Brèves de comptoir

ça se passe en 2013 (du calendrier grégorien), en Suisse. Bon, d'accord, en Valais, mais quand même : une enseignante du Cycle d'Orientation de Brigue, dispensant les cours d'instruction religieuse et d'éthique et cultures religieuses (au pluriel)  a été interdite d'enseignement parce qu'elle s'était convertie au judaïsme. En s'appuyant sur une convention entre le canton et l'évêché, l'évêque de Sion l'a privée du droit de dispenser les cours d'instruction religieuse, et le vicaire général du droit d'enseigner l'éthique et les cultures religieuses. Mais faudrait pas qu'elle se plaigne, la juive : elle n'a pas été lapidée en place publique.

La campagne pour le deuxième tour de l'élection du Conseil d'Etat genevois dure depuis un mois, et on en a encore pour toute la semaine. Les trois alliances en course, la droite, la gauche et l'extrême-droite, seraient unanimes à trouver trop long ce délai de cinq semaines entre le premier et le deuxième tour (dans la plupart des autres cantons romands, on se contenterait de trois semaines). C'est trop long, cinq semaines de campagne pour élire un gouvernement ? Et se le farcir pendant cinq ans, alors, ce gouvernement, c'est pas trop long, ça, peut-être ?

L'élu MCG Denis Menoud, qui a exigé de ses adversaires politiques, après les avoir insultés, qu'ils rendent leur passeport est directeur de cours de naturalisation pour les candidats à la nationalité suisse. Des cours qui, selon lui, n'ont pas assez de clients pour pouvoir commencer, mais y'a pas besoin d'espérer pour entreprendre... On comprend mieux pourquoi il a  défendu le maintien de la parasitaire, mais rémunératrice, commission municipale des naturalisations : jetons de présence pour ceux qui y siègent, honoraires pour ceux -parfois les mêmes- qui conseilleraient  les candidates et candidats à la naturalisation avant de rencontrer les membres de la commission (pour, Menoud dixit, leur «redonner une dignité d'être humains» -qu'en tant qu'étrangers, il sont évidemment perdue). Bref, les natus, ça peut aussi être un commerce.. Mais les votes des élus qui le convoitent ne sont jamais guidés que par de hauts principes et de grands choix politiques, rigoureux et désintéressés. Comme Menoud le 30 octobre. On a reçu le procès-verbal de la séance du Conseil Municipal du 30 octobre, et on observe qu'au point 10. PRD-2 A/B (suppression de la commission des naturalisations) figure la note suivante : «  En application de l'article 25, alinea 3, du réglement du Conseil municipal, un conseiller municipal demande que figurent ici des propos tenus qui sont de nature à porter atteinte à l'honneur. Après publication du Mémorial concerné, ce procès-verbal sera mis à jour pourinclure les propos visés ». Bref, les conneries continuent : cette procédure est contraire au règlement : ce ne sont pas les propos tels que publiés dans le Mémorial, c'est-à-dire révisés, corrigés, civilisés par leur auteur, qui doivent être publiés au procès-verbal, mais les propos tels qu'effectivement tenus, et donc enregistrés. On conviendra tout de même que ceux d'un Menoud méritent amplement d'être restitués tels quels et livrés tels quels à l'admiration de la postérité. Non ?

Candidat socialiste au Conseil d'Etat genevois, Thierry Apothéloz ne cache pas son homosexualité. Ce qui lui a d'ailleurs déjà valu d'être stigmatisé, notamment par l'incontinent perdu de Vernier, pour cela. Thierry, t'auras pas les voix de Menoud et de Cerutti... mais bon, n'en prends pas le deuil pour autant...

