Fonds de tiroir



Au moins trois « nouveaux partis » concourront, séparément, aux élections cantonales genevoises de cet automne, avec, pour tous les trois, la probabilité d'y avoir concouru pour l'honneur, vu la hauteur (7 % des suffrages) à franchir pour arriver à être représenté au parlement : les Verts Libéraux (5,5 % des bulletins en Ville de Genève en octobre dernier, mais seulement en Ville et dans une élection à la majoritaire), le Parti Pirate (0,9 % des suffrages en 2011 aux élections fédérales) et le Parti Bourgeois Démocratique, dont c'est la première apparition. Le Parti Evangélique a renoncé. A eux trois, ces nouveaux partis pourraient bien arriver à attirer un électeur sur dix ou douze, mais pour des prunes, quorum oblige. De toute façon, s'agissant de la nouveauté de l'offre politique (idéologique, programmatique), on voit pas bien ce que l'un ou l'autre peut amener. Bah, comme on dit aux Jeux Olympiques, « l'important c'est de participer », non ?

Idée géniale des Verts, qui dévoilaient la semaine dernière leur programme en matière de sécurité : créer à Genève un corps d'agents de sécurité publique sur le modèle des « bobbies » londoniens : une police de proximité présente continûment sur le terrain, et dont la fonction est moins répressive que préventive et relationnelle. C'est une bonne idée. Sauf que ça existe déjà pour l'essentiel : ça s'appelle la police municipale.... Mais bon, enfoncer une porte ouverte avant les élections, si ça ne hausse pas le débat, ça contribue à l'aérer...

Selon le cabinet de conseil Boston Consulting Group, le nombre des millionnaires s'est établi en 2012 à 12,6 millions de personnes dont 322'000 en Suisse (soit un ménage sur dix) et celui des multimillionnaires et milliardaires à 12'212 personnes, dont près de 3000 aux USA, plus de 1100 dans le Royaume-Uni, plus de 800 en Allemagne, et 366 en Suisse, ce qui fait de notre beau pays celui qui abrite les ménages les plus fortunés du monde, en moyenne : 603'000 dollars de fortune moyenne par tête, fonds de pension compris. Presque deux fois plus que les Japonais et les Néerlandais. Bon, évidemment, c'est une moyenne, et on va pas se faire chier à compter les  « travailleurs pauvres » et les personnes avec un revenu inférieur au minimum social. Ces gens-là, Monsieur, ça compte pour rien et on a un rang à tenir : celui du premier   centre « offshore » au monde, avec 2100 milliards de dollars d'avoirs étrangers domiciliés dans les banques suisses.

Le député PLR Jean Romain nous annonce sur une pleine page du « Matin Dimanche » de dimanche dernier qu'il pars en retraite anticipée de prof du secondaire, en justifiant son envie de se mettre au plend par un tonitruant « je pars parce que l'école manque de vie. C'est la vacuité pédagogo ». Ouais, ben quand nous on faisait l'école buissonnière en expliquant que les profs étaient mauvais, c'était à peu près aussi crédible comme justification. Finalement, l'école n'a pas trop changé : elle apprend toujours les excuses à la con pour se tirer des flûtes...

Vendredi, le personnel du Service de protection des mineurs (SPMI), notre bonne vieille PDJ, s'est mis en grève pendant une demie-journée, et 120 employés sur 190 ont signé une résolution dénonçant la surcharge de travail (65 dossiers par travailleur social) rendant impossible un réel suivi des dossiers et réclamant la création de 50 nouveaux postes. La résolution critique également le déménagement du service au boulevard Saint-Georges, dans des locaux en «  open space » ne garantissant pas la confidentialité des entretiens, et exprime la crainte d'ne bureaucratisation du travail au sein du service, et d'être cantonnés dans des tâches de contrôle et d'administration, au détriment du travail sur le terrain. Comme si c'était la tendance actuelle, enfin, sont toujours d'une mauvaise foi les employés...

Plus de 70 cinéastes suisses, des plus anciens aux plus jeunes d'Alain Tanner et Claude Goretta à Kaveh Bakhtiari et Basil Da Cunha, appellent à refuser dimanche prochain le nouveau durcissement  « inutile et inhumain » de la loi sur l'asile :  «Nous ne voulons pas que notre pays se transforme en une immense forteresse, qui construit des camps de détention, qui supprime l'accueil dans les ambassades, qui ne reconnaît plus les déserteurs des pays en guerre... ». Honneur aux cinéastes suisses, donc. Bon, en même temps, on sait bien que c'est rien qu'un nid de gauchistes antisuisses, le cinéma suisse... D'ailleurs, c'est à l'étranger, à Cannes, que l'idée de l'appel a été lancée, c'est tout dire...
Comme on le sait, le Conseil administratif de la Ville de Genève propose au Conseil Municipal de l'autoriser à vendre (pour 57,5 millions de francs) les actions qu'il détient (en tant qu'actionnaire majoritaire, à 51,2 %) dans le téléréseau Naxoo, et propose les vendre à l'actionnaire minoriotaire, UPC Cablecom (48,8 %). Les syndicats et une partie de la gauche s'y opposent, entre autres raisons parce que cette vente menace les emplois. Le directeur général de Cablecom rassure, dans la « Tribune de Genève » d'hier : « Il n'est pas prévu de supprimer des postes, nous pourrions même créer des emplois ». Ben alors, pourquoi le contrat de vente autorise-t-il Cablecom à licencier 10 % du personnel chaque année pendant cinq ans ? Pour créer des emplois à la caisse chômage ?

