Naxoo : la Ville pète un câble ? Le référendum rétablit la connexion

Le comité référendaire «Naxoo est à nous», qui s’oppose à la vente, à la multinationale UPC Cablecom, du paquet (majoritaire) d'actions détenu par la Ville de Genève dans la société 022 Télégenève Naxoo, le téléréseau municipal de la Ville de Genève, a déposé  5242 signatures à l’appui du référendum municipal en Ville de Genève qu’il a lancé cet été. Avec plus de 1200 signatures de plus que nécessaire, le référendum (que nous soutenions, avec une minorité du groupe socialiste au Conseil Municipal, et avec la Jeunesse Socialiste) a donc très vraisemblablement abouti. Grâce, ironiquement, au mois de délai supplémentaire accordé par la nouvelle constitution genevoise (dont on dira, par euphémisme, qu'elle ne suscitait pas l'enthousiasme des forces politiques et syndicales qui ont lancé le référendum) aux récoltes de signatures pendant les vacances d'été... Les habitantes et habitants de la Ville, et donc les abonné-e-s à Naxoo, voteront donc sur le destin de leur téléréseau. En attendant le contrat de vente à Cablecom est gelé. Vu son contenu, il ne méritait pas mieux. 

Rétablir la mémoire d'un parlement par un référendum populaire...

Or donc, par l'aboutissement d'un référendum, le contrat de vente des actions de la Ville de Genève dans Naxoo est gelé. Comme la Jeunesse Socialiste, nous estimons que cette vente à la multinationale UPC Cablecom, « telle qu'elle a été négociée, (irait) gravement à l'encontre, et ce de manière inacceptable, des intérêts des travailleurs » : autorisation de licencier 10 % du personnel chaque année pendant cinq ans (et le reste la sixième année...), refus de l'acheteur de signer une convention collective de travail, absence de garanties sur le maintien de la convention existante, pas plus que sur le maintien de l'entreprise à Genève et de l'offre de programmes : le contrat de vente de Naxoo à Cablecom avait évidemment tout pour plaire à la droite, mais n'aurait du être accepté par aucune formation de gauche. Il le fut pourtant par les Verts et la majorité des socialistes, convaincus que ce mal était le moindre, et que si on ne vendait pas maintenant, et à un bon prix, on risquait de se retrouver avec une entreprise, certes toujours majoritairement en mains publiques, mais vidée de son contenu -et de son personnel, l'acheteur de Naxoo se trouvant être aussi son actuel actionnaire minoritaire, détenteur d'un véritable droit de veto sur toute proposition et toute décision importante, en particulier toutes celles pouvant renforcer l'entreprise et améliorer les services offerts à ses abonnés -c'est bien ainsi qu'on ligote un concurrent avant de le vampiriser.

Naxoo est certes une entreprise privée, mais l'activité de cette entreprise privée correspond à un besoin public (et à des droits du public); Naxoo n'est pas un service public, mais assure un service au public. Son actionnaire majoritaire est la Ville de Genève, et une commune n'est pas un actionnaire comme un autre, ni une société dans laquelle une commune est actionnaire majoritaire, une société comme une autre. L'activité d'une société de télédiffusion n'est pas non plus une activité commerciale comme une autre : distribuer de la culture, de l'information, du divertissement même, ce n'est pas la même chose que vendre de la lessive ou des hamburgers. On n'était donc pas dans les affres d'un boursicotage dont le seul critère serait celui du prix de vente, mais dans un vrai choix politique. Et celui qui a été fait par la majorité du Conseil Municipal est, pour nous aussi, inacceptable en l'état. La vente de Naxoo à Cablecom, telle qu'elle était proposée, n'aurait jamais du être acceptée par la gauche municipale -ne serait-ce que parce qu'il est, d'un point de vue de gauche, invraisemblable d'accepter de vendre une entreprise qui a signé une convention collective avec les syndicats à une entreprise qui s'y refuse -le référendum lancé contre cette vente a d'ailleurs été lancé par le syndicat du secteur, Syndicom, et ce n'est évidemment pas un hasard.
Ce ne fut pourtant pas, pour nous, faute d'avoir tenté, au Conseil Municipal, de poser des conditions à la vente des actions municipales dans Naxoo : le maintien des emplois existants, le maintien de l'entreprise avec siège à Genève, le maintien de la convention collective de travail conclue entre Naxoo et Syndicom, la signature d'une convention collective de travail entre UPC Cablecom et Syndicom, le maintien de la caisse de pension des employés de Naxoo. Ces conditions reprenaient pour l'essentiel celles posées, le 9 mai 2012, par le Conseil Municipal (et sur proposition socialiste...) au Conseil Administratif pour l'autoriser à négocier la vente. En une année, ces belles intentions se sont dissoutes dans une étrange amnésie politique. Nous avions voulu sortir de cette amnésie, le Conseil Municipal s'y est complu, puisse le référendum lui redonner mémoire !

Pour le reste, « Il faut accorder très peu d'importance à ceux qui condamnent quelque chose, et n'ont pas fait tout ce qu'il fallait pour l'anéantir, et à défaut pour s'y montrer toujours aussi étranger que l'on a encore effectivement une possibilité de l'être » (Guy Debord)

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