Fonds de tiroir

Il y a un an. la majorité de droite et d'extrême-droite du Grand Conseil adoptait le principe absurde de «compensation» des places de parkings supprimées (par exemple pour créer une zone piétonne, une piste cyclable, une voie de bus...) par la création d'autres places de parkings. Principe absurde, puisque ce dont il devrait s'agir est de regagner de l'espace sur celui squatté par des bagnoles (qui plus est, des bagnoles à l'arrêt), pas de maintenir le gaspillage de cet espace. L'Association Transports et Environnement avait fait recours au Tribunal Fédéral contre ce principe de « compensation », jugé par elle contradictoire des mesures à prendre pour lutter contre la pollution et contre le bruit. Le Tribunal Fédéral a rejeté ce recours, en expliquant que la création de places de parking pour remplacer celles qu'on supprime n'empêche pas le canton de lutter contre la pollution et le bruit. Y compris la pollution et le bruit générés par les parkings (puisqu'il faut bien que les bagnoles y accèdent et en repartent). Voila, c'est un peu le résumé de la politique des transports telle que voulue par la droite, un cercle vicieux sacralisé par le Tribunal Fédéral : la circulation automobile créée de la pollution et du bruit, contre lesquels il faut lutter, mais on maintient l'attractivité de la bagnole en ville grâce à des places de parking en surnombre par rapport aux besoins réels, ce qui créée de la pollution et du bruit. Contre lesquels ils faudra lutter...

Menacée de mort par une membre du MCG, ayant pour cela porté plainte, l'ayant annoncé à la télé, et ayant aggravé son cas, déjà pendable, en laissant entendre que son parti n'était pas un modèle de démocratie interne, la députée (MCG, donc) Dominique Rolle a été exclue du MCG. A titre anthume. Mais avec une oraison funèbre de Gominator, tout de même : «  Ceux qui ne seraient pas d'accord avec la majorité du groupe » (c'est à dire avec Gominator lui-même) «alors ils ont vraiment un problème intellectuel ». Et les problèmes intellectuels, le MCG, il connaît pas. Et c'est vrai qu'à voir fonctionner le groupe MCG, tant au Grand Conseil qu'au Conseil Municipal, on n'y voit pas de problème intellectuels. Des problèmes d'alcool, de comportement, de langage, oui. Mais intellectuels, non, jamais. D'où, de quoi, pourraient-ils d'ailleurs surgir, hein ?

A Bâle campagne, les électrices et teurs ont refusé à 57 % une initiative de la Jeunesse Socialiste pour la transparence du financement des partis politiques, qui réclamait l'obligation de rendre publics les dons d'entreprises de plus de 1000 francs et de particuliers de plus de 5000 francs. Les électrices et teurs de Bâle-Campagne ont du se dire que la politique, c'est comme l'érotisme : trop de transparence nuit à l'émoi.

La droite carougeoise est bien contente: 68 % des votant-e-s de la commune ont refusé la modeste augmentation de l'impôt communal que proposait le Conseil administratif (à totalité de gauche) et le Conseil Municipal (à majorité de gauche) pour pouvoir équilibrer le budget. De toutes les villes genevoises, Carouge est celle qui a l'impôt communal le plus bas, et la hausse de deux centimes additionnels ne l'aurait porté qu'à 41 centimes par franc d'impôt cantonal (contre 50 à Vernier, 47 à Lancy, 45,5 en Ville de Genève, 43 à Meyrin), mais la droite carougeoise s'en fout : ce qu'elle voulait, c'était se refaire une santé dans les urnes après la déculottée électorale prise lors des Municipales d'il y a deux ans. Donc elle s'est refait une santé dans les urnes. Et Carouge n'a pas de budget. Et le budget corrigé que devra présenter le Conseil administratif, avec un ratiboisement linéraire de 5 % de toutes les subventions, ne passera peut-être pas  la rampe du Conseil Municipal. Parce que « sauter sur sa chaise comme un cabri » (comme disait l'autre) en bêlant « équilibre budgétêêêêêre », c'est une chose, accepter que les copains de l'association dont on est membre voient sa subvention réduire de 5 %, ç'en en est une autre...

Donc le peuple suisse ne veut pas élire son gouvernement : il a refusé l'initiative de l'UDC qui le lui proposait (mal, d'ailleurs) avec le même genre de majorité écrasante que celle avec laquelle il a démoli un peu plus ce qui reste du droit d'asile -ce qui permettra à l'UDC de se consoler d'une défaite (une «  baffe », reconnaît le Conseiller national Parmelin...) en savourant une victoire (une baffe aussi, mais c'est nous qui l'avons prise, celle-là...) arrachée grâce à la camarade Simonette... Bref, les Chambres fédérales continueront d'élire le Conseil fédéral et nous, braves citoyens lambdas, on pourra même pas se dire qu'on a le gouvernement qu'on mérite. Bon, vu nos votes, il est pas sûr qu'on y perde grand chose... On aurait peut-être Maillard à la place de Berset et Maudet à la place de Burkhalter, c'est tout... Et une floppée de journalistes se prenant pour des faiseurs de rois à la place d'une douzaine de chefs de groupes parlementaires et de partis politiques jouant le même rôle.

