Brèves de comptoir

Alors comme ça, la construction de nouvelles prisons n'enthousiasme plus le Grand Conseil ? En tout cas, au Grand Conseil, vendredi dernier, il y eut plus d'abstentions (40) que de «oui» (36) lors du vote d'un crédit d'étude pour une prison de 450 places à côté de Champ-Dollon. Toute la gauche, plus l'UDC (pour des raisons de pognon) s'est abstenue. C'était trop difficile de voter « non », camarades ?

Les aventures de Denis Menoud (suite) : exclu du MCG, le frapadingue refusait de quitter son groupe au Conseil Municipal et de passer « indépendant ». Formellement, il avait raison : seul le groupe au Conseil Municipal peut exclure l'un de ses membres (et le contraindre à l'« indépendance »). Et tant que le groupe MCG au Conseil Municipal ne s'était pas prononcé, Menoud en restait membre. Par défaut peut-être, mais membre tout de même. Et c'est vrai que ça aurait été dommage de s'en priver : comme révélateur de ce qu'est réellement le MCG, un Menoud, c'est bien plus clarificateur qu'un Poggia (par exemple). Et que laisser le MCG se démerder avec des gens qu'il a présenté au Conseil Municipal (et même au Grand Conseil, mais sans succès), c'est un plaisir de gourmet. Bon, finalement, le groupe municipal a obéi aux ordres de la direction cantonale (Gominator et sa doublure), et a lourdé Menoud. C'est ce qu'il y a de bien, avec l'extrême-droite : quand le chef parle, on ferme sa gueule et on exécute. En l’occurrence, on exécute Menoud.

Les aventures de Denis Menoud, suite de la suite (on ne s'en lasse toujours pas, mais rassurez-vous, on va pas vous faire chier avec ça jusqu'à noël...) : donc, successivement exclu du MCG et du groupe MCG au Conseil Municipal, Menoud n'accepte ni la première, ni la seconde de ces exclusions et abreuve la président du Conseil Municipal de missives comminatoires, faisant références aux statuts du MCG (dont le président du Conseil Municipal n'a pas à connaître, pas plus d'ailleurs que le bureau dudit Conseil, leur rôle n'étant que de faire respecter le règlement du Conseil et la Loi sur l'administration des communes, qui ne connaissent l'un et l'autre que les groupes parlementaires), et exigeant que la décision de le considérer désormais comme un élu indépendant soit annulée, sinon il ira devant la Cour de Juistice pour se faire rendre justice. Faut dire qu'en étant « indépendant », un Conseiller municipal ne peut plus siéger dans des commissions. En revanche, il garde pour lui l'intégralité de ses jetons de présence aux séances plénières, puisqu'il n'a plus à en rétrocéder une partie à son  groupe (Menoud conteste d'ailleurs aussi la proportion de ses jetons de présence retenues pour son groupe, et demande qu'on lui rembourse un « trop perçu». Y'a pas de petits profits dans les combats politiques d'envergure. Parce que c'en est un, selon Menoud : son exclusion « nuit gravement au MCG, choque et déçoit les militants ». ça sent la manif de l'Hôtel de Ville... Mais dans «  20 Minutes », Gominator tranche : Menoud « peut aller devant tous les tribunaux, y compris intergalactiques, il ne fait plus partie du MCG », point final. C'est vrai ça, il se croit où, le frapadingue ? Dans un parti démocratique, respectant ses propres procédures? D'ailleurs, si Menoud « a une once de dignité, il devrait remettre son siège au Conseil Municipal ». C'est le chef qui le dit. Et il s'y connaît, le chef, en matière de dignité. Il en est même l'incarnation, le chef, de la dignité.

« Le Courrier » (excellent journal, par ailleurs) d'avant-hier s'étonne : « A Genève, on prête (encore) serment sur la Bible », malgré la laïcité proclamée de la République. De plus, on prête serment dans une église (qui n'est plus, contrairement à l'idée reçue, une cathédrale depuis que l'évêque à décampé devant la Réforme, mais qui est tout de même un temple). Bref, depuis 1827, et sans que la révolution radicale, puis le Kulturkampf et les lois  « laïques » n'y changent quoi que ce soit, les Conseillers d'Etat élus jurent (ou promettent) dans un temple et devant un livre qui n'est saint que pour ceux qui y croient, de respecter la Constitution et d'être fidèles à la République. Quelques dléputés (dont Antonio Hodgers, devenu Conseiller d'Etat) ont bien tenté en 2001 de faire prêter le serment sur la constitution et pas sur un texte religieux, mais ils ont été largement désavoués par le parlement. Bref, bonnes âmes, quand vous entendrez des Genevois revendiquer fièrement la laïcité de leur République, vous êtes autorisés à ricaner doucement. Dans votre barbe si vous en avez une, in pectore si vous en avez un.

Grand pourfendeur de l'immigration en général, des requérants d'asile en particulier, et des clandestins tout spécialement, le Conseiller national UDC Hans Fehr et sa femme, juge de district et Maire du douar où ils vivent, ont employé au noir une requérante d'asile serbe, pour faire leur ménage. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais », ça se traduit comment en züritütsch ?

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