Fonds de tiroir

Se prononçant en faveur de l'initiative intégriste pour le non-remboursement des interruptions volontaires de grossesse par l'assurance-maladie de base, le Génie des Alpages a expliqué («Le Temps» du 10 décembre) qu'il ne voyait pas pourquoi il devrait «payer pour une intervention (qu'il) condamne». Parce qu'il est évidemment contre la légalisation (qui date d'il y a onze ans, sous sa forme actuelle) de l'avortement. Bon, ben si Freysinger ne voit pas pourquoi il devrait payer pour une intervention qu'il condamne, nous, on voit pas pourquoi on devrait payer par nos impôts pour un Freysinger qui nous court sur le haricot. Parce que si les cotisations d'assurance-maladie de Freysinger sont, comme celles de tout le monde, fixées en fonction de « coûts de la santé » qui comprennent ceux des IVG pris en charge par l'assurance de base, nos impôts à nous, contribuables genevois, servent à alimenter une péréquation fédérale à laquelle Genève contribue et dont le Valais bénéficie. Ce qui fait que le budget du canton du Valais, qui paie le salaire du Conseiller d'Etat Freysinger, est alimenté par les impôts genevois (entre autres). Et que donc, quand je paie (même en retard) mes impôts, je paie (un peu, vu le montant de mes impôts) Freysinger, comme quand Freysinger contribue au remboursement des avortements quand il paie ses cotisations de caisse-maladie. Qui disait déjà qu'il ne pouvait y avoir de société qui fonctionne sans institutionnalisation de la schizophrénie ?

Donc, lundi soir, le gouvernement genevois prêtait (pour un rendu) serment, et son président, François Longchamp, prononçait le fameux «discours de Saint.-Pierre» (pas parce que Longchamp se prend pour Pierre, mais parce qu'il discoure dans le Temple de Saint-Pierre). On suppose que tout le gratin (et au-delà) politique (et au-delà) genevois (et au-delà) y était. Donc pas nous, évidemment (mais on en a vu des bouts sur « Léman Bleu », et en fait, on a trouvé ça assez... comment dire sans vexer personne... longuet...). La «Tribune de Genève» de mardi nous rappelle que la tradition d'un discours prononcé par le président du gouvernement genevois en début de législature remonte à 1827 (sous l'ancien régime restauré, donc), et que cette année là, c'est le Premier Syndic (c'était le titre du président du gouvernement cantonal, avant la révolution radicale) Jean-Pierre Schmidtmeyer, qui a prononcé le «discours de Saint-Pierre». Mais qu'on ne sait pas vraiment ce qu'il a dit, vu qu'on a paumé le texte du discours. Notez bien qu'on s'en fout un peu, de ce qu'il a pu dire, le Premier Syndic en 1817. De ce qu'a pu dire lundi le président du Conseil d'Etat aussi, d'ailleurs. Même si la nouvelle constitution genevoise donne désormais au Grand Conseil la compétence d'approuver (ou non) la « feuille de route» gouvernementale exprimée par le « discours de Saint-Pierre ». Sans dire ce qu'il se passerait si elle le refusait. Mais de ça aussi, on avoue qu'on se fout un peu. Surtout que vu la composition politique du gouvernement et du parlement, on ne voit pas ce que Longchamp aurait pu dire qui fâcherait la majorité du Grand Conseil...

La « Tribune de Genève » relatant le  « discours de Saint-Pierre » (le programme du nouveau Conseil d'Etat genevois, quoi) tenu la veille par le président du Conseil d'Etat, François Longchamp, nous rappelle utilement les engagements du  «discours de Saint-Pierre»  (le programme d'alors du Conseil d'Etat sortant), tenu par le même François Longchamp il y a quatre ans, par exemple : construire 2500 logements en un an (on en aura construit moins de 2000), revisiter le nombre, le fonctionnement et le rôle des communes (on n'a rien changé), soutenir les  « emplois de solidarité » (qui se sont révélés fauteurs de sous-traitance salariale et sociale), soutenir la traversée routière du petit lac (qui s'est ensablée à Berne)...  Utile rappel, merci la  « Julie », ça redimensionne l'importance du prêche gouvernemental...

On va donc devoir revoter sur l'initiative de l'Avivo « Stop aux hausses des tarifs des Transports Publics Genevois », sur laquelle on a déjà voté en mars dernier et qui avait été acceptée. Motif du revote ? Le texte de l'initiative n'avait pas été correctement reproduit dans la brochure explicative envoyée aux zélecteurs et trices. Et le Parti Pirate en avait fait une maladie et déposé un recours en annulation du vote, recours accepté, donc, malgré un recours contre le recours (on vous la fait brève...). Bon, ben on revotera. Et on fera en sorte qu'elle soit à nouveau acceptée, l'initiative. Parce que malgré ses défauts, elle a une qualité essentielle : elle propose que les tarifs des TPG soient décidés par le parlement sous forme de loi, et donc soumis à référendum. Et que ça, ça vaut le coup d'être soutenu.


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