Fonds de tiroir


Le canard patronal « Entreprise romande » est inquiet : «Alémaniques et Latins ne voteront pas sur le même texte» de l'initiative pour une caisse maladie publique, le 28 septembre, parce que la chancellerie fédérale a produit, en accord avec les initiants, une traduction en français et en italien du texte allemand qui ne parle pas d'une «prime unique» mais seulement de « primes fixées par canton ». Or les textes dans les différentes langues officielles ont tous le même statut, il n'y en pas un qui fasse foi contre les autres, et on ne peut pas invalider un texte ou un vote parce que les traductions sont contestables. N'empêche qu'on les voit venir, les patrons,  au cas où l'initiative serait acceptée grâce aux votes romands et tessinois... et qu'il va bien se trouver, en ce cas, un quérulent du Parti Pirate pour tenter un recours...



Le « Matin Dimanche » de dimanche nous signale que toute une série de démarches politiques visent à «chasser définitivement » de l'espace public, réel ou virtuel, toute image d'enfant nu  Bébé Cadum est notamment prié de se rhabiller par une UDC zurichoise et une PDC  valaisanne. Motif, la nudité publique d'un enfant titille la libido des pédophiles. Même quand elle est publiée par ses parents tout fiers de leur progéniture. Rhabillez-moi tout ça vite fait, c'est pas parce que les humains naissent nus et que la nudité est l'état naturel des chtis nenfants qu'il faut l'admettre. Bon, ben voila, maintenant va falloir passer au blanc toutes les images d'angelots joufflus des fresques baroques, et légiférer sur la nudité des animaux pour éviter de faire bander les zoophiles.



Concours d'invocation à la « classe moyenne » entre la PDC Marie Barbey et la PLR Michèle Roullet, dans la « Tribune de Genève » de vendredi, à propos de l'intention de la Conseillère administrative (verte) de Genève Esther Alder d'augmenter les tarifs des places de crèches pour les familles ayant un revenu supérieur à 160'000 francs par an. Marie Barbey gagne par trois invocations à deux. Mais évidemment, aucune des deux ne définit ce qu'elle entend par «classe moyenne », dans une ville où le revenu annuel moyen disponible d'une famille avec deux enfants est inférieur à 80'000 francs par an. C'est ce qu'il y a de bien, avec la classe moyenne : comme on ne la définit pas, on peut y mettre tout le monde et l'invoquer sans risque d'être contesté. On aura certes parlé pour ne rien dire, mais c'est pas grave, de toute façon les pauvres ne votent pas et les riches n'ont pas besoin de places de crèches publiques, ils ont des nounous colombiennes sans papiers...



Le Conseil administratif de la Ville de Genève a refusé pour la deuxième fois (mais à une seule voix de majorité, ce coup-ci) le projet de stèle devant être placée sur la tombe de Grisélidis Réal au cimetière des rois. Le projet, du sculpteur Jo Fontaine, accepté par les enfants de la courtisane, évoquerait de manière trop explicite un sexe féminin. En réalité, rien n'est vraiment explicite, on est dans le symbole (un triangle dans un cercle), et nous, on trouve ça assez beau. Et puis quoi ? rappelle Jo Fontaine, il y a déjà « plusieurs paires de fesses et de seins au cimetière des rois ».. Et très explicites, ces paires. Comme dit Sami Kanaan, « je suis sûr que si Grisélidis nous voit, elle doit trouver ça très drôle »...



Donc, Alain Berset, Conseiller fédéral socialiste, combat l'initiative pour la caisse unique qu'Alain Berset, parlement fédéral socialiste, soutenait. C'est pas de la schizophrénie, nan. C'est juste de la souplesse. Faut pas confondre.



