Fonds de tiroir

L'inititiative populaire pour un revenu de base inconditionnelle a abouti, avec 126'408 signatures valables. Elle sera donc soumise au peuple. Et c'est très bien : un vrai débat de fond pourra, peut-être, s'engager à gauche sur ce projet d'assurer, sans condition, à toute personne vivant légalement en Suisse,  un revenu permettant de mener une existence digne et de participer à la vie publique. L'initiative ne donne pas le montant de ce revenu, qui devra être fixé par la loi, mais les initiants ont évoqué un montant de 2500 francs par mois pour les adultes, et de 625 francs par mois pour les moins de 18 ans. Juste de quoi survivre, et pas de quoi ruiner les caisses publiques, puisque ce revenu remplacerait tous les revenus de substitution qui lui sont inférieurs...

On le sait, la septième place (la dernière éligible) de l'élection du gouvernement genevois, dimanche, s'est jouée, pour moins de 1300 voix entre le MCG Poggia et le socialiste Apothéloz. Moins de 1300 voix, quand Poggia en a reçu plus de 1000 de la gauche (PS et Verts) et qu'Apothéloz en a perdu plus de 700 par « biffage » sur les listes de gauche... L'injonction à « Voter compact », sans panachage des listes de gauche avec des candidats de droite, ni biffage des candidats de gauche, elle était trop difficile à comprendre ? Et c'est pas le fait que la libérale Rochat ait été biffée 7230 fois, doit plus de 3000 fois sur les seules listes du PLR, c'est-à-dire par ses propres troupes, qui nous consolera de l'inconséquence des nôtres. Faut pas pleurer sur les défaites quand on se les bricole soi-même...

On se console comme on peut : la non-élection de Thierry Apothéloz au Conseil d'Etat le maintient au Conseil Administratif de Vernier (consolation d'ailleurs d'autant plus douteuse que le Conducator du MCG s'étant pris une gamelle, il reste aussi Conseiller administratif à Onex). A Vernier, donc, l'Atlantide (l'Incontinent perdu) va devoir continuer à ronger son frein et à menoudiser au Conseil municipal. Et c'est bien la seule utilité qu'on a trouvé jusqu'à présent à l'élection de Poggia.

Son strapontin à l'exécutif de la Ville de Genève ne suffisant pas au PDC Guillaume Barazzone, il envisage d'y ajouter un siège au Conseil National en remplacement de Luc Barthassat, élu au gouvernement genevois. Sachant qu'être membre de l'exécutif municipal genevois représente déjà une charge de travail équivalant à 150 % d'un plein temps (avec le salaire qui va avec, faut dire), et que celle de Conseiller national équivaut quasiment à un plein temps (moins bien payé, d'accord, mais tout de même dans les 80'000 francs par an, sauf erreur, sans compter les petits avantages annexes, genre abonnement général CFF et transports publics en 1ère classe...), Barazzone prétend donc assurer un boulot à 250 %. Mais bon, c'est son problème, hein, de savoir combien de temps il pourra tenir à ce rythme. L'intéressant, pour la gauche municipale, c'est que pendant les sessions parlementaires fédérales, y'aura plus de magistrat de droite disponible en Ville. De notre côté (gauche) de la gauche, on avait essayé sans succès de piquer le siège de la droite en y expédiant la Kahina, et voilà que le magistrat de droite lui-même le lâche, ce siège, pendant plusieurs semaines plusieurs fois par année.... c'est quand même bon, d'être aidés par nos adversaires à obtenir des résultats qu'on n'est pas foutus d'obtenir nous-mêmes, non ?

La décision de Guillaume Barrazone d'ajouter à son mandat de Conseiller administratif de la Ville de Genève (et au salaire annuel de 250'000 balles qui va avec) celui de conseiller national  suscite des réactions contrastées. Comme celle, absolument désintéressée, du PLR Adrien Genecand qui trouve que ce double mandat est un « avantage pour la Ville de Genève ». Et surtout pour Genecand et le PLR, qui lorgent avec gourmandise le siège municipal de Barrazone au cas où... Ou celle, pleine de doute, du socialiste Grégoire Carasso qui fait mine de se demander si à Berne Barrazone défendra les intérêts de la Ville, du canton ou du PDC. Alors qu'on sait qu'il défendra surtout ceux de sa propre carrière politique...