Bon, voilà, dans la «  Tribune de Genève » d'hier, Menoud présente des excuses à la Poggia : «  si des naturalisés se sont sentis blessés, je m'en excuse ». Il ne présente pas ses excuses, ni ne demande qu'on l'excuse, il s'excuse lui-même. C'est plus sûr.  Au bal des faux derches, Poggia et Mernoud  pourront prendre la première danse. En tout cas, puisque la méthode des excuses à la noix se généralise à Piogre, on va s'y mettre aussi. Mais comme il s'agit d'un exercice pour lequel nos dons naturels sont assez impalpables, il va nous falloir nous doter d'un instrument capable de nous aider à en venir à bout. On va donc se concocter un chti programme de génération automatique d'excuses à la con. Dès qu'on en est venu à bout, on vous l'envoie, promis. On lui a d'ailleurs a déjà trouvé un nom : le Poggiamatic.

UPC Cablecom a un gros appétit : la multinationale ne veut pas seulement se goinfrer le téléréseau genevois (Naxoo), ambition contre laquelle un référendum a été lancé, mais aussi celui de Lausanne (Cityclable). Le directeur d'UPC Cablecom, Eric Tweter, explique que son ambition est « de croître en Suisse romande » et que Naxoo (dont la prise est « capitale pour la stratégie d'UPC Cablecom », ne suffit pas : « nous voulons grandir encore ». C'est bien, mais franchement, est-ce que la Ville de Genève doit vraiment vendre ses actions dans Naxo pour que Cablecom puisse grossir ? On devrait pas être en train de lutter contre le surpoids, dans nos pays ?

La « Tribune de Genève » d'hier nous l'apprend : le groupement transfrontalier fait l'objet depuis l'arrivée du Mouvement citoyens genevois d'un harcèlement par messages d'insultes, lettres anonymes, commentaires haineux sur les réseaux sociaux etc... Mais faut pas accuser le MCG de discrimination : ses supporters et ses élus s'en prennent aussi aux naturalisés et à leurs adversaires politiques. Mais évidemment, l'insulte aux frontaliers, c'est un peu le fonds de commerce de départ...


Bon, voilà, la Cour des Comptes qui avait déménagé il y a un mois, de son propre chef, pour des locaux à sa convenance mais au loyer triple de ceux qu'elle occupait, va devoir redéménager pour des locaux qui ne lui convenaient pas, mais qui vont finalement lui convenir parce qu'ils seront aménagés pour elle: au terme d'un accord historique (Camp David et Yalta, à côté, c'est de la gnognotte...), le Conseil d'Etat et la Cour des Comptes ont trouvé un compromis pour mettre fin à leur affrontement de titans (faut dire que le Conseil d'Etat refusait de payer le loyer des locaux que le Cour s'était trouvés, et que François Longchamp avait même sommé le président de la Cour, le socialiste François Paychère, de le payer de sa poche) : la Cour intégrera bien les locaux que l'Etat lui proposait dans l'un de ses immeubles, et que l'Etat aménagera pour garantir la confidentialité de l'accueil des personnes et la sécurité des documents, des archives et du système informatique. Reste une question taraudante : après cet épisode courtelinesque, qui créera la Cour des mécomptes pour enquêter sur les rapports sado-masochistes entretenus par le Cour des Comptes et les vicontes de l'Etat ?

Le Conseil fédéral a adopté avant-hier des directives pour atteindre des quotas de femmes et de minorités linguistiques dans les conseils d'administration et les organes de direction des entreprises publiques (genre Swisscom, CFF, Ruag...) : D'ici à 2020, ces instances devront comporter au moins 30 % de femmes, et dès l'an prochain, sur la base du recensement de 2010, 22,8 % de francophones, 8,4 % d'italophones et 0,6 % de romanchophones. Le jeu va donc consister à trouver la femme romanche....