Les policiers municipaux genevois veulent aussi jouer dans la cour des grands : ils réclament d'être armés et de pouvoir disposer sur le voitures de gyrophares bleus leur donnant priorité dans la circulation. Bref, ils veulent être des policiers comme les policiers cantonaux s. Mais à quoi diable cela rimerait, dans un canton comme Genève, d'avoir deux polices, l'une municipale et l'autre cantonale, pareillement équipées et ayant les mêmes compétences ? Mais bon, s'ils y tiennent, les municipaux, armons-les et donnons leur des feux. Mais alors, dans un souci de soutien à l'artisanat local et de respect des vieilles traditions, armons-les de morgensterns et équipons-les de torches. Au moins, ils seront décoratifs.

Depuis le 1er juin, les Hôpitaux Universitaires de Genève ont un nouveau directeur, Bertrand Levrat. Qui ne tient pas un nouveau discours, mais le même que celui de son prédécesseur : faut faire des économies. 30 millions d'économies en 2014, 75 millions d'ici 2015. Comment ? On sait pas trop, mais «  aucun endroit ne sera privilégié ». Même le salaire du directeur ? euh... en tout cas, il se pose d'intéressantes questions, le directeur. Par exemple : « il faut se demander si certains soins sont nécessaires ou simplement utiles. Par exemple une opération de la hanche à 80 ans ou la pose d'un stent à un nonagénaire, sont-ils nécessaires ou sont-ils du luxe ? (...) peut-on encore se le payer ? ». C'est vrai, ça, peut-on encore se payer des vieux tout mal foutus ? et des nouveaux-nés prématurés ? et des malades ou des accidentés, en général ? C'est ça, le problème : il nous faudrait un hôpital rien que pour des jeunes bien portants, qui n'ont aucune raison de s'y retrouver, et on a un hôpital plein de malades et d'accidentés qu'il faut soigner. Mondo cane...

Nouvelle victime de la guerre fiscale entre la Suisse et (presque) le reste du monde : l'ambassadeur de Suisse à l'OCDE, à Paris, Stefan Flückiger, arrêté (puis libéré, du fait de son statut diplomatique) pour conduite en état d'ivresse, refus de s'arrêter à un contrôle de police, puis avoir foncé sur les policiers (qui ont dû tirer dans les pneus de la voiture) et s'être finalement arrêté, un pneu crevé par les balles, à contresens dans une rue en sens interdit. L'ambassadeur avait pour mission de défendre la position de la Suisse dans la négociation sur la lutte contre l'évasion fiscale. Il a dû vouloir tester les possibilités d'évasion tout court, avec le même résultat que d'autres dans la négociation avec les Etats-Unis. Entre les banques qui se font pincer après avoir organisé des circuits d'évasion foireux et l'ambassadeur qui se fait pincer après avoir tenté, bourré, une évasion tout aussi foireuse, on a l'air fins...

Feuilleton paganesque : Rémy Pagani, Conseiller administratif de son état, que le Conseil d'Etat a d'abord décidé de priver de son mandat d'administrateur des TPG pour ensuite, après que l'alors Maire se soit pointé à une séance dudit Conseil d'administration accompagné de quelques camarades, le gratifier d'une procédure disciplinaire pouvant théoriquement aboutir à sa révocation, a décidé de récuser le Conseil d'Etat, qui a ouvert ladite procédure et la conduit lui-même, alors qu'il est dans cette histoire d'une impartialité pour le moins douteuse. Le feuilleton continue, donc. Et on peut faire confiance aux protagonistes pour le faire durer jusqu'aux élections cantonales (où Pagani est candidat au Conseil d'Etat). Il en a de la chance, Rémy, d'avoir le gouvernement cantonal pour agent électoral...

Nous vous causâmes naguère du mécontentement (pour user d'un euphémisme) du personnel du Service de protection des mineurs, devant faire face à la fois à une surcharge de travail, à un manque de personnel et à un déménagement dans des locaux ne garantissant pas la confidentialité des entretiens avec les personnes suivies et leurs familles. Tout cela dû à des mesures de «rationalisation» technocratique doublées de restrictions budgétaires. Mêmes causes, mêmes effets, et presque même secteur : les médecins, psychologues, pédo-psychiatres, assistantes sociales et logopédistes de l'Unité de guidance infantile des hôpitaux universitaires (HUG), chargée de dépister les pathologies et les troubles chez les enfants de moins de cinq ans (c'est le seul service des HUG chargé des soins et de l'évaluation psychiques de la petite enfance) ont également fait part de la dégradation de leurs conditions de travail et de réponse aux besoins croissants (20 % de demandes en plus en quatre ans). Actuellement, cent enfants sont en attente d'un bilan psychologique ou logopédique, les délais peuvent aller jusqu'à huit mois pour obtenir un rendez-vous, une année en logopédie pour obtenir un bilan pour des enfants qui sont précisément à l'âge où ils apprennent à parler, les postes nécessaires à l'absorption de la demande manquent ( plus de 1000 cas sont traités chaque année, dont plus du tiers ont un caractère urgent, par une quinzaine de postes équivalents à des pleins temps), et on craint même des suppressions de postes liées au plan d'économie des HUG. ça commence à être franchement lassant, d'entendre les travailleurs sociaux et médicaux tenter, sans succès, de faire entendre aux politiques et aux « gestionnaires » cette évidence que couper dans les moyens, c'est forcément réduire les prestations, et que réduire les prestations dans des services comme celui de protection des mineurs ou de la guidance infantile, c'est  produire des problèmes qu'on devra résoudre plus tard, sans même pouvoir y arriver, mais à des coûts supérieurs. Genre 500 balles par nuit passée à Champ-Dollon, si vous voyez ce qu'on veut dire...



Commentaires

Articles les plus consultés