Le Conseil administratif de la Ville a répondu à une motion de gauche lui demandant ce que la Ville faisait pour promouvoir, dans ses bibliothèques municipales (et « autres lieux« ») des livres « contribuant au développement identitaire des femmes et des hommes sans stéréotype ». Bon, déjà qu'un développement « identitaire » sans «stéréotype» paraît relever de l'illusion, quand on apprend qu'entre 2006 et 2010, l'association «  lab-elle » a «sélectionné» 300 albums illustrés «sans stéréotypes de genre», on se demande bien où elle a pu les trouver, vu que ces stéréotypes sont précisément constitutifs, socialement et culturellement, des genres, c'est-à-dire qu'ils les construisent au-delà des différences physiques innées. Mais bon, peut-être qu'on se pose des questions cons... euh... idiotes, après tout...

L'a beau être en fin de course, le gouvernement genevois, il bouge encore : voilàt-y pas qu'il vient de dire «  Oui » à l’extension de la libre circulation des personnes à la Croatie, en réponse à une consultation des cantons par le Département fédéral de justice et police. Et juste avant l'arrivée en son auguste sein de la girouette du MCG,  le Conseil d'Etat en profite pour «réitérer son attachement à la fois à la libre circulation des personnes, essentielle au fonctionnement de l'économie genevoise et à l'application stricte et efficace des mesures d'accompagnement ainsi qu’à leur renforcement, pour éviter toute sous-enchère salariale ». Flèche du Parthe ou coup de pied de l'âne ?

Projet de budget 2014 de la Ville de Genève : communiqué de l'Alternative
Lors du vote d’entrée en matière le 9 septembre 2013, le PLR, le PDC, le MCG et l’UDC, majoritaires au Conseil municipal de la Ville de Genève, ont posé comme objectif politique l’équilibre budgétaire.
Un projet de budget 2014 amendé avec un bénéfice de 43’000 francs a été présenté début novembre par le Conseil administratif à la Commission des finances.
Frustrés par cet équilibre budgétaire, la droite et l’extrême-droite ont voté une série de coupes scandaleuses et arbitraires. Avec à la clé : la suppression de 49 emplois et de nombreuses prestations indispensables à la population.
Concrètement, à titre d’exemple, seront fermés dès janvier 2014 :
- les espaces de quartier, tel que le 99 rue de Lyon;
- les clubs d’aînés dans les différents quartiers ;
- les points Info Services.
En outre, la suppression des Unités d’action communautaire (UAC) et de l’Agenda 21 va détruire la politique municipale en matière de cohésion sociale, de développement durable et d’égalité.
Enfin, ces coupes budgétaires représentent le licenciement de 49 personnes.
Le PS, les Verts et Ensemble à Gauche dénoncent ces attaques sans précédent.
(...)

On aurait tort d'oublier dans nos vitupérations contre les âneries budgétaires de la droite municipale, que celle-ci ne propose pas seulement de supprimer le service « Agenda 21 »  et de virer une trentaine de travailleurs sociaux, mais aussi de couper dans toutes les «  lignes 31 »  finançant le fonctionnement même de l'administration municipale. Or dans le seul domaine de la culture et du sport, ces coupes provoqueraient de gros dégâts : dans l'organisation des manifestations culturelles (Fête de la Musique, Nuit des Musées, Musiques en été, etc) et sportives (Urban Geneva, Jeux de Genève, VTT Trial, etc.), dans l'animation dans les bibliothèques municipales et leurs possibilités d'acquisition, dans  la capacité d'entretien du matériel sportif courant, dans les possibilités d'expositions temporaires dans les musées etc... Mais bon, hein, tout ça, c'est de la culture (et un peu de sport), et on sait bien que la culture, c'est un truc de gauche... acheter des livres pour les bibliothèques, pis quoi encore ? Apprendre à lire ?  avec le risque de lire des trucs écrits par des naturalisés, genre Haldas ? Vade Retro...

