Vote sur la caisse publique d'assurance-maladie : En forme pour le jour d'après ?


    
Les derniers sondages (bien sûr, ce ne sont que des sondages, mais tout de même...) confirment les précédents : la droite et la Suisse alémanique rejetteraient clairement l'initiative pour une caisse publique d'assurance maladie, que la gauche plébisciterait et que la Romandie et le Tessin accepteraient. Et comme la gauche, les Romands et les Tessinois sont minoritaires dans ce pays... Que pourra-t-on faire si ces prévisions se confirment (avant quoi il convient tout de même de se mobiliser pour qu'elles ne se confirment pas) ? « Si les Genevois votaient massivement pour l'initiative, ce serait un signal à prendre en compte » pour envisager de « créer une caisse unique cantonale » estime le Conseiller d'Etat genevois (MCG) Mauro Poggia. Son collègue socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard est du même avis, ajoutant à cette hypothèse celle d'une caisse publique intercantonale, pour les cantons ayant accepté l'initiative.

Les carottes ne sont pas encore cuites. Et même si elles devaient l'être...

L'honnêteté politique serait qu'on laisse les cantons qui diraient oui à la caisse publique aller de l'avant. Les assureurs et avec tous les partisans de la concurrence devraient se réjouir qu'on teste deux modèles en Suisse (...) et on verrait lequel marche le mieux », déclare, faussement naïf (qui croit encore que les assureurs puissent prendre le risque d'une telle comparaison ?) Pierre-Yves Maillard. « Quel que soit le résultat du vote de dimanche prochain, on va continuer à se battre jusqu'au bout » pour changer le système d'assurance-maladie, promet la Conseillère aux Etats Liliane Maury Pasquier. Mais se battre pour faire passer quelle proposition, après le rejet de celle d'une caisse publique fédérale? Quelle que soit la proposition que la gauche fera, elle impliquera au moins une modification de la loi, voire de la constitution. Avec quelle majorité, parlementaire ou populaire? Celle que nous aurons pu créer en nous remobilisant, sachant que les caisses maladies, et elles viennent sans doute de le démontrer, ont les moyens (financiers) d'entraîner derrière elles, pour la défense de leurs intérêts, une majorité de la population, c'est-à-dire une majorité de leurs assurés. Les moutons aussi suivirent Panurge -mais lui n'avait pas eu besoin pour cela de dépenser des millions...
Car la campagne du comité « interpartis » de droite (PLR, PDC, UDC, PBD, Verts libéraux) contre la caisse publique est largement financée par les assureurs privés. Le PDC Urs Schwaller assure que les fonds servant à ce financement proviennent des bénéfices réalisés grâce aux assurances complémentaires et pas des primes d'assurance de base (obligatoire). Et alors ? Cela signifie tout de même que des primes payées par des assurés vont financer une campagne politique destinée à sauvegarder le système dont les assureurs sont les maîtres et les assurés les clients captifs, puisqu'ils n'ont pas le choix entre une caisse privée et une caisse publique... «Les caisses maladie ne font pas campagne» et « aucun centime de l'assurance de base n'est utilisé pour autre chose » (ce qui signifie, a contrario, que les primes des assurances complémentaires et privées, elles, servent bien à « autre chose »...), a le culot de déclarer (au Matin Dimanche du 10 août) le directeur du Groupe Mutuel, Paul Rabaglia, qui  ajoute même, la bouche en coeur, que son groupe « ne met pas de moyens dans cette campagne », assumée par l'association faîtière des assureurs. Dont le Groupe-Mutuel-qui-ne-met-pas-de-moyens-dans-la campagne est, évidemment membre, et cotisant...
La campagne des adversaires de la caisse publique dispose d'un budget d'au moins cinq millions de francs (plus ce que les partis politiques qui les suivent engagent dans leur propre campagne). C'est vingt fois plus que ce dont dispose le comité unitaire de soutien à l'initiative. On est ainsi dans un paysage politique connu, celui de l'inégalité des moyens disponibles pour faire campagne politique. Et on n'a donc pas beaucoup d'efforts intellectuels à faire pour comprendre les raisons de l'opposition de la droite aux dispositifs assurant la transparence du financement des campagnes et des partis politiques : les dénégations des adversaires de la caisse publique sur l'origine du financement de leur campagne suffisent à nous éclairer.

Le sort de l'initiative sera scellé dimanche. Dimanche, c'est-à-dire le 7 vendémiaire. Et dans le calendrier républicain, qui a dédié ses jours à des fruits, des légumes, des fleurs, des animaux et des outils, dimanche, ce sera le jour des carottes. Pour l'initiative, elles ne sont pas encore cuites. Et même si elles devaient l'être dimanche, il y a moult recettes différentes pour les resservir.
A lundi, donc... Ce sera le jour de l'amarante. Une belle fleur rouge, l'amarante.

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