Fonds de tiroir

A Zurich, et par 85 % des suffrages, les mesures anti-hooligans ont été approuvées  par le peuple, malgré l'opposition des clubs de supporters, des Verts et de la gauche de la gauche. Dont on se demande ce qu'elle était allée faire dans cette galère. Bref, les matches de foot et de hockey de l'« élite » devront faire l'objet d'une autorisation, les déplacements des fans seront restreints, comme la vente d'alcool, et les hooligans pourront être interdits de stade... C'est pas au stade de la Praille qu'on verrait ça :. faudrait d'abord que ce qui s'y passe habituellement intéresse quelqu'un d'autre que ceux qui s'apprêtent à puiser dans les caisses publiques pour boucher le trou financier de ce machin...

Une grande cause nationale a donc occupé certains parlementaires fédéraux. L'accord avec les USA ? La politique d'asile ? Non : le papier-cul des chiottes du Palais Fédéral. Une grave injustice régnait : les conseillères et conseillers fédéraux et la chancelière ont droit non seulement à leurs propres toilettes, mais aussi à du papier cul trois couches molletonné, alors que la et le parlementaire fédéral-e lambdas n'ont droit qu'à deux couches de papier recyclé rapeux. Bon, ça pourrait être pire, ils pourraient aussi n'avoir droit qu'à des chiottes à la turque, mais l'inégalité devant le PQ devait être levée. Et elle le sera, l'Office fédérale de la logistique l'a promis. Nos élu-e-s pourront désormais se faire chier sans crainte de s'irriter. Point suivant de l'ordre du jour : la qualité inégale de la vaseline nécessaire à faire passer l'accord avec les USA...

A Carouge, après la victoire de la droite et de l'extrême-droite dans le vote référendaire sur l'augmentation de l'impôt communal, victoire qui a privé la ville de budget, un conseiller municipal a carrément pété les plombs : le PDC Bertrand Buchs. Il a exigé presque tout seul dans son coin, la démission de l'un ou l'une des trois conseillers administratifs de gauche. N'importe lequel ou laquelle, pourvu qu'un siège se libère pour la droite. De préférence pour le PDC. Et sans doute de préférence pour Bertrand Buchs lui-même. Et si possible dans une élection tacite, vu que la témérité n'a jamais été le principal défaut du PDC. En attendant, l'appel de Buchs à la démission d'un-e élu-e de gauche a suscité des réactions plus agacées que scandalisées au sein du petit monde politique carougeois. A gauche, on hausse les épaules : « je ne vais pas me prononcer sur des âneries », commente sobrement Jeannine de Haller (Ensemble à gauche); Stéphanie Lammar (socialiste) observe qu'on a «atteint un niveau de jardin d'enfant» au Conseil Municipal, et le Maire vert, Nicolas Walder, conseiller à Bertrand Buchs de «commencer à s'investir et à travailler en commission (du Conseil municipal) plutôt que s'égarer sur son blog et se répandre dans les media » (faut dire que Buchs est en campagne électorale : il est candidat à un nouveau mandat de député). A droite aussi, on est assez apitoyé par le cirque pédécé : que la population ne soit pas d'accord avec le budget proposé par le Conseil administratif (et le Conseil municipal, soit dit en passant) « ne justifie pas une démission », estime la PLR Anne Hiltpold. Et même l'UDC et le MCG sont d'accord avec elle sur ce point. Comme la «  Tribune de Genève », qui en édito considère que le refus populaire de la hausse d'impôt ne donne pas « un blanc seing au foutoir général ». N'empêche, voir le PDC se faire plus èmecégiste que le MCG et semer la crème pour qu'on parle de lui, c'est assez rigolo.

Le Conseil d'Etat a rejeté la demande de récusation formée le 31 mai 2013 par Rémy Pagani, conseiller administratif de la Ville de Genève, qui avait demandé la récusation du Conseil d'Etat in corpore dans le cadre de la procédure disciplinaire ouverte à son encontre pour avoir « pénétré dans les locaux des Transports publics genevois (TPG) accompagné d'un certain nombre de personnes dans l'intention de participer à la séance du conseil d'administration, rendant la tenue de cette séance impossible et entraînant le renvoi de cette dernière à une date ultérieure » (c'est le Conseil d'Etat qui résume ainsi les faits, dans son communiqué). Rémy Pagani avait demandé la récusation du Conseil d'Etat en estimant que dans cette histoire, il était à la fois juge et partie. Et le Conseil d'Etat récuse lui-même la demande de sa propre récusation. ? Si c'est pour prouver qu'il n'est pas juge et partie, c'est raté...

La démocratie progresse à pas de géants, à l'est : le premier référendum populaire municipal a abouti à Cologny (où il a d'ailleurs fallu un peu de temps pour apprivoiser le concept même de suffrage universel) : il porte sur un crédit de 27 millions de francs pour construire un centre communal. C'est un petit pas pour les colognotes, mais c'est un pas de géant pour la démocratie. Bientôt, si ça se trouve, on pourrait même avoir des élections libres. Peut-être même avant la Corée du Nord, qui sait ?.

Le gouvernement grec avait donc, dans un premier temps (la mobilisation contre cette décision l'a amené à revenir -un peu- en arrière) coupé les émissions de la télévision et de la radio publiques, l'ERT, pour faire des « économies » et restructurer l'institution. Même la «troïka» européenne qui fonctionne comme un proconsulat de l'Union sur la Grèce, ne ne lui avait pas demandé, au gouvernement, de faire un truc pareil. Quant à la population, elle s'est mobilisée en masse, par des manifestations et une grève générale, contre cette sombre stupidité (accompagnée de quelques dommages collatéraux, genre annulation d'une exécution, même pas sommaire, du requiem de Verdi au pied de l'Acropole, ou privation de toute télévision des habitants des îles grecques qui ne recevaient que la télé publique -la seule télé publique, et les seules radios publiques, parlant grec...). Mais sans doute s'agissait-il, plus que de faire des « économies », de faire place vide pour les groupes privés, plus proches du gouvernement en place. Les journalistes et techniciens de l'ERT, tous mis au chômage technique (et pour certains au chômage tout court) ont trouvé une parade : ils diffusent sur internet (www3.ebu.ch/cms/fr/sites/ebu/contents/news/2013/06/monitor-ert-online.html) grâce à l'Union européenne de radio-télévision... Du temps des colonels, y'avait pas l'internet. Du temps des nouveaux comptables, y'a. ça remplace pas une télé publique reçue dans tous les foyers -mais les samizdats non plus ne remplaçaient pas une presse libre. En attendant, à Piogre, on s'interroge : si on nous coupait Léman Bleu, combien y'aurait de manifestants devant les studios de la Praille  ?

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