« Si toi aussi, tu m'abandonne »... Tout fout le camp, décidément, et nos plus fidèles alliés nous laissent lamentablement choir: le Liechtenstein a annoncé son intention de signer la convention fiscale multilatérale de l'OCDE, qui instaure l'échange d'informations sur les avoirs bancaires. Autrement dit : qui abolit, de facto, le secret bancaire. Qui ne sera bientôt plus défendu que par des Etats « confettis » genre Maurice, Seychelles, Vanuatu, Samoa... Putain, mais on va la planquer où, notre rente AVS ?

Après Menoud, Rappaz, après le Conseil Municipal, le Grand Conseil : le député MCG Henry Rappaz a publié sur Face de Bouc un message de soutien à l'ordurière couverture de l'ordurier torchon d'extrême-droite français « Minute » (car au MCG, on lit la presse frontalière -mais quand elle se situe au même niveau que le lecteur), assimilant la ministre de la Justice Christiane Taubira à une guenon.  La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme a déposé plainte contre Rappaz, ainsi que contre le MCG en tant que tel pour avoir assimilé les frontaliers à une « épidémie »  à « éradiquer », le MCG a « blâmé » son député, qui a fait semblant de présenter des excuses, et le bureau du Grand Conseil a constaté que Rappaz s'étant exprimé hors du cadre de son activité de député, aucune sanction du parlement ne pouvait lui être appliquée. Rappaz est pourtant un habitué : il avait déjà été suspendu de commission pour avoir envoyé un courrier insultant à un détenu en usant de la messagerie du Grand Conseil...

Pour la deuxième fois, le patronat du nettoyage a fait recours contre une décision de la Ville de Genève manifestant sa volonté de ne plus employer, fût-ce en sous.-traitance, du personnel sous-payé pour nettoyer ses locaux. Et pour la deuxième fois, le patronat a gagné. La première fois, la Ville voulait imposer un salaire minimum de 25 francs de l'heure, en payant le différentiel entre le salaire effectivement versé (le salaire minimum conventionnel étant inférieur à 20 francs de l'heure) par l'entreprise mandatée et ce salaire minimum. La patronat et le tribunal (la Cour de Justice) y avaient vu une atteinte à la « liberté économique » (celle de sous-payer son personnel, en l'ocurrence). La Ville a donc remis le couvert sous une autre forme, en faisant entrer le salaire dans les critères d'attribution du marché du nettoyage de ses locaux. Re-recours du patronat, et retoquage de la Ville par la Cour de Justice, qui reproche à la Ville de faire prévaloir un critère politique sur les critères économiques et annule l'appel d'offre contesté par la patronat. La Ville devrait alors soumettre un nouvel appel d'offre sans critère faisant référence aux salaires. Pour préserver le droit du patronat du nettoyage à sous-payer les nettoyeurs (et surtout les nettoyeuses). Bon, ben dans ces conditions, nous, on ne voit qu'une solution pour lutter contre les bas salaires pratiqués dans le secteur : «internaliser» le nettoyage des locaux de la Ville, c'est-à-dire employer directement, au sein de la fonction publique municipale, le personnel affecté à cette tâche que les employeurs privés veulent continuer à rétribuer au lance-pierres. Parce que des fois, le lance-pierres, il peut aussi faire boomerang.

Donc, le luminescent président du MCG, Roger Golay, ira luminescer à Berne à la place de Mauro Poggia, qui doit quitter son strapontin du Conseil National pour son fauteuil de ministre cantonal genevois. Contrairement à Poggia, jugé par l'UDC «trop à gauche» (si, si...) pour pouvoir intégrer le groupe parlementaire blochérien, Golay espère pouvoir en faire partie et siéger ailleurs que dans un coin de la salle. Il a toutes ses chances Golay : un groupe parlementaire qui trouvait que Poggia est « trop à gauche » ne pourra que constater l'inanité d'un tel soupçon s'agissant du porte-voix de Stauffer...


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