Brèves de comptoir

Vous vous en souvenez certainement -et si vous l'avez oublié, on se fait un devoir de vous le rappeller, puisqu'il y a récidive : lors de la votation sur l'initiative «antiminarets», l'UDC avait sorti des statistiques bidouillées par elle-même, et qui nous annonçait que, la proportion de musulmans dans la population doublant tous les dix ans, l'islam sera la religion majoritaire en Suisse dans cquarante ans. C'était évidemment d'une assez somptueuse ânerie (puisque ça se contentait de prolonger géométriquement une courbe partant pratiquement de zéro), mais ça avait fait le buzz, et c'était le but. Et donc, l'UDC recommence. Plus avec les musulmans, mais avec les «étrangers» (même pas les immigrants : les « étrangers ». Y compris ceux nés en Suisse). En nous annonçant, avec la même méthode (une « falsification grossière », commente Christian Levrat), une Suisse de 15 millions d'habitants en 2060, dont une majorité d'étrangers. L'Office fédéral de la statistique réfute les chiffres et la méthode, mais l'UDC, évidemment s'en fout : elle ne produit pas une projection rationnelle, mais un argument de campagne. Et dans une campagne électorale, c'est elle qu'on entend, pas l'Office fédéral de la statistique.  Notez bien qu'en prolongeant la courbe des votes UDC depuis sa création, elle aurait dû arriver à un score d'à peu près 350 % des suffrages il y a trois ans... On se demande pourquoi elle ne l'a pas annoncé, partant du principe churchillien : « je ne croirai aux statistiques que lorsque je les aurai moi-même falsifiées »... Et l'UDC croit beaucoup aux statistiques.

A Genève, les Verts libéraux pèsent 3 % des suffrages. C'est-à-dire que dalle. Ce qui ne les empêche pas d'avoir des ambitions. Pas des ambitions programmatiques, des ambitions électorales : But final : faire élire quelqu'un au niveau cantonal (ils ont quelques élus municipaux, mais aucun dans plus grandes villes et en Ville de Genève). Et tout le reste semble passer après -et notamment après les ambitions cantonales du président du parti, Laurent Seydoux.  Résultat : l'un de leurs fondateurs, Charly Schwarz, claque la porte (il avait déjà quitté les Verts qu'il jugeait trop à gauche et le PLR qu'il jugeait insufisamment écolo) en dénonçant l'absence de démocratie interne et le conformisme d'un parti qui, n'étant pas «  aux affaires », pourrait se permettre de ne «  pas être pragmatique » et de « créer l'agenda politique » plutôt que suivre celui des autres « pour l'élection hypothétique de quelques égos ». Quatre membres de la direction du parti en démissionnent également, certains démissionnant aussi du parti, pour des raisons semblables : le Conseiller municipal François Perrin, de Chêne-Bougeries, estime que le parti « manque de ligne directrice », le candidat au Grand Conseil William K. Rappard déplore la perte de « l'aura progressiste et humaniste » qu'il croyait avoir décelé chez les Vert'lib. Commentaire du président Laurent Seydoux : ce contestations sont le fait d'une «minorité bruyante» pendant que « la majorité du parti travaille en silence » . Un silence de catacombes, même. D'où certains ont tout de même réussi à sortir. Mais vu la force des Verts libéraux à Genève, quatre ou cinq démissions, ça frise l’hémorragie. A part les Seydoux et Putallaz il va rester qui dans ce groupuscule ? Parce que c'est simple : chez les Verts libéraux genevois, c'est comme chez les trotskystes : « dès qu'on est trois, c'est qu'il y a un traître» ...

La commune de Puplinge avait fait recours, et gagné, contre le projet de construction d'une nouvelle (une de plus) prison à Genève, à côté de Champ-Dollon (et de Favra et de la Brenaz), « la Brenaz 2 » (ouais, y'en a déjà une, mais quand on aime, on ne compte pas). Le Tribunal administratif de première instance avait admis le recours et suspendu le début du chantier. Eh bien le canton a fait recours (auprès de la Chambre administrative de la Cour de Justice) contre l'admission du recours de la commune auprès du Tribunal administratif. Et si le canton gagne son recours, est-ce que la commune va faire recours (au Tribunal Fédéral) contre l'admission du recours du canton contre l'admission du recours de la commune ? Après quoi le canton pourrait se débrouiller pour trouver une instance (européenne, mondiale, galactique) auprès de laquelle faire recours contre l'admission du recours de la commune contre l'admission du recours du canton contre l'admission du recours de la commune ?

Dans la « Tribune de Genève » de samedi, deux annonces publicitaires concernant le vote du 9 février sur l'initiative xénophobe  (pardon du pléonasme) de l'UDC sur l'«immigration de masse» se suivent sans se ressembler, d'une page à l'autre. Page 5, le dégueulis islamophobe sur le fantasme de «bientôt 1 million de musulmans» en Suisse, à partir d'une poursuite géométrique de l'accroissement du nombre de musulmans depuis 43 ans. Conclusion : « par conséquent : stop à l'immigration de masse ». L'immigration en Suisse est d'ailleurs en majorité chrétienne, mais on n'en est pas à une connerie près dans les campagnes udécistes. L'annonce est signée par les deux ligues tessinoise et genevoise, la Lega et le MCG. Et page suivante, une annonce six fois plus grosse où le Conseiller d'Etat du MCG Mauro Poggia, accessoirement musulman (ce dont on se foutrait royalement si le MCG lui-même ne signait pas une annonce islamophobe). appelle à voter « non » à l'initiative à laquelle son parti de croisés confondant Jerusalem et la plaine de Plainpalais appelle à voter « oui ». Et dans la même «Tribune», on lit à la fois la prise de position de Poggia contre les campagnes xénophobes de son parti, et les explications du président dudit parti, l'ineffable Golay, qui nous explique que si l'annonce sur le fantasme du million de musulman est signée par le MCG, c'est qu'il n'a pas vu passer le puck.  Le MCG semble donc avoir lancé une deuxième version de son générateur automatique d'excuses (le Poggiamatic) : la machine à jouer au con (le Golaytron). Le Poggiamatic produit du « si mes propos ont pu blesser certaines personnes, je m'en excuse » et le Golaytron du «  c'est pas ma faute, je savais pas ce que je signais ». A eux deux, ils doivent couvrir deux des clientèles du champ politique MCG : les girouettes et les cons. N'empêche que si c'était (et c'est toujours) un honneur d'être considéré comme juif par des antisémites même quand on est pur goy athée, on va devoir si ça continue, faire semblant en tant que Suisses de souche de se convertir à l'islam rien que pour faire chier le MCG, la Lega et l'UDC.

Dans un communiqué de mercredi dernier, Léman Bleu confirme à ses téléspectateurs et aux médias qu’elle ne retransmettra plus les séances du Grand Conseil jusqu’à nouvel avis après que le Parlement genevois ait dénoncé, en décembre dernier, la convention de prestations qui le liait à la chaîne genevoise et amputé de son budget 2014 les CHF 200'000 francs dévolus à la couverture des frais de production et de retransmission de ces séances. On s'en fout, puisque Léman Bleu continuera de retransmettre les séances du Conseil Municipal. L'essentiel est sauf, non ?

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