Initiative sur les tarifs des TPG:  On persiste et on vote

L'initiative de l'AVIVO sur les tarifs des Transports Publics Genevois avait obtenu 56 %  de votes favorables le 3 mars 2013, mais pour une sombre, quoique parfaitement accessoire, histoire de dissemblance entre le texte soumis à signature et le texte soumis au vote, le scrutin a été annulé. On revote donc le 18 mai sur ce texte. Certes, bricolée dans l'urgence, comme réponse à une tentative d'augmenter les tarifs sans que le service offert ait été, lui, amélioré, l'initiative de l'AVIVO est mal foutue (comme bien des initiatives que la gauche a lancée, ou soutenue). Mais elle donne elle-même le moyen de remédier à ses propres erreurs en transférant au parlement (voire, en cas de référendum, au peuple) le pouvoir d'adapter les tarifs des TPG.


Heri Dicebamus


Puisqu'il nous faut revoter, réargumentons : l'exercice sera d'autant plus aisé que le texte sur lequel il va falloir voter n'a pas changé, et que nous n'avons donc pas non plus à modifier notre argumentaire. Politique, l'argumentaire, parce que la question des tarifs des transports publics, et du mode de leur adoption (par qui ? comment ? Avec quel contrôle populaire ?) est une vraie question politique.

L'initiative de l'Avivo est  mal foutue ? Elle aurait dû se contenter de poser le principe de  l'inscription des tarifs dans la loi, et donc de la possibilité de lancer un référendum contre toute modification de ces tarifs ? Elle aurait dû s'abstenir de proposer elle-même une nouvelle grille tarifaire (et les initiants auraient dû vérifier si la grille tarifaire qu'ils proposaient ne contenait pas d'incongruités) ? Sans doute. Mais, outre que nous avons soutenu bien d'autres  initiatives « mal foutues », à commencer par l'initiative Minder contre les rémunérations abusives, les derniers à pouvoir faire à l'Avivo le reproche d'avoir bricolé une initiative sont bien ceux qui ont bricolé une modification de la loi pour pouvoir exclure du Conseil d'administration des TPG le magistrat y représentant la principale commune du canton, celle qui concentre presque tous les problèmes, presque toutes les charges, et presque toutes les lignes du réseau... De toute façon, l'enjeu de l'initiative de l'Avivo n'est pas dans les tarifs qu'elle propose (en proposant elle-même le moyen de les modifier), mais dans le processus de décision qu'elle instaurerait : donner au parlement, voire au peuple, le pouvoir de se prononcer sur les tarifs des TPG. C'est bien ce changement du processus de décision que craignent par dessus tout les opposants à l'initiative, c'est bien pour l'annuler qu'ils se sont félicités du succès du recours déposé pour se faire un peu de pub pré-électorale par le « parti pirate », et c'est bien pour ce changement que nous vous appelons à confirmer le vote de l'année dernière.

A chaque fois qu'un-e porte-parole des TPG, un membre de son Conseil d'administration, un Conseiller d'Etat (ou une Conseillère  d'Etat...), un-e député-e, voire un-e conseiller-e municipal-e prendra la parole ou la plume pour s'opposer à l'initiative, demandons-lui : tu les payes, toi, tes billets ou ton abonnements TPG ? Combien, de ceux qui vont s'opposer à l'initiative de l'Avivo, s'acquittent des tarifs des TPG ? Combien, de ceux qui s'opposent à la gratuité des transports publics, en bénéficient déjà, lors même qu'ils la refusent aux autres ? En tous cas, celles et ceux qui, directement ou indirectement, fixent les tarifs des TPG, sont exemptés ou s'exemptent eux-mêmes de les payer : députés, conseillers d'Etat, membres du Conseil d'administration des TPG disposent d'abonnement qu'ils se font offrir, aux frais des TPG -et donc des contribuables, et donc des usagers lambdas -qui, eux,  paient déjà deux fois les transports publics, une fois en tant qu'sagers, et une seconde fois en tant que contribuables.

Bref, ceux qui décident des tarifs ne les paient pas, et ceux qui les paient n'ont rien à dire sur ce qu'ils paient. Si l'initiative de l'Avivo ne devait avoir qu'un mérite, ce serait de rompre avec cette pratique : puisque ceux qui décident des tarifs des transports publics ne les paient pas, qu'au moins ceux qui les paient puissent se prononcer sur ce qu'on leur fait payer. Après tout, à Genève, toute modification des lois fiscales, de l'assiette fiscale, des taux d'imposition, des objets de l'imposition, doit obligatoirement être soumise au vote populaire. L'initiative ne demande même pas cela pour les tarifs des transports publics: elle ne propose que la possibilité d'un référendum facultatif.

Les tarifs des transports publics sont fixés par des gens qui s'accordent à eux-même le privilège de leur gratuité en refusant à ceux dont on exige qu'ils paient (et que l'on amende s'ils ne paient pas) le droit de se prononcer sur ce qu'ils vont payer ? Ne proposerait-elle de remédier qu'à cela, que l'initiative de l'AVIVO se justifierait pleinement. Au nom d'un vieux principe socialiste : l'égalité.

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