Le MCG lance trois candidats dans la course au Conseil d'Etat : le conseiller national Mauro Poggia, le conseiller administratif d'Onex et président d'honneur du parti Eric Stauffer, ainsi que la conseillère municipale Versoisienne Delphine Perella-Gabus. Le deuxième sait lire, la troisième lire et écrire, le premier lire, écrire et parler. « Il n'y a pas eu de discussions sur ces candidatures », déclare le président du parti, Roger Golay. Evidemment :  il n'y a pas de discussion sur quoi que ce soit, au MCG. 
 
A Zurich, et par 85 % des suffrages, les mesures anti-hooligans ont été approuvées dimanche par le peuple, malgré l'opposition des clubs de supporters, des Verts et de la gauche de la gauche. Dont on se demande ce qu'elle était allée faire dans cette galère. Bref, les matches de foot et de hockey de l'« élite » devront faire l'objet d'une autorisation, les déplacements des fans seront restreints, comme la vente d'alcool, et les hooligans pourront être interdits de stade... C'est pas au stade de la Praille qu'on verrait ça :. faudrait d'abord que ce qui s'y passe habituellement intéresse quelqu'un d'autre que ceux qui s'apprêtent à puiser dans les caisses publiques pour boucher le trou financier de ce machin...

Une grande cause nationale a donc occupé certains parlementaires fédéraux cette semaine. L'accord avec les USA ? La politique d'asile ? Non : le papier-cul des chiottes du Palais Fédéral. Une grave injustice régnait : les conseillères et conseillers fédéraux et la chancelière ont droit non seulement à leurs propres toilettes, mais aussi à du papier cul trois couches molletonné, alors que la et le parlementaire fédéral-e lambdas n'ont droit qu'à deux couches de papier recyclé rapeux. Bon, ça pourrait être pire, ils pourraient aussi n'avoir droit qu'à des chiottes à la turque, mais l'inégalité devant le PQ devait être levée. Et elle le sera, l'Office fédérale de la logistique l'a promis. Nos élu-e-s pourront désormais se faire chier sans crainte de s'irriter. Point suivant de l'ordre du jour : la qualité inégale de la vaseline nécessaire à faire passer l'accord avec les USA...

A Carouge, après la victoire de la droite et de l'extrême-droite dans le vote référendaire sur l'augmentation de l'impôt communal, victoire qui a privé la ville de budget, un conseiller municipal a carrément pété les plombs : le PDC Bertrand Buchs. Il a exigé presque tout seul dans son coin, la démission de l'un ou l'une des trois conseillers administratifs de gauche. N'importe lequel ou laquelle, pourvu qu'un siège se libère pour la droite. De préférence pour le PDC. Et sans doute de préférence pour Bertrand Buchs lui-même. Et si possible dans une élection tacite, vu que la témérité n'a jamais été le principal défaut du PDC. En attendant, l'appel de Buchs à la démission d'un-e élu-e de gauche a suscité des réactions plus agacées que scandalisées au sein du petit monde politique carougeois. A gauche, on hausse les épaules : « je ne vais pas me prononcer sur des âneries », commente sobrement Jeannine de Haller (Ensemble à gauche); Stéphanie Lammar (socialiste) observe qu'on a «atteint un niveau de jardin d'enfant» au Conseil Municipal, et le Maire vert, Nicolas Walder, conseiller à Bertrand Buchs de «commencer à s'investir et à travailler en commission (du Conseil municipal) plutôt que s'égarer sur son blog et se répandre dans les media » (faut dire que Buchs est en campagne électorale : il est candidat à un nouveau mandat de député). A droite aussi, on est assez apitoyé par le cirque pédécé : que la population ne soit pas d'accord avec le budget proposé par le Conseil administratif (et le Conseil municipal, soit dit en passant) « ne justifie pas une démission », estime la PLR Anne Hiltpold. Et même l'UDC et le MCG sont d'accord avec elle sur ce point. Comme la «  Tribune de Genève », qui en édito considère que le refus populaire de la hausse d'impôt ne donne pas « un blanc seing au foutoir général ». N'empêche, voir le PDC se faire plus èmecégiste que le MCG et semer la crème pour qu'on parle de lui, c'est assez rigolo.

 




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