Siphonnage avant privatisation totale du téléréseau genevois ? Un NON de plus en plus nécessaire

On vote, en Villle de Genève, le 9 février, sur la vente des actions de la Ville dans la téléréseau municipal (Naxoo). L'acheteur potentiel de ces actions, UPC Cablecom, s'est à sa manière, lourdingue, invité dans la campagne : le fichier des clients lui a été transféré (sans que les clients aient été consultés sur ce transfert), et Cablecom rapatrie chez elle des milliers de clients Naxoo avant même que l'on sache si elle sera ou non l'actionnaire unique. Rapatriement d'ailleurs assez foireux.  On devrait remercier ces chauds partisans de la proposition de privatisation totale de l'actionnariat de Naxoo : en siphonnant Naxoo avant même que le peuple leur en ait donné l'autorisation, ils contribuent à rendre nécessaire, le 9 février prochain, un NON à cette autorisation. Et à leurs pratiques.

De bulletin de vote comme gousse d'ail 

Fêtera-t-on, dans deux ans, le trentième anniversaire de la création du téléréseau genevois, ou le 1er anniversaire de sa disparition en tant qu'infrastructure en mains publiques ? C'est en 1986 que la Ville de Genève, Coditel et les PTT présentaient leur projet de téléréseau, qui allait faire de Genève, écrivait Le Journal de Genève, « l'une des villes les plus sophistiquées en matière de télécommunication ». Mais ce qui pouvait apparaître comme une avancée en 1986, au fil des occasions perdues et des choix erronés, s'est révélé être un piège. Contrairement au téléréseau lausannois, que la ville de Lausanne ne vend pas et dans lequel elle investit, le téléréseau genevois n'est pas lié aux Services Industriels (la Ville de Genève est pourtant actionnaire à la fois des Services Industriels et de Télégenève),  qui ont développé leur propre réseau et se sont alliés à Swisscom. Télégenève ne s'est pas non plus alliée à Swisscom, ni n'a réussi à se fédérer avec les autres téléréseaux municipaux, alors même qu'elle était prestataire de certains d'entre eux. De plus, la convention d'actionnariat passée entre la Ville et UPC Cablecom ligote la commune à la société privée, à qui a été accordé un droit de veto sur toutes les décisions importantes.

Si 022 Télégenève (Naxoo, pour les intimes) est une société anonyme, cette société a été créée par une collectivité publique, la Ville de Genève, qui en est l'actionnaire majoritaire. Si elle n'est pas, formellement, un service public, elle n'en assure pas moins, réellement, un service qui correspond à un droit du public, reconnu par la constitution cantonale : celui d'être informé. Peu importe dès lors le statut juridique de la société : ce qui importe, c'est la fonction qu'elle assure, de concrétiser ce qui, aujourd'hui, est un droit fondamental. Et de le concrétiser en respectant des contraintes (les droits des travailleurs, les droits des usagers, la qualité du service, l'implantation locale de la société...) qui ne sont pas celles d'une société purement commerciale, mais celles que doit imposer une collectivité publique aux sociétés dont elle est l'actionnaire majoritaire.

Une majorité du Conseil Municipal de la Ville de Genève soutient la proposition de vendre le paquet majoritaire d'action que détient la municipalité dans la société du téléréseau, et de le vendre à UPC Cablecom, filiale de la multinationale  Liberty Global. Des conditions avaient pourtant été posées par le Conseil Municipal à Cablecom, comme un préalable à la vente des actions de la Ville  : si ces conditions n'étaient pas remplies, la vente à Cablecom des actions de la Ville ne devait pas se faire. Or elles n'ont  été remplies que très, très partiellement (la principale, le maintien des emplois, ne l'étant pas du tout, puisque le contrat de vente des actions de la Ville autorise l'acheteur à licencier 10 % du personnel de Naxoo chaque année pendant cinq ans -après quoi, plus rien n'étant prévu, le reste du personnel peut être licencié en totalité). La majorité du Conseil Municipal de Genève a donc retourné sa veste, abandonné sa position de principe, et finalement accepté ce qu'elle aurait du refuser. Or nous, les conditions posées par le Conseil Municipal (le maintien des emplois, le maintien de l'entreprise à Genève, la signature d'une convention collective de travail par UPC Cablecom...) on y tient, et on s'y tient. Alors on fait comme on a dit -et comme on a dit NON à la vente des actions municipales dans le téléréseau municipa, tant que les conditions posées par le Conseil municipal n'ont pas été remplies, et qu'elles n'ont pas été remplies, et qu'au surplus, les pratiques actuelles d'UPC-Cablecom sont non seulement « maladroites », comme le déplorent les partisans de la vente, mais détestables, ce NON on le redit, et on vous invite à le dire avec nous... quelque purge et saignée que les médicastres de Cablecom aient trouvé judicieux d'opérer sur la clientèle de Naxoo.

Il y a des vampires contre lesquels un bulletin de vote est plus efficace qu'une gousse d'ail.

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