L'«Affaire Giroud » ressemble de plus en plus à une parodie de polar foireux : quatre pieds-nickelés ont donc été coffrés à Genève : l'encaveur tripatouilleur de pinards et fraudeur fiscal Dominique Giroud, sponsor de la campagne électorale du PDC Maurice Tornay, et trois guignols embauchés par lui, ou s'embauchant entre eux, pour pirater les ordinateurs de journalistes enquêtant sur les tripatouillages du Giroud tout en avertissant lesdits journalistes qu'ils étaient mouchardés. Premier guignol : un détective privé pas piqué des vers et jouant double jeu, ancien flic, ancien Securitas, ancien huissier de l'Office des Poursuites et ancien Conseiller municipal (MCG, bien sûr) à Onex, et stockant sur son ordinateur du contenu pornographique dur (des vidéos-gags selon son avocate : le video-gag, en fait, c'est lui). Deuxième guignol : le hacker, ingénieur diplômé de l'EPFL, membre du comité de l'« Institut libéral » (manque plus que le « parti pirate »). Et troisième guignol : l'agent des services de renseignement suisses (le SRC), un vieux copain de scoutisme et d'Ecône de Dominique Giroud.  Les trois comiques avaient en projet de créer ensemble « une société en réunissant leurs compétences », écrit la « Tribune de Genève ». Une société de farces et attrapes ? Ils voulaient racheter « La Gaieté » ?



La Jeunesse socialiste suisse va adopter un « papier de position » anticapitaliste (« enlever les dents au capitalisme ») proposant au PS de se recentrer sur sa lutte fondamentale, le dépassement du capitalisme et la substitution de la « démocratie économique » à la propriété privée. C'est bon de savoir qu'il y a encore des socialistes pour considérer que le socialisme est le projet d'un parti socialiste. Surtout au moment où Alain Berset, Conseiller fédéral socialiste, combat l'initiative socialiste pour la caisse unique d'assurance-maladie, initiative qu'Alain Berset, parlementaire fédéral socialiste, soutenait.



Présentant son « programme de législature », le Conseil d'Etat genevois a annoncé qu'il envisageait de vendre certains de ses actifs mobiliers (des actions de la Banque cantonale, par exemple, ou un bout de sa part des Services Industriels) ou mobiliers (des immeubles de la Vieille-Ville). Savez ce qui serait marrant ? que la Ville achète ce que l'Etat vend... Pour que ça reste en mains publiques, d'abord, et pour voir la gueule de la droite, ensuite... on s'en imagine, des petits plaisirs, juste avant les vacances, et un an avant les élections...



Clash au PDC vaudois : le parti demande à son conseiller national Jacques Neyrinck de démissionner pour laisser la place à Claude Béglé, et Jacques Neyrinck refuse, en déclarant qu'« un parti qui impose la date de démission à un de ses élus est stalinien ». C'est idiot comme comparaison, personne n'a jamais imposé de date de démission à Staline, enfin, quoi...



Le « privé » impliqué dans la tentative de piratage d'ordinateurs de journalistes enquêtant sur l'«Affaire Giroud», et qui se révèle avoir été au moins agent double, est décrit comme quelqu'un qui aime se mettre en avant, toujours tiré à quatre épingles, vantard, annonçant partout être en contact avec les services de renseignement, friand d'interviews dans la presse, portant une énorme montre de marque, roulant en voiture de luxe... et ancien Conseiller municipal à Onex, passé de l'UDC au MCG... ça vous fait penser à quelqu'un, avouez... ben non, d'accord, ça lui ressemble beaucoup, mais c'est pas lui...



Le Conseil des Etats a enterré vendredi dernier une motion de Christhihan Lüscher, qui voulait introduire une peine minimale de trois mois de prison pour les petits dealers. C'est con, pour une fois que Lüscher s'occupait des petits et pas des gros...