Pour promouvoir son initiative «  contre l'immigration de masse », qui sera soumise au vote le 9 février, après une campagne que les fêtes de noël et de fin d'année rendront brève, l'UDC nous promet une campagne «coup de poing», rapide, émotionnelle et «très chère»  : en 2008, le parti avait investi quatre millions et demi de francs pour son initiative en faveur de la «   naturalisation par les urnes ». On s'attend donc à voir fleurir un peu partout, sous forme d'affiches et d'annonces, les grosses cochonneries que l'UDC nous sert dans ces cas là. Une sorte de Blitzkrieg xénophobe, quoi, vous voyez le genre. Et on a intérêt à préparer autre chose que nos Lignes Maginot habituelles pour y répondre...

Si l'on en croit « Le Courrier », les partis politiques genevois n'auraient, globalement, pas dépensé plus (et même un peu moins) pour la campagne des élections cantonales de cette année que pour celle d'il y a quatre ans, alors que la campagne a été plus longue, et que l'élection du Conseil d'Etat s'est faite en deux tours. En 2011, selon les comptes consolidés remis par les partis (qui y sont tenus par la loi genevoise), ils auraient, tous ensemble, dépensé 3,148 millions,  et leurs budgets cette année plafonnerait à 2,989 millions, alors que trois partis supplémentaires (le PBD, les Verts libéraux et les Pirates) étaient dans la course. Il ne s'agit cependant encore que des budgets, et on se doute bien que certains auront été défoncés. A s'en tenir à ces budgets, on constate cependant de grosses variations, non pas globalement, mais s'agissant de certains partis : le MCG devrait exploser ses dépenses (avec un budget de 550'000 francs, il dépensera le double d'il y a quatre ans) et le PLR devrait dépenser presque deux fois moins (c'est l'effet de la fusion entre libéraux et radicaux, « Ensemble à gauche » dépensant également deux fois moins, pour une liste unique, que ses trois listes d'il y a quatre ans. Reste que la nouveauté, c'est le pognon dont dispose le MCG. Ben quoi, ça sert quand même à quelque chose d'être propriétaires de bars, non ? On le sait quand même depuis les années trente marseillaises... Alors pourquoi s'étonner qu'à Genève, le Bar à Whisky soit un tremplin pour le parlement ?

Dans le projet de nouvelle grille salariale de la fonction publique cantonale genevoise, présenté par le Conseil d'Etat sortant, l'écart entre les bas et les hauts salaires passe de 1:4,8 à 1:5,3. Bon, d'accord, on est encore assez loin de l'écart 1:12 proposé par la Jeunesse Socialiste, et à ce rythme, on ne s'en approchera que d'ici deux législatures, mais de toute façon, le président dudit Conseil d'Etat sortant, Charles Beer, est opposé à l'initiative 1:12, soutenue par son propre parti, et a exprimé son opposition devant l'assemblée, ravie, des patrons genevois. Eux aussi, évidemment, opposés à l'initiative. Mais eux, au moins, ne se font passer pour autre chose que ce qu'ils sont.

Dans « Le Monde » de vendredi... Titre : «La radicalisation du discours légitime le racisme»... Sous-titre : « (...) Les observateurs s'inquiètent de la "libération" de la parole publique »... Citations : « Aujourd'hui, des politiques tiennent des discours qui étaient autrefois confinés en des endroits obscurs. Ils ont légitimé la parole raciste. Du coup, les gens s'y sentent aussi autorisés (...) Quantitativement, le discours raciste n'a pas augmenté, mais il a gagné en légitimité (...) Au discours euphémisé a succédé un racisme cru et nu » (Eric Fassin)... Il s'agit d'« avoir le verbe haut, (de) brandir l'étendard du "non politiquement correct" » (Arnaud Mercier)... « Beaucoup de personnes n'hésitent plus à assumer publiquement leur rejet d'une origine, alors qu'auparavant, ce motif était masqué » (Dominique Baudis). (...) « Les réseaux sociaux et Internet, qui autorisent une expression spontanée et anonyme, sont un miroir grossissant de ce type de propos » (Le Monde)... Bon, pas de panique : C'est de la France dont  il s'agit. Rien que de la France. C'est pas chez nous que ces comportements de racaille frontalière ou naturalisée pourraient être constatés....



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