Fonds de tiroir

Nos transports publics genevois n'en ratent décidément pas une : on apprend qu'ils ont laissé passer le délai leur permettant de réclamer une rétrocession de 570'000 balles de l'impôt fédéral sur les carburants. Explication (si on peut dire) du chargé de com' des TPG : « il s'agit d'un cumul d'événements et de modalités de remplacement insuffisamment précises entre les différentes personnes responsables ». Il a bien fait d'être dans la com', celui-là : savoir parler pour ne rien dire avec ce talent, c'est rare. Sauf peut-être en politique. Bon, bref. les TPG « oublient de réclamer 570'000 francs » à la Confédération, qui les leur doit, mais pas de nous réclamer à nous les 180 balles de nos contraventions de resquilleurs millitants ? Ben on est honorés de passer avant Maman Helvetia. Si, si, on est honorés. Fauchés, soit, mais honorés.

On apprend, par la «Tribune de Genève» de samedi dernier, que sept établissements privés, évangéliques romands enseignent à 200 élèves, en la présentant comme véridique (puisque révélée...) la théorie « créationniste » : Dieu a créé le monde en six jours, l'être humain en dernier et s'est autocongratulé le septième jour. Il n'y a pas d'évolution, tout est dans tout tout de suite et n'évolue plus après. Commentaire de la cheffe de l'enseignement privé au DIP : le Département vérifie que l'enseignement par les écoles privées corresponde au plan d'études romand, mais « n'intervient pas sur les matières supplémentaires enseignées ». Ah bon, alors on peut enseigner n'importe quelle connerie dans une école reconnue par l'Etat ? Et si demain une école privée enseigne comme « matière supplémentaire » les  «Protocoles des Sages de Sion» on fait quoi ? On appelle Dieudonné ?

Donc, dans le plus total mépris de la loi qui prévoit que 0,7 % du budget cantonal soit affecté à la coopération au développement, et alors que le canton n'en est qu'à 0,2 %, la majorité parlementaire (sans le PDC, mais le PLR suivant en frétillant la ligne du MCG et de l'UDC) de la capitale mondiale des droits humains et du droit humanitaire, Piogre soi-même, a décidé de couper 15 % de la subvention annuelle allouée à la Fédération genevoise de Coopération, parce que les prises de position de cette « faîtière » lui déplaisent (l'UDC et le MCG, en particulier, n'ont pas avalé qu'elle se soit prononcé contre l'initiative xénophobe de l'UDC, que le MCG -mais pas son conseiller d'Etat- soutient). Bref, la Fédération genevoise de Coopération a perdu 500'000 francs en punition de sa malpensance politique. Du coup, on se demande si des communes de gauche (une, en particulier...) ne devraient pas se vouer, une fois de plus, et  même si elles font leur boulot dans ce domaine comme dans les autres (la Ville de Genève, par exemple, a prévu d'atteindre ses 0,7 % dans les quatre ans à venir) à  compenser les imbécilités cantonales -en l’occurrence, ce que la démo-chrétienne Anne-Marie von Arx a qualifié fort justement de « règlement de compte minable ».

Débat sur la vente à la multinationale UPC Cablecom des actions de la Ville de Genève dans son téléréseau (Télégenève/Naxoo), le 23 janvier : un représentant des Verts, assure que l'ensemble du personnel de Naxoo a voté en faveur de cette vente. Manque de pot, le personnel n'a voté qu'en faveur du plan social l'accompagnant, sans se prononcer sur la vente. Vous trouvez pas que plus le vote approche (c'est le 9 février), plus l'argumentation des partisans de la vente devient fumeuse ?

Notre président de parti, Christian Levrat, nous a envoyé mercredi à toutes et tous, fidèles militantes et tants, un message où il se dit, après le dernier sondage sur les intentions de vote du 9 février, choqué de ce que « l'initiative rétrograde de l'UDC gagne du terrain ». Donc y'a un truc qui veut nous fait reculer, et qui avance. Mais s'il continue à avancer, le truc qui veut nous faire reculer, on va reculer vers là où on est déjà ? Ou alors le truc qui avance en voulant nous faire reculer, il avance lui-même mais à reculons. Donc il recule aussi. Et donc si nous on reste là où on est, on sera en avance sur le truc qui aura reculé. C'est peut-être le  bon moyen d'être à l'avant-garde, ça, de faire avancer des propositions qui feront reculer la société pendant que nous, peinards, à notre place, on n'aura même pas eu besoin de bouger pour être devant tous ceux qui auront reculé grâce à l'avance de la proposition qui les aura fait reculer.
Quelqu'un a une aspirine ?

On avait pris l'habitude, commode, confortable, de considérer le PDC comme le parti politique, et son groupe parlementaire comme le groupe parlementaire, les plus adaptés à la comparaison avec une girouette. Mais une concurrence est née, sur leur droite -très sur leur droite : le MCG. Qui ne se contente pas de piquer au PDC quelques anciennes gloires et quelques candidates recalées, mais qui semble vouloir aussi lui piquer son rôle. C'est ainsi qu'au Grand Conseil, ces derniers jours, on a vu le MCG renvoyer en commission un projet qui y avait déjà été étudié et qui avait été soutenu par les représentants du MCG : le projet visait à soustraire à la spéculation les logements mis en vente en propriété par étage (PPE) dans les zones de développement. A la suite de quoi le député MCG qui défendait, en tant que rapporteur de commission, ledit projet a été viré de la commission et remplacé par un promoteur et porte-parole des milieux immobiliers. Même antipodisme à propos d'une résolution demandant au Conseil d'Etat d'intervenir contre le dumping salarial à l'aéroport (où GateGourmet a licencié son personnel pour le réengager à des conditions moins favorables) : le MCG, qui se donnait l'air de soutenir les travailleurs de Gate Gourmet, a joint ses voix à celles de l'UDC et du PLR pour refuser la résolution. Une girouette chasse l'autre -mais à tout prendre, on préférait l'ancienne. Elle est un peu rouillée, mais au moins elle ne se donnait pas des airs d'inflexibilite cohérence.

Pour remplacer leur directeur général, Roland Bonzon, démissionné début janvier, les Transports Publics Genevois font appel, à titre intérimaire, à leur ancien directeur général de 1987 à 2004, Christoph Stucki, 68 ans. Finalement, notre motion sur la réintroduction des trams hippomobiles était prémonitoire : en cas de problème, faut toujours faire appel aux vestiges du passé...

A l'inauguration de la « tranchée couverte » de Vesenaz, le 20 janvier, le Maire de Collonge-Bellerive, Marcel Goehring, a eu ce mot historique : « cette magnifique tranchée couverte, nous nous sommes battus pour elle ». La commémoration de la Grande Guerre de 14-18 commence bien.

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