Brèves de comptoir

Après une quarantaine de blessés dans des affrontements entre détenus et entre détenus et gardiens à Champ-Dollon, une partie de la droite se réveille : deux députés PDC (qui vont se faire mal voir de leurs chefs) demandent au Conseil d'Etat des explications et des informations sur la nature de la surpopulation de la prison. Jean-Luc Forni a déposé une motion invitant le gouvernement à présenter un rapport indiquant quelle proportion de détenus «doit impérativement rester incarcérée», combien pourraient bénéficier des arrêts domiciliaires avec bracelet électronique ou être transférés dans d'autres établissements en Suisse »,  Bertrand Buchs demande dans une interpellation des « statistiques crédibles et exactes » sur la base desquelles pouvoir faire son travail de député. Il veut notamment savoir si Genève « garde trop longtemps des personnes en préventive par rapport au reste de la Suisse » (la réponse est : oui...). Et se demande même s'il n'y aurait pas d'autre solution pour réduire la surpopulation carcérale que celle consistant à construire de nouvelles prisons. On salue ce réveil de la conscience critique à droite. On attend qu'il se généralise à gauche. On rappelle que ça fait des années qu'on dit ici clairement que la politique carcérale genevoise tient à la fois de l'aveuglement, de la bêtise et du délire, ce qui fait beaucoup. Et on conclut en rappelant que les questions qu'on commence à se poser au Grand Conseil, un candidat au poste de Procureur Général se fait traiter d'irresponsable (y compris par des magistrats socialistes et verts) quand il les pose publiquement.... Il s'appelle Pierre Bayenet, le candidat qui pose les bonnes questions.

Les punaises de lit gagnent du terrain, nous annonçait la «Tribune de Genève» du 17 février, en précisant que cette intrusion avait commencé dans le quartier des Avanchets, en décembre dernier. Quartier qui se trouve être l'un des deux seuls, avec Châtelaine (juste à côté) à avoir voté à Genève en faveur de l'initiative udéciste contre l'« immigration de masse ». Alors, de deux choses l'une : ou bien les électrices et teurs ont cru voter contre l'immigration de masse des punaises de lit, ou bien les punaises de lit ont voté en masse. Et vu le contenu de l'initiative, on penche pour la deuxième hypothèse.

Selon un sondage réalisé mi-février, les socialistes (une trentaine de sièges de plus), l'extrême-droite (une vingtaine de sièges de plus), les libéraux (une vingtaine de sièges de plus) et la gauche de la gauche (une vingtaine de sièges de plus) seraient les gagnants des élections européennes du 22-25 mai prochain, au détriment des démocrate-chrétiens et des conservateurs du « parti populaire européen » qui perdraient une septantaine de sièges et passeraient derrière les socialistes (qui deviendraient le plus fort groupe du parlement) et des Verts, qui perdraient une vingtaine de siéges. Les partis opposés à l'Union Européenne en soi, ou à sa politique, regrouperaient au total 200 des 751 sièges du parlement, en additionnant (au mépris de leur contradiction fondamentale) la droite de la droite et la gauche de la gauche. Le Front National français obtiendrait à lui seul la majorité des sièges de l'extrême-droite, celle-ci risquant cependant de ne pas pouvoir constituer de groupe faute d'avoir des élus dans sept pays (elle ne présente de listes suceptibles d'avoir des élus que dans six pays). La politologue Corina Stratulat estime « possible que le vote suisse en faveur de la réintroduction des contingents pour les travailleurs (immigrants) soit exploité par les formations populiste ». Ah ben voilà, ça y est, enfin, on y est, dans l'Union Européenne... Et grâce à l'UDC, en plus...

Le Grand Conseil a accepté la proposition du Conseil d'Etat de renforcer la « palette » des sanctions possibles à l'égard de magistrats communaux (conseillers administratifs, maires, adjoints aux maires) ayant fauté. Jusque là, seules deux sanctions étaient possibles : l'avertissement, qui ne fait de mal à personne (Christian Ferrazzino et Pierre Müller en avaient reçu un après l'affaire de la rue du Stand), ou la révocation pure et simple (un Conseiller administratif  de Plan-les-Ouates avait été révoqué pour une affaire de moeurs). Désormais s'y ajoutent le blâme, l'amende (jusqu'à 10'000 balles, en fonction du traitement que le blâmé reçoit), la suspension de la fonction et du traitement pour un à six mois. Bon, cela dit, nous, on s'en fout, y'a aucune sanction possible à l'égard des conseillers municipaux de la part du Conseil d'Etat. Indéboulonnables, on est. Gnerk, gnerk et regnerk.

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