Bon, c'est fait, le Conseiller d'Etat UDC de Neuche Yvan Perrin a démissionné avec effet immédiat, après 13 mois de mandat (record du PLR Frédéric Hainard battu de trois mois...), admettant qu'il ne pouvait plus assumer son mandat. Il y aura donc élection partielle au gouvernement neuchâtelois pour le remplacer. Et à droite, les appétits se manifestent : le PLR pourrait revendiquer le siège, et les Verts libéraux aussi. Et même la gauche de la gauche pourrait montrer le bout de son nez. Au grand dam de l'UDC qui clame que c'est son siège à elle, et qu'il lui revient « de droit ». Pour un parti qui ne cesse de prétendre qu'il est celui du recours au peuple (qui-a-toujours-raison), cette allergie à une élection ouverte est curieuse, non ? Bon, faut dire qu'elle est un peu dans la mouise, l'UDC de Neuche : elle a aussi dû se séparer de son secrétaire politique, Jean-Charles Kollros, accusé d'avoir communiqué « à tort et à travers » sur le « cas Perrin ». « Le Temps » s'interroge : après les bisbilles internes à l'UDC vaudoise et l'explosion en plein vol d'Yvan Perrin « les problèmes de personnes seraient-ils une spécialité de l'UDC romande » ? Réponse du chef du groupe UDC au Grand Conseil neuchâtelois : « on gère peut-être moins bien ce genre de situations que les autres partis ». Ouais, mais peut-être aussi que vous attirez plus de tocards et de bras cassés, et qu'il n'y a guère que le MCG qui puisse vous faire concurrence sur ce terrain, mais comme il ne sévit qu'à G'nêve...

Tiens, d'ailleurs, puisqu'on cause du MCG : son luminescent président Roger Golay et son conducator («président d'honneur») Eric Stauffer viennent de se payer leur conseiller d'Etat Mauro Poggia, dont le bilan serait « insatisfaisant » selon le premier, et qui serait « passif » selon le second. Qui en fait lui reproche surtout de ne pas l'avoir soutenu lors de sa candidature au bureau du Conseil d'administration des Hôpitaux Universitaires (HUG) -où il n'a pas été élu, et dont il a, furax, démissionné du Conseil. Rappelons donc que le MCG s'est fait une spécialité de la dénonciation du «copinage» et du « favoritisme » dont se rendraient coupables les autres partis dans la désignation des membres de directions et de conseils d'administration ou de fondation des grands établissements publics. En fait, le copinage, pour le MCG, c'est mal seulement quand ce sont les autres qui le pratiquent. Quant au conseiller d'Etat Poggia, le Conducator le somme de faire ce qu'on lui dit de faire et de ne pas l'ouvrir quand il n'est pas d'accord avec le parti (comme sur l'initiative de l'UDC contre l'« immigration  massive ». «Quand on ne partage pas le position de son parti, on se tait ! », gueule Stauffer. Traduction : t'es d'accord avec moi et tu le dis, ou tu la fermes... Ah ben c'est qu'on a affaire à des démocrates, hein...

Y'en a qui doutent de rien : un comité d'initiative, soutenu par la Jeunesse socialistes, les jeunes PLR et le Parti pirate, a lancé en Valais une initiative populaire pour la séparation  de l'Eglise et de l'Etat. En Valais !  Et pourquoi pas au Vatican, pendant qu'ils y sont, ces mécréants ? L'initiative demande que l'école publique n'organise plus de cours d'instruction religieuse, que l'Etat ou les communes ne versent plus les salaires des prêtres et ne prélèvent plus d'impôt pour financer les activités religieuses. La fin des haricots, quoi. Et comme prévu, en choeur (grégorien), le PDC et l'UDC sont montés au front contre ces arracheurs de « nos racines chrétiennes », qui vont devoir récolter 6000 signatures valables en un an. Après quoi ils seront brûlés en place publique, et les signataires de leur texte profanatoire excommuniés. Ah ben faut ce qu'il faut...

Heu-reux, on est. Bon, la Suisse ne sera pas championne du monde de foot, mais elle fait partie des dix Etats abritant le plus grand nombre de millionnaires : 4 % de sa population, soit 330'000 personnes fin 2013 (47'500 de plus que fin 2012), selon le cabinet Capgemini, lequel ne tient pas compte des biens immobiliers, des oeuvres d'arts ou des objets de consommation de luxe dans le calcul des fortunes. Bon, y'a quand même douze fois moins de millionnaires en Suisse qu'aux USA, au Japon ou en Allemagne, mais par rapport à notre modeste population résidente, on a le pompon. Et ça vous fait pas vibrer de patriotisme ? Mauvais Suisses, va...

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