Kazakhstan : solidarité avec le mouvement ouvrier réprimé

Massacre à Janaozen

2011, Kazakhstan : dans la ville pétrolière de Janaozen, une grande grève est réprimée dans le sang. Des milliers d'ouvriers du pétrole avaient cessé le travail pour exiger une hausse des salaires, de meilleures conditions de travail et le respect des libertés syndicales -y compris celle de créer des syndicats indépendants. Après sept mois de grève, en décembre 2011, la police a écrasé le mouvement : au moins 16 manifestants ont été tués et 84 blessés, des centaines de personnes ont été arrêtées,  37 détenus ont été inculpées de provocation de « troubles sociaux » et de «déstabilisation de la situation régionale», sept ont été condamnés à de lourdes peines de prison et sont toujours incarcérés. Une campagne internationale est lancée pour leur libération et pour le soutien au mouvement ouvrier kazakh.
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« Les malheureux sont les puissances de la terre » (Saint-Just)

Le Kazakhstan ne fait jamais la « une » -c'est loin, le Kazakhstan. Plus loin que l'Ukraine, mais y règne le même genre de kleptocratie autoritaire. Et c'est immense le Kazakhstan. Et ça pèse lourd : c'est de toutes les anciennes républiques soviétiques le plus gros producteur de pétrole après la Russie. Le onzième pays en fonction des réserves de brut. ça se soigne, les relations avec un tel pays, et avec le pouvoir (celui du président Nazarbaïev, un ancien apparatchik soviétique) qui y règne. La Chambre de commerce Suisse-Kazakhstan vante les mérites du pays et du régime : bonnes conditions-cadre, stabilité politique et sociale (on va voir ce qu'il en est), forte croissance économique, énorme réserves de matières premières... Et 2013, le Conseiller fédéral Schneider-Amann et l'ancien Conseiller national UDC Peter Spühler, co-président du Business Council Suisse-Kazakhstan conduisent une délégation suisse à Astana, pour approfondir les relations économiques et préparer un accord de libre-échange. La multinationale suisse Glencore Xstrata est preneuse : elle est engagée dans le commerce du zinc, de l'or et du blé kazakhs.

Le Kazakhstan est riche, et ceux qui le gouvernent aussi (quelques uns vaquent d'ailleurs paisiblement à quelques occupations mal définies en nos douces contrées, telle la fille du président Nazarbaïev, au bénéfice d'un forfait fiscal et d'un permis B, qui a acheté pour 75 petits millions une somptueuse propriété genevoise, sur les rives du lac). Le Kazakhstan est riche, mais la région de Manguistaou, qui abrite les champs pétrolifères qui font la richesse du pays et de sa nomenklatura, elle, reste pauvre. Comme les ouvriers de pétrole. A plusieurs reprises, ceux-ci se sont manifestés en de puissants mouvements de grève pour l'amélioration de leurs conditions de travail et du prix de leur travail. Ils ont commencé à fonder des syndicats indépendants des syndicats centraux, alignés sur le gouvernement et dirigés par des hommes liés aux entreprises privées, voire aux forces de sécurité. C'est en mai 2011 que ces mouvements ont culminé dans l'un des plus importants conflits de travail de l'ère « post-soviétique » : les ouvriers de trois entreprises pétrolières se sont mis successivement en grève, toujours à l'appui des mêmes revendications (salaires, conditions de travail, libertés syndicales). Malgré l'illégalisation du mouvement par une justice aux ordres du pouvoir, le licenciement de plusieurs milliers de travailleurs et la mobilisation de briseurs de grève, le mouvement n'a cessé de prendre de l'ampleur, notamment dans les villes d'Aktau et de Janaozen, et de recevoir le soutien de la population -jusqu'à ce 16 décembre, fête nationale kazakh, où la répression s'est abattue sur les ouvriers en grève et la population leur manifestant son soutien : la police ouvre le feu sur la foule, tue au moins 16 personne. La ville de Janaozen est interdite d'accès, les systèmes de communication sont interrompus, la répression se fait sans témoin extérieur. Des centaines de personnes sont arrêtées, 37 travailleurs sont traduits en justice, leur porte-parole Roza Tuletaeva est condamnée à sept ans de prison, six autres militants à quatre et six ans de prison. Elle et ils y sont toujours.

Deux ans après le massacre de Janaozen, une campagne internationale est lancée, de solidarité avec les syndicalistes emprisonnés et avec le mouvement syndical indépendant. C'est cette campagne que le SOLIFONDS vous demande de soutenir :
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