La septième victime du printemps turc de 2013 : Berkin Elvan, 15 ans, tué par la police

Le 16 juin 2013 au matin, à Istambul, Berkin Elvan, âgé de 15 ans, avait dit à sa mère qu'il irait plus vite qu'elle chercher du pain pour le petit déjeuner, et était parti l'acheter. Sur le chemin, il a reçu en pleine tête une grenade lacrymogène lancée par la police réprimant une manifestation pacifique. Il est tombé dans le coma. Il y est resté 269 jours. Il est mort mardi. Il est la septième victime de la répression des manifestations nées pour protéger le parc Gezi d'Istambul d'un projet combattu par la population. Ces manifestations s'étaient élargies en un vaste mouvement de contestation de la dérive autoritaire du gouvernement islamiste du Premier ministre Erdogan, empêtré dans une affaire de corruption à quelques semaines des élections municipales.
Une manifestation est organisée à Genève le vendredi 14 mars 2014 à 16h Place des Nations pour dénoncer la répression en Turquie et rendre hommage à Berkin Elvan.


« Ce n'est pas Dieu mais le Premier Ministre Erdogan qui m'a pris mon fils ! »

Berkin Elvan est la dernière en date des victimes de la répression des manifestations du printemps 2013 pour le maintien du parc Gezi à Istanbul. Lors de ces manifestations sept autres personnes ont été tuées: Mehmet Ayvaltas (20 ans), Abdullah Cömert (22 ans), Ethem Sarisülük (26 ans), Irfan Tuna (47 ans), Mustafa Sari (27 ans), Selim Önder (88 ans) et Ali Ismail Korkmaz (19 ans). 8000 autres personnes ont été blessées, dont des dizaines ont perdu la vue. Assumant la répression des manifestations par la police, le Premier MinistreTayyip Erdogan, l'encensa en ces termes : « La police turque a écrit une légende »...
Ces 25 dernières années, 565 enfants, dont une majorité  d'enfants kurdes, ont été tués par les « forces de l'ordre » turques. Là encore, Erdogan revendique la responsabilité de ces assassinats  : lors des émeutes de mars 2006 dans les provinces Kurdes, il déclare : « Femme ou enfant, peu importe, nos forces de sécurité feront le nécessaire. Les parents de ces enfants pleureront demain en vain »...
Durant 12 ans de pouvoir d'AKP (le parti du Premier Ministre), 184 enfants ont été tués par le bras armé du gouvernement turc. Comme Ugur Kaymaz (12 ans)  tué avec son père le 21 novembre 2004 à Kizilteke (Mardin). Son autopsie  a révélé qu'il avait reçu 13 balles. Ou comme Ceylan Önkol (12 ans) tué par un obus de l'armée turque le 28 septembre 2009 alors qu'il faisait paître des moutons.
Pour dénoncer l'assassinat de Berkin Elvan, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans 81 provinces deTurquie. Comme à ses habitudes, la police turque est intervenue violemment, utilisant des canons à eau et des gaz lacrymogène pour disperser les manifestants scandant des slogans hostiles au gouvernement tels que « Gouvernement assassin! ». Des heurts entre manifestants et la police ont fait des centaines de blessés. Devant la presse, la mère de Berkin Elvan a mis en cause Erdogan et déclare : « Ce n'est pas Dieu mais le Premier ministre Erdogan qui m'a pris mon fils ! »

« Le manque de volonté politique du gouvernement turc dans la démocratisation, dans la recherche d'une solution pacifique à la question kurde et dans la reconnaissance des droits élémentaires des minorités ethniques et confessionnelles est patent », déclarent à  Genève le Centre Culturel Kurde, le Centre culturel Alevi et la Maison populaire de Genève, qui appellent «toutes les personnes et organisations en faveur des droits humains et des libertés fondamentales » à manifester et se solidariser « avec les peuples de Turquie contre le régime sanguinaire, discriminatoire et négationniste en place », vendredi 14 mars à 16h sur la Place des Nations pour dénoncer la répression et rendre hommage à Berkin Elvan, dernière victime de la police turque.

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