Brèves de comptoir

Nouvelles perles de l'huitre du Parquet : dans un entretien au «Temps» d'hier, le Procureur  Général genevois Olivier Jornot,  en campagne (à contre-coeur, il aurait tant voulu être élu tacitement) pour être réélu (par le peuple, cette fois, pas seulement par lui-même) nous sort ces deux fortes phrases, après le double désaveu reçu du Tribunal fédéral sur les conditions de détention à Champ-Dollon et le refus d'accorder l'assistance judiciaire à des victimes de violences policières, puis les violences entre détenus (et contre les gardiens) :
1. « Je ne sens pas responsable des lacunes de l'Etat en matière pénitentiaire »
2. « Je ne suis pas responsable de l'outil carcéral »
Bref, il n'est responsable de rien, Jornot, qui affirme ne pas vouloir «  se laisser guider par la peur » que le merdier carcéral genevois (dont il n'est pas responsable) aboutisse à des morts à Champ-Dollon. Même pas par la peur de prendre ses responsabilités ?

Le promoteur Abdallah Chatila n'est pas content : le Grand Conseil a voté une loi réservant le droit d'acquisition d'appartements en « propriété par étages» dans les zones de développement, aux personnes n'étant pas encore propriétaires foncières dans le canton. Et la loi est entrée en vigueur immédiatement, ce qui signifie que tous les acquéreurs potentiels n'ayant pas encore conclu un véritable acte de vente (mais seulement une promesse de vente) devront renoncer à leur achat. Or lui, Abdallah Chatila, avait acheté le terrain de la Tulette, à Cologny, et offert 149 appartements à la vente en PPE (et les a tous vendus ou promis de les vendre) Sur ces 149 appartements, la majorité devaient être acquis par des personnes en acquérant plusieurs, et treize acheteurs se sont annoncés pour la totalité de 16 des 45 étages de l'ensemble. La famille Varenne, qui avait vendu le terrain, voulait à elle seule une trentaine d'appartements. Alors il n'est pas content, Abdallah Chatila : même rabotée par les copains politiques des milieux immobiliers, la loi votée par le Grande Conseil lui casse son coup, sous le futile prétexte que, destinés aux classes moyennes, ces appartements ne sauraient être accaparés par des gens qui n'ont en tête que la bonne affaire consistant à acheter à des prix plafonnés par l'Etat des appartements pour pouvoir les revendre ensuite au prix du marché, une fois le contrôle de l'Etat disparu. Des gâche- métier, ces politiques, rien que des gâche-métier, on vous dit.

A Genève, des vélos circulent parfois sur les trottoirs, pour éviter les rues embouteillées (ou, quand elles ne le sont pas, et qu'on y roule, de s'y faire shooter par les bagnoles),. ou les pistes cyclables encombrées de véhicules automobiles. Et circuler sur les trottoirs, c'est interdit pour les vélos. S'y garer, c'est aussi interdit pour les bagnoles, mais ça, ça ne pose pas de problème à la droite et à l'extrême-droite municipales genevoise. qui ont pondu une motion cyclophobe dans l'exposé de ses motifs. Et donc, mercredi soir, à deux voix de majorité, le Conseil Municipal de la Ville de Genève a accepté une motion demandant au Conseil administratif de la Ville de Genève de faire en sorte que la police municipale de la Ville de Genève  fasse respecter la loi qui s'applique en Ville de Genève sur les trottoirs de la Ville de Genève. Ah ben c'est qu'on est pas élus pour rien dans un parlement qui sert à rien d'autre qu'à enfoncer des portes ouvertes...

Selon une étude des Hôpitaux Universitaires genevois et de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, le poids des personnes dépend de leur voisinage. Dix mille Genevois ont constitué l'échantillon de l'étude qui fait le lien entre l'indice de masse corporelle (poids/taille au carré) et le lieu d'habitation. Résultat : à Genève, sur la rive droite les personne dépassant la moyenne cantonale de l'IMC sont plus nombreuses que sur la rive gauche, et sur la rive-gauche, plus nombreuses à l'ouest de la Praille, notamment dans les villes périphériques d'Onex et de Lancy, qu'en Ville de Genève ou à Carouge.  Notre poids est influencé par notre environnement, conclut l'étude. Ce qui en soi ne nous apprend rien, mais confirme scientifiquement et empiriquement ce qu'on pensait sans l'avoir vérifié : on est gros quand on vit avec des gros. Cela dit, un truc amusant ressort aussi de l'examen du rapport entre le poids (ou plutôt le rapport entre le poids et la taille) et le lieu d'habitation : c'est que les quartiers où la tendance au surpoids est la plus forte (Vernier, Onex) sont aussi ceux où le vote MCG est le plus fort. De la à en déduire un rapport entre la graisse en trop et les neurones en moins, il y aurait un pas qu'on ne saurait franchir sans franchir en même temps les bornes de la bienpensance, dont on sait à quel point le respect des limites qu'elles signalent nous est cher.

Pour la troisième fois en deux semaines, le Tribunal fédéral a claqué le Procureur général de Genève, Olivier Jornot. La première fois, c'était à cause des conditions de détention à Champ-Dollon. La deuxième fois, c'était parce qu'il refusait d'accorder l'assistance judiciaire (en clair, un avocat gratuit) à un prévenu sur lequel la police avait tiré. Et la troisième fois, avant-hier, c'est aussi parce que Jornot avait refusé l'assistance judiciaire, même pas à un prévenu mais à une handicapée ayant subi des attouchements sexuels pendant son hospitalisation. Trois désaveux de la part de la plus haute instance juridique du pays : Jornot est un récidiviste. Et elle est où, la place des récidivistes, selon Jornot lui-même, hein, elle est où ?

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