Fonds de tiroir

Enfin une bonne nouvelle, un signe d'espoir en les générations montantes, une lueur dans ce monde déprimant : selon une étude de l'Université de Berne, les jeunes romands picolent plus et font moins de sport que les jeunes alémaniques (et que les jeunes tessinois). 24 % des jeunes romands se prennent des bitures contre 20 % des Tessinois et 18 % des staubirnes, et 34 % des jeunes romands ne font jamais de sport contre 24 % des jeunes alémaniques et 15 % des jeunes tessinois. Santé, conservation !

Il y a deux semaines, la droite et l'extrême-droite du Grand Conseil genevois avaient renvoyé en commission (d'où il sortait) un projet du Conseiller d'Etat (de droite) François Longchamp, qui avait l'outrecuidance de vouloir empêcher quelques friqués d'acheter à prix cassés des appartements destinés à la classe moyenne, pour les revendre une fois le contrôle des prix écu, avec une grosse plus value, sans y avoir habité. En commission, la droite et l'extrême-droite ont fait trois propositions pour rendre le projet totalement inefficace : plus d'effet rétroactif de la loi (ça, ça passe encore), plus de pénalité si les propriétaires revendent leur logement sans y avoir habité mais après l'avoir loué, plus d'obligation des propriétaires de résider dans l'appartement qu'ils ont acheté. Le retour aux bons vieux immeubles de rapport des rentiers balzaciens, quoi... Ah ben on le savait qu'il fallait pas élire Vautrin et le Père Goriot au Grand Conseil, on le savait...

On va encore se farcir un de ces débats de sociétés de derrière les fagots (ou les cagots), je vous dit que ça... L'initiative populaire «Protection contre la sexualisation à l'école maternelle et à l'école primair » a formellement abouti. Sur 110'929 signatures déposées, 110'040 sont valables, a annoncé lundi la Chancellerie fédérale. Le texte, issu de milieux de la droite conservatrice, veut empêcher toute éducation sexuelle à l'école avant que les enfants aient atteint l'âge de neuf ans. A moins qu'il s'agisse d'une école religieuse, bien sûr, les bon pères se chargeant eux-mêmes, en mettant la main à la pâte, de l'éducation  sexuelle des chtis nenfants. Mais au fait, qualifier une école de « maternelle »  comme le font les auteurs de l'initiative, ça serait pas déjà la sexualiser, l'école maternelle ?

Selon une étude du Ministère français de l'Education sur l'impact des loisirs des ados sur leurs performances scolaires, les élèves consommateurs de téléralité et de soap operas ont de plus mauivais résultats  que les élèves qui préfèrent les livres aux conneries télévisées. ça nous en bouche en coin, on s'en doutait pas. Selon l'étude, un jeune lisant un bouqin (même du Marc Lévy, oui...) est confronté à un millier de mots différents, alors qu'un élève abruti devant une émission de téléralité n'en entend que 598. Tant que ça ? C'est en comptant les borborygmes, alors ?

On le sort par la porte ? Il rentre par la fenêtre : Daniel Devaud est incontournable. Juge à la Cour de Justice, sa candidature à la Chambre administrative avait été refusée parce qu'il n'était pas du bon bord politique; il avait donc quitté la Cour de Justice pour la Cour des Comptes, élu par le peuple sur la liste de gauche, pour démissionner de cette noble instance après des mois de conflit avec plusieurs de ses collègues. Candidat au Conseil d'administration de la Banque Cantonale pour y représenter la Ville de Genève, le Conseil Municipal lui avait préféré, comme représentant de la gauche, le candidat socialiste (la gauche avait fait fort : elle avait carrément présenté trois candidats, un par parti...). On a à peine eu le temps d'entendre les soupirs de soulagement des (nombreux) ennemis de Devaud que, coucou, qui revoilà comme candidat dans une élection tacite qui lui assure d'être désigné au poste de juge suppléant à la Cour de Justice ? Ben, Daniel Devaud, qui d'autre ? Vous savez à quoi ça nous fait penser, cette histoire? au sparadrap dont le capitaine Haddock n'arrive pas à se défaire dans l'« Affaire Tournesol »...

Ame de l'«  Appel de Genève », qui s'adresse aux groupes armés non gouvernementaux pour qu'ils s'engagent à bannir de leurs méthodes l'usage de mines antipersonnel, l'enrôlement d'enfants soldats, les violences sexuelles et les discriminations (ces groupes armés ne sont en effet pas sujets du droit international humanitaire -notamment des Conventions de Genève- qui n'implique que des Etats), Elisabeth Decrey Warner témoigne, en répondant à la question «  Pourriez-vous êtes basés ailleurs qu'à Genève ? », que «même au milieu de nulle part, la simple évocation de Genève ouvre des portes ». En fait, y'a qu'à Berne que ça en ferme, des portes, l'évocation de Genève...

L'Office fédéral de la statistique nous apprend qu'entre 1999 et 2013, le nombre de personnes détenues en exécution de peine a augmenté de plus d'un tiers (35%), notamment à cause des personnes emprisonnées faute de s'être acquittées d'une peine pécuniaire (amendes, jours-amende). Les « jours-amende » sont supposés remplacer depuis 2007 les courtes peines de prison, mais du coup le nombre de personnes condamnées à des peines pécuniaires a pris l'ascenseur. Seulement voilà : quand on ne les paie pas avec des sous, les amendes des « jours-amende », on doit les payer avec des jours de gnouf. Résultat : la mesure qui devait désengorger les prisons contribue à les engorger (après avoir engorgé les offices des poursuites...) de gens qui ne peuvent ou ne veulent pas payer (en 2013, il y avait 2,5 fois plus de ce genre de débiteurs en prison qu'en 1999). Bah, pas de problème : on construira de nouvelles prisons pour les engeôler, puisque c'est ce qu'on fait pour chaque catégorie de prisonniers, avec à chaque fois une prison spécifique : une pour les frapadingues, une pour les étrangers en situation irrégulière, une pour les petites peines, une pour les grosses. Et une ou deux pour le plaisir. Parce qu'il y'en a apparemment que ça émoustille de construire des prisons. Surtout à Genève.

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