Fonds de tiroir

Si le taux de remplissage (de bourrage, en l’occurrence) de Champ Dollon dépasse les 200 %, celui, en moyenne, des prisons suisses est un peu inférieur à 100 % (6600 détenus pour 7000 places, Bellechasse est à 94 %, Bochuz à 90 %) et aucun pénitencier alémanique ne dépasse les 105 % (Thorberg est à 99 %).  Un esprit simple, comme le nôtre, pourrait en déduire qu'il suffirait de transférer les détenus en surnombre à Champ-Dollon dans une prison alémanique (les taux d'occupation des prisons y sont de 92 % en Suisse centrale et du nord ouest et de 88 % en Suisse orientale) pour soulager les geôles genevoises... ben non : la libre circulation des personnes ne s'applique pas à l'exportation des détenus. En 2012, seuls 75 détenus romands ont été transférés en Alémanie (faut dire qu'être en tôle et en Suisse allemande, ça frise la «double peine» ...). Et aucun système centralisé n'existe qui permettrait de savoir qui est détenu en Suisse, et où, et pourquoi. En revanche, on sait que les deux tiers des détenus de Champ-Dollon n'ont rien à y faire. Mais on ne sait pas comment les en sortir. On ne sait pas, ou on ne veut pas ?

Les Verts ne feront pas alliance avec le Parti Pirate aux élections cantonales genevoises de cet automne : la candidature au Conseil d'Etat du mari d'une patronne de bordel (candidat du Parti pirate, justement) les en a dissuadé. C'est vrai qu'entre les bars à putes du MCG et le bordel du Parti pirate, la politique genevoise commence sérieusement à sentir le hareng sur ses marges. Mais bon, hein, entre faire le trottoir et gagner des sièges, y'a que l'espace d'une porte cochère...

La Conseillère nationale UDC Céline Amaudruz a déclaré dans le poste, pour défendre l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse que «La Suisse est un des pays les plus peuplés, 450 habitants au mètre carré». Ce qui nous ferait une population suisse de 19 milliards (pas millions : milliards...) d'habitants. Trois fois plus que la population entière de la planète entière. En fait, il y a en gros 3000 fois moins d'habitants que au km/2, en Suisse que dans les fantasmes d'Amaudruz. Et on voit d'ailleurs mal comment on pourrait entasser 450 personnes dans un mètre carré. Ou alors, c'est la densité dont rêve l'UDC pour les prisons genevoises et les camps d'internement pour requérants d'asile récalcitrants. 

D'entre les propositions faite au Consistoire de l'Eglise protestante genevoise pour « réadapter l'institution à la société » (et sauver ses finances), on trouve donc celle-ci : changer les critères de rémunération des pasteurs, pour introduire un salaire dual, avec une part fixe et une part flexible liée aux résultats de l'église et à la « performance des collaborateurs ». On voit bien de quelles conceptions sociales vient cette proposition, mais on voit mal comment l'appliquer à une église. C'est quoi, les « résultats de l'église » ? ses résultats financiers ? Alors comme ça, on confond une église avec une fabrique de savonnettes ? Ou alors le nombre de fidèles, la connaissance de la Bible dans la population ? On risque alors de transformer les pasteurs en «  working poors»... et la «  performance des collaborateurs », on la mesure comment ? au nombre de confirmations, de mariages (pour tous...) et d'obsèques célébrées ? Elle est pas sortie de l'auberge, l'Eglise protestante genevoise, avec ce genre de propositions. Ou alors, peut-être qu'elle attend un chti miracle ? une résurrection massive des protestants défunts au temps où seuls les protestants avaient droit de Cité à Piogre ? la transformation de l'eau du lac en vin de garde pour une grande vente aux enchères ? Allons, frères et soeurs, chantons en choeur : «Que Dieu se montre seulement, et l'on verra en un instant les gros déficits dissouts»...

Les duettistes genevois Jornet et Maudot (mais voui, vous savez, le chauve et le grand...) peaufinent jour après jour leur numéro. Jeudi et vendredi, on apprenait, coup sur coup, que l'un refusait les conclusions du Tribunal genevois des mesures de contraintes sur les conditions de détention à Champ-Dollon, et refusait donc d'indemniser des personnes détenues dans des conditions jugées illégales, et que l'autre refusait de rendre à une mendiante l'argent séquestré par le Service des contraventions, et qu'un tribunal ordonnait qu'il lui soit rendu (à la mendiante, donc, par à Maudot...). Le duo Jornet-Maudot, c'est pas Laurel et Hardy, c'est Harpagon et Shylock : pour leur faire sortir du pognon, même quand c'est un tribunal qui l'ordonne, quand il s'agit pas d'engager des flics ou de construire des prisons c'est la croix et la bannière. Sauf que la croix, c'est pas eux qui la portent, et que la bannière, c'est celle du MCG.

Un bouleversement politique d'ampleur cataclysmique se prépare à Genève : le Parti Bourgeois Démocratique présente 17 candidat-e-s au Grand Conseil. Avec un programme dont la  «  Tribune de Genèv » nous dit qu'il est  « très détaillé » : plus de prisons, plus de policiers dans la rue, pas de hausses d'impôts, la réduction des effectifs de la fonction publique, plus de possibilités de surélever les immeubles, une traversée routière du petit-lac et la compensation des places de parkings en surface. Soyons indulgents, disons qu'avec cette compilation des propositions des autres, le PBD aura un peu de peine à convaincre de la nécessité de sa présence au parlement. Et même de l'utilité de son existence.

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