Fonds de tiroir

On allait oublier : le 9 février , il y a eu au moins un vote encore plus con que celui sur l'initiatve UDC... Et pourtant, le challenge était d'importance. Mais à Au-Heerbrugg, dans le canton de Saint-Gall, ils ont carrément voté, sur référendum de l'UDC (ben voyons) pour savoir si deux fillettes somaliennes pouvaient ou non aller à l'école les cheveux couverts par un voile. Et la réponse a évidemment été « non ». A deux contre un. Mais qu'est-ce qu'il peut y avoir de plus con comme vote qu'un vote au suffrage universel sur la manière dont deux fillettes doivent se couvrir ou se découvrir les cheveux? Un vote au suffrage universel sur les demandes de naturalisation, peut-être -et encore... la prochaine étape, c'est quoi ? soumettre les procédure de divorce, de mariage ou d'adoption au vote populaire ?

A Zurich, y'avait le 9 février des élections municipales. la droite voulait (ou disait vouloir) renverser la majorité de gauche à l'exécutif municipal. Et n'y est pas arrivée, même si le PLR a piqué un siège aux Verts à l'exécutif. La socialiste Corine Mauch a été largement réélue à la Mairie (avec 16'000 voix d'avance sur son concurrent, le PLR Filippo Leutenegger) et six des neuf sièges de l'exécutif restent occupés par des magistrat-e-s de gauche (quatre socialistes, un vert et un alternatif), l'UDC, les Verts libéraux, les Démocrates Suisses (un truc à la droite de l'UDC (voui, c'est possible à Zurich aussi) et les Pirates restent à la porte. Au Conseil Municipal, les socialistes perdent un siège mais restent largement le premier parti (avec 38 sièges), les Verts (14 sièges) restent stables, la gauche alternative gagne trois sièges et en totalise dàsormais huit. La gauche n'a cependant pas réussi à reprendre la majorité absolue perdue en 2010 (comme à Genève en 2011), puisqu'en face, les Verts libéraux ont gagné un siège (ils en ont désormais treize), le PLR en gagné trois (ce qui lui en fait 22) et l'UDC, qui a perdu deux sièges, en a quand même gardé 22. Bon, d'accord, c'est pas un triomphe pour la gauche, mais quand même, ça tranche avec la morosité ambiante. Y'a des week-end électoraux où ça fait plaisir de regarder certains coins de Suisse alémanique. Faut juste savoir bien viser. Et pas se désepérer si on a loupé de peu le coeur de cible. D'ailleurs, Zurich a aussi refusé l'initiative xénophobe...

A Bâle Ville, les zélecteurs et trices ont accepté le 9 février un projet de loi instituant des quotas féminins dans les conseils d'administration des entreprises publiques (30 % des sièges du Conseil dans les entreprises où le canton est majoritaire (Banque cantonale, hôpitaux, services industriels), 30 % des représentant-e-s du canton dans les entreprises où il n'est pas majoritaire). Et ça changera quoi ? Ben, y'aura plus de femmes dans les conseils d'administration... et alors ? Ben...

Malgré la baffe prise par leur initiative sur le déremboursement des interruptions volontaires de grossesse, les intégristes vont remettre le couvert avec une initiative populaire qui semble avoir obtenu le nombre de signatures nécessaires pour être soumise au peuple, et qui propose d'inscrire dans la constitution fédérale que « la vie de l'être humain commence dès la conception et prend fin par la mort naturelle ». Pourquoi « dès la conception » et pas dès l'ovulation ou la spermatogénèse, hein ? Et pourquoi jusqu'à la « mort naturelle » ? Un meurtre, un accident mortel, un suicide, ça compte pas comme mort ?

Bon, finalement, Saab ne financera pas la campagne en faveur de l'achat de ses avions de combat « Gripen » par notre glorieuse armée (de l'air et qui n'en manque pas, d'air), pour la modique somme de six milliards de francs selon Ueli der Soildat, de 10 milliards selon les opposants. Et du coup, Saab a récupéré les 200'000 balles qu'elle avait accordé au comité « pro-Gripen ». En revanche, on n'a pas de nouvelles du soutien financier accordé par Ikea. Quelqu'un doit-être en train d'essayer d'en comprendre le montage.

Jours tranquilles à Champ-Dollon, plus précisément dans la nouvelle aile de la prison, « Cento Rapido » : le 10 février, un détenu (condamné pour dommages à la propriété et vol: qu'est-ce qu'il foutait dans une prison préventive ?) met le feu à son matelas. Le dispositif automatique d'extinction se déclenche, un gardien ouvre la porte, le détenu lui balance plateau, fourchettes et couteaux à la figure, plusieurs gardiens arrivent en renfort, les pompiers débarquent, la police itou, des dizaines de détenus sont évacués. Vu le nombre de nouvelles prisons qu'il est prévu d'ouvrir à Genève, va falloir qu'on réadapte le vieux slogan mao « une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine ».

Les idées à la con après l'acceptation de l'initiative à la con sur l'« immigration de masse » :
1. L'udéciste argovien Luzi Stamm propose de remettre les retraités au travail pour combler le manque de main d'oeuvre provoqué par la fin de la « libre circulation ». Le travail des enfants, ça serait pas mal non plus...
2. Le socialiste bâlois Rudolf Rechsteiner propose d'organiser un nouveau vote parce que le peuple n'a pas compris sur quoi il votait le 9 février. Ben, pour qu'il comprenne, il suffit d'appliquer à la lettre l'initiative qu'il a approuvée. La méthode est rude, certes, mais elle devrait être efficace, vu l'inanité du texte...

Le comité d'initiative «Touche pas à mes dimanches» a déposé ce matin ses 9041 signatures au Service des votations - 7232 signatures valides sont nécessaires pour qu'elle aboutisse. L'initiative, soutenue par la gauche et les syndicats, veut inscrire dans la loi genevoise sur les horaires d'ouverture des magasins (LHOM) le principe de la fermeture des magasins le dimanche, à l'exception des dérogations déjà admises pour la gare, l'aéroport et les indépendants. Dans le scénario le plus optimiste, elle pourrait être soumise au peuple à l’horizon 2016. L'initiative s'oppose frontalement à une motion acceptée par le parlement fédéral, la motion  «Abate» (du nom de son auteur), qui propose une ouverture généralisée des magasins les dimanches dans les « zones touristiques», dont la définition pourrait inclure Genève. Le Conseil d'Etat genevois, pourtant à majorité de droite, s'y est opposé en déclarant que « toute modification qui va dans le sens d'une restriction des droits des travailleurs doit être interprétée de manière restrictive », a-t-il fait savoir par communiqué. L'initiative genevoise est donc une sorte de mesure préventive, : si elle est acceptée et que la motion «Abate» est traduite dans la loi, les magasins genevois pourront certes employer du personnel le dimanche mais ne seront  pas autorisés à ouvrir. Amusant, non ? Bon, le patronat du commerce de détail (surtout celui des grands magasins) risque de ne pas partager notre amusement...

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