Fonds de tiroir


Sur la Prairie Sacrée du Grütli, le premier août, on peut faire n'importe quoi : le salut nazi, par exemple, pour lequel, condamné par un tribunal uranais, un néonazi l'ayant fait (avec huit jours de retard sur la fête nationale...)  a été acquitté par le Tribunal fédéral, et sera même dédommagé de 3800 balles au motif qu'il n'a fait qu'exprimer une opinion personnelle sans chercher à gagner quiconque à sa cause, ce qui le laverait du soupçon d'incitation à la discrimination raciale. Pour le Tribunal fédéral suisse, donc, l'expression d'une adhésion au nazisme n'est qu'une forme bénigne et non contagieuse de connerie... et aucune loi ne condamne la connerie -« mort aux cons », avait inscrit sur son char d'assaut un combattant des Forces Françaises libres... « vaste programme », avait sobrement commenté De Gaulle... Raison de plus pour en commencer l'application le plus tôt possible, non ?

Le Conseiller national vert Geri Müller, maire de Baden «provisoirement libéré de sa charge» après s'être autoportraituré par des «selfies» à poil sur son  lieu de travail avait été évalué en 2009 comme le plus à gauche de tous les élus du Conseil National (ex aequo avec Josef Zysiadis), mais, nous dit « Le Temps » « était quelque peu rentré dans le rang par la suite ». Ben forcément :  pour un « selfie », si on est trop à gauche, on sort de l'objectif...

Fin juin, la Moldavie, la Géorgie et l'Ukraine ont signé, ou complété, des accords d'association à l'Union Européenne. D'association et pas d'adhésion, quoiqu'ils veuillent les trois adhérer. Une fois ces accords ratifiés, les barrières commerciales tomberont et les programmes d'échange et de recherche seront ouverts aux Moldaves, Géorgiens et Ukrainiens. Voilà, voilà. Kicèkikisera le dernier pays d'Europe à ne pas admettre qu'il est d'Europe, hein ? Disons qu'en ce qui concerne l'« envie d'Europe », la Suisse doit se situer quelque part entre le Zimbabwe et les îles Tonga...

Après les manifestations de joie un peu exubérantes de supporters franco-algériens dans les villes françaises, suite à une victoire de l'équipe d'Algérie dans les éliminatoires du Mundial de foot,  Marine Le Pen a demandé que la possibilité de double nationalité soit supprimée : « Il faut choisir, on est Algérien ou Français ». Y'a du progrès dans la famille Le Pen: on est plus Algérie française ! Papy a torturé pour rien, alors ?

Une coalition formée des Etats islamistes, de la Russie, de la Chine, de la majorité des Etats latino-américains et de la majorité des Etats africains, a réussi à Genève, au Conseil des Droits de l'Homme, à bloquer, à l'initiative de la Russie l'élargissement  à toutes les formes de familles, y compris homoparentales d'une résolution sur la « protection de la famille ». Vade Retro Satanas, Habemus Poutinam, tout ça. Doit faire bon être gay, du côté de Donetsk. La prochaine Gay Pride russe elle est prévue sur les grands escaliers d'Odessa, avec les cosaques en haut et les canons du Potemkine en bas, et sera jumelée avec la Gay Pride saoudienne autour de la Kaaba, avec les djihadistes autour ?

Témoignage attendrissant du détective privé mandaté par l'encaveur valaisan Giroud pour trouver l'origine des infos parues dans la presse sur ses tripatouillages, sur les conditions de détention à Champ-Dollon (il y a été incarcéré deux semaines) : « A Champ-Dollon, les conditions de détention sont très pénibles. La première semaine, j'étais dans une cellule à trois, la deuxième dans une cellule à six. Nous étions les uns sur les autres ». Ce qui a été le plus dur, ce fut « la promiscuité et l'inconnu Je ne savais pas combien de temps je resterais derrières les barreaux. Dans ma cellule, un Maghrébin avait en permanence une lame de rasoir dans la bouche. Ce n'était pas très rassurant. (...). Lorsque la télé a diffusé une photo de moi, pourtant floutée, des détenus m'ont reconnu. L'un d'eux pensait que j'étais un espion, parlant arabe, qui allait placer des micros dans les cellules. Un autre pensait que j'étais un flic en infiltration. Je suis resté dans mon coin en pensant à mes enfants ». Ouais, le travail de terrain d'un privé, c'est quelque chose. Et n'est pas Philip Marlowe qui veut...

Tout fout le camp en Europe : déjà que les Républicains nord-irlandais et les Basques avaient rangé les armes à feu pour celles de la lutte politique, voilà que les Corses s'y mettent aussi : le Front de libération nationale de la Corse (FLNC), a annoncé l'enclenchement « unilatéral » d'un «processus de démilitarisation et (de) sortie progressive de la clandestinité ». Le leader de l'aile politique (légale) du FLNC, Corsica Libera, Jean-Guy Talamoni, explique que les « idées nationalistes sont devenues majoritaires au sein de l'assemblée de Corse, quelle que soit la couleur politique », et que l'élection de Gilles Simeoni (autonomiste soutenu par les nationalistes) à la mairie de Bastia confirme que désormais l'action politique est plus efficace que les bombes. Et voilà : quarante ans plus tard, c'est la victoire en Irlande du nord des « officials » de l'IRA sur les «provisionnals», celle en Euzkadi des « politico-militaires » d'ETA sur les «militaires», et en Corse des autonomistes des frères Simeoni sur les canaux historiques et habituels du FLNC... Bon, d'accord, en Europe, il nous reste les russophiles du Donbass, mais c'est marrant, et injuste, ils nous titillent moins la fibre solidaire...

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