lignée des valeurs de notre Ville » déclare l’association Network dans un communiqué. La cérémonie aura lieu le Lundi 10 juin 2013 à 11 heures, Place Bel-Air. On ne sait pas si les conseillers municipaux du MCG y seront, mais ce serait assez pertinent. Après tout, ils y sont pour quelque chose, dans le destin de Tecia, les homophobes...

Finalement, le monde de la politique ressemble de plus en plus furieusement à celui des entreprises : de ce dernier, le supplément « Carrières » du « Temps » nous dresse, le 24 mai, le portrait d'un véritable bouillon de culture de chefs, sous-chefs, adjoints aux chefs (mais en anglais dans le texte, sans doute pour faire moins armée mexicaine : chief executive officer, chief financial officer, chief operating officer, chief culture officer, chief listening officer, chief diversity officer) à faire frémir le moins libertaire des militants. Il fut un temps où les grandes entreprises avaient un, deux ou trois chefs -elles en ont maintenant des dizaines, voire des centaines. Chez Goldman Sachs, un tiers des employés sont vice-présidents, et 65 % des employés du personnel des banques suisses ont le titre de cadre. Celui ou celle qui n'est pas chef-fe, sans l'avoir délibérément voulu, est perçu-e comme le dernier et les dernière des ploucs (y'a un féminin, à plouc ?), à moins d'être employé dans une société à qui les grandes entreprises ont « externalisé » les tâches les moins glorieuses. Mais bon, un spécialiste du recrutement, cité par «  Le Temps », relativise : « les titres emphatiques ne leurrent que les néophytes ». Et ceux qui les portent, ces titres, évidemment. C'est comme dans le monde politique, on vous dit....

Encore une idée géniale du MCG : imposer des quotas de compositeurs genevois dans la programmation des orchestres et des choeurs subventionnés par la Ville... Evidemment, la bande de gauchistes qui sévit en commission de la culture a repoussé cette proposition... c'est con, Morisod au Grand Théâtre, avec le «concerto pour un été» joué par l'OSR une fois par année, ça serait le pied... Et puis, les quotas de programmation, ça peut la faciliter, la programmation, si on définit plusieurs quotas et qu'on les conjugue :  un quota de compositeurs genevois, un quota de compositrices genevoises. Et puis des quotas sociaux (je veux des compositeurs-trices prolétarien-ne-s), religieux (protestant-e-s, catholiques, orthodoxes, shiites, sunnites, sépharades...) et irreligieux (athées et agnostiques), un quota de compositeurs-trices vivants, un quota d compositeur-trices LGBT etc... avec tout ça, la programmation sera faite avant même d'être commencée, vu que tout sera bouclé par les quotas... De l'ordre, enfin...

Pascal Vesin, curé d'une paroisse de Megève, en Haute-Savoie, était aussi membre du Grand Orient de France, l'obédience maçonnique française historiquement liée à la gauche. Son appartenance à la franc-maçonnerie a été dénoncée, par lettre anonyme, à son évêché. Qui l'a sommé de choisir entre l'église catholique et la franc-maçonnerie, vu que la première (mais pas le seconde) considère les deux appartenances comme incompatibles. Il a refusé, le curé. Et a donc été frappé d'une excommunication temporaire, et limogé de sa fonction de curé avec interdiction de célébrer les sacrements. On mesure le progrès : naguère, il eût été calciné en place publique. Quand on demande à l'épiscopat pourquoi il a viré le curé, l'épiscopat explique que la franc-maçonnerie militant « pour l'émancipation des personnes et leur liberté absolue »  (ce qui est d'ailleurs faux, s'agissant du qualificatif « absolue »), elle ne «défend pas les principes moraux supérieurs»  tels que définis par l'Eglise papiste. Dont, de son propre aveu, ne fait donc pas partie «l'émancipation des personnes». Il nous semblait bien, aussi...   Et comme un catholique « ne peut pas entretenir deux sortes de  relations avec Dieu » et que le curé a refusé de choisir entre les deux, il a été viré, d'autant qu'il contestait l'engagement de son église contre le droit au mariage des homosexuels, se déclarait en faveur de l'ordination des prêtres et encourageait au port du préservatif. Faut bien avouer qu'il les cumulait, les raisons de se faire lourder. En plus, il avait choisi l'obédience maçonnique « proche du parti socialiste », ajoute le vicaire apostolique... Il aurait été pédophile et aurait lutiné un enfant de chœur dans un confessionnal, on aurait pu lui pardonner, mais là, franchement, franc-maçon, de gauche et pas homophobe, faut pas qu'il s'étonne qu'on l'expédie à Saint-Jacques de Compostelle. Devrait même être content qu'on l'oblige pas à y aller à quatre pattes, en robe de bure et couvert de cendres, non mais...

On a reçu de notre Mairie ce communiqué :  «  Lors de sa séance du 29 mai 2013, le Conseil administratif de la Ville de Genève a procédé à l'élection de son bureau qui sera le suivant pour l'année 2013-2014, débutant le 1er juin : Maire : Madame Sandrine Salerno, Vice-présidente : Madame Esther Alder. C’est la première fois en Ville de Genève que deux femmes occupent les fonctions de Maire et de Vice-présidente. Le Conseil administratif vous remercie d'en prendre bonne note » . Bon, ben on en a pris bonne note, puisqu'on nous en prie. Voilà, voilà. Et à part ça, ça change quoi ?

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