Salaire minimum : on votera le 18 mai, et toute la droite défend le dumping salarial

La campagne syndicale pour l'initiative en faveur d'un salaire minimum légal de 22 francs de l'heure (ou 4000 francs par mois) a été lancée. On votera le 18 mai. Et toute la droite s'est déjà mise en ordre de bataille, pour défendre le dumping salarial.

Donner à 300'000 personnes les moyens d'échapper à l'endettement et de se passer de l'aide sociale


Le 18 mai, on votera pour le plus efficace des moyens de lutter contre le dumping salarial légal pratiqué sur (entre) les bas salaires. Trois mois après avoir perdu un vote dont on retrouvera à la fois les vainqueurs (l'UDC et ses satellites leghistes et èmecégistes) et quelques vaincus (Le patronat, le PLR, le PDC...) solidement unis contre l'initiative syndicale. Ce qui devrait au moins nous permettre de démontrer, par l'exemple, qui fraie avec qui pour défendre quoi :  Le PLR, le PDC, l'UDC, les ligues genevoise et tessinoise, toute la droite « modérée » ou « extrême » est coalisée avec le patronat pour défendre le dumping salarial en chantant les mérites d'un « partenariat social » brandi comme un étendard, alors que  la moitié seulement des salariés de ce pays sont couverts par une convention collective...
L'initiative syndicale n'est ni révolutionnaire (elle est foncièrement social-démocrate), ni hors de prix : relever tous les bas salaires à 4000 francs coûterait (sur quatre ans) 1,6 milliard à l'économie suisse à raison d'une hausse salariale moyenne de 460 francs par mois pour les salaires inférieurs à celui proposé comme plancher -ce qui rapporterait en retour un demi-milliard aux caisses publiques et aux caisses sociales, et ferait économiser une centaine de millions de dépenses d'aide sociale. En outre, ces ressources supplémentaires disponibles pour 300'000 personnes seraient en totalité consommées, réinjectées dans l'économie « réelle » puisque on se situerait toujours dans des niveaux de revenu ne permettant ni d'investir, ni de thésauriser.

L'instauration d'un salaire minimum légal serait particulièrement appréciable pour les jeunes et les femmes, et pour toutes les travailleuses  et travailleurs oeuvrant à temps partiel pour moins de 22 francs de l'heure -et dont le directeur de l'USAM, le syndicat patronal des PME, fait petit cas, en disant des femmes qui sont dans ce cas qu'elle ne travaillent « que pour avoir un supplément dans le ménage » -à quoi on répondra en se demandant si le salaire doit être à nouveau fixé non en fonction du travail, mais du statut matrimonial, comme au XIXe siècle ?
Il va falloir se mobiliser, et mobiliser tous les électorats que nous pouvons mobiliser, pour que le 18 mai ne ressemble pas au 9 février. On pourra dans trois mois évaluer la part de celles et ceux qui, votant « oui » à l'initiative xénophobe de l'UDC, disaient voter contre le dumping salarial mais ne votaient en fait que contre les étrangers (et les étrangers en général et en bloc, immigrants économiques, requérants d'asile et frontaliers mis dans le même sac) : ceux-là voteront contre le salaire minimum -ou ne voteront pas. Le 9 février les principaux concernés par l'initiative xénophobe de l'UDC, les étrangers (immigrés ou non) ne votèrent pas -ils n'en avaient pas le droit.  Or, comme le rappelle le député socialiste vaudois Samuel Bendahan, la majorité des gens qui voteront le 18 mai gagnent plus que 4000 francs par mois (les pauvres ne votent pas...) et  que « beaucoup d'entre eux ne réalisent pas ce que représente de gagner » moins de 4000 francs par mois  :  ce ne sont pas seulement sur les vacances, les loisirs, la culture que l'on « rogne », mais aussi sur les soins médicaux. Lorsque le salaire est insuffisant à couvrir les besoins essentiels à quoi a-t-on recours ? A l'endettement personnel, ou à l'aide sociale.

Plus de 300'000 personnes travaillant à plein temps, dont 75 % de femmes, doivent aujourd'hui en Suisse se contenter d'un salaire inférieur 4000 francs par mois. Et donc se priver de tout ce qui n'est pas nécessaire ou obligatoire, dans ce pays où ce qui est nécessaire comme une bonne partie de ce qui est obligatoire (l'assurance-maladie, par exemple) coûte plus cher qu'ailleurs, Or nous sommes de ceux qui prèfèrent donner aux « travailleurs pauvres »  les moyens d'échapper à l'endettement et de se passer de l'aide sociale. A entendre les adversaires du salaire minimum, c'est encore, dans le pays le plus riche d'Europe, une position subversive...
Il est vrai qu'urbains, romands et de gauche, nous sommes forcément de mauvais Suisses.

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