Brèves


L'Université de Genève a donc scindé sa bonne vieille Faculté des Sciences Economiques et Sociales en deux : une « Geneva School of Economics and Management » pour une approche « pratique » de l'économie, et une Faculté des Sciences de la Société, pour les zozos intellos qui tiennent absolument à réfléchir sur la géographie humaine, la politique, la sociologie, l'aménagement spatial, enfin tous ces trucs qui font rien qu'à emmerder les vrais spécialistes de l'économie, ceux qui seront formés dans la Geneva School machinchose. Résumé du « Temps » : le modèle français laisse place à une organisation académique de type anglosaxon : les choses sérieuses (le pognon, quoi) sous un titre en anglais, les machins pour gauchistes ratiocineurs (les idées, quoi) sous un titre français. Il est clair, comme ça, l'ordre du monde, ou il faut encore qu'on vous l'explique (en chinois) ?

Le président du PBD, Martin Landolt, avait déjà amorcé sur le même thème, le président du PS, Christian Levrat, en remet une couche : l'UDC est « déchaînée et fascistoïde », certains de ses dirigeants représentent « un danger pour la Suisse » et « la situation actuelle me rappelle fortement le début des années 1930 ». Ouais, chef, y'a de ça. Sauf qu'un début des années 1930, le PS était le premier parti de Suisse. Faut toujours se méfier de la nostalgie.

Titre du supplément « immobilier » de la « Tribune de Genève » du 2 septembre : « Les Socialistes échouent: les propriétaires respirent un peu ». Arriver à résumer les fronts et les rapports de force politique à Genève aussi clairement et brièvement, ça mérite un coup de chapeau à l'auteur (Christophe Aumeunier, secrétaire général de la Chambre Immobilière)... Eh ouais, quand les socialistes échouent, les propriétaires respirent Et quand ce sont les propriétaires qui échouent ? Ben, ce sont les locataires qui respirent. Finalement, la politique du logement, c'est simple à expliquer. Finalement.

Au Grand Conseil genevois, il y a quinze jours, les députés se sont engueulés, voire injuriés, sur la question, primordiale, historique, de savoir si le montant de leurs indemnités devait être fixé par le bureau du Grand Conseil ou le Grand Conseil lui-même, en plénière. En août 2013, le bureau avait décidé d'augmenter carrément de 25 % les indemnités des députés. Pour le PS et le PDC, la décision était pour le moins choquante, à l'heure des « économies » et des restrictions budgétaires. Et donc, le PDC et la gauche proposaient que les jetons de présence des députés soient fixés par le parlement en son entier, dans la transparence, publiquement, et pas par le seul bureau après des marchandages de marchands de faux tapis. Et que croyez-vous qu'il arriva? Ben, le PS et le PDC ont été les seuls à soutenir leur projet de loi, balayé par 62 voix contre 29 -ce qui, si on compte bien, signifie que ni les Verts ni Ensemble à Gauche ne l'ont soutenu. C'est bon, de savoir qu'on a un parlement qui a le sens des priorités politiques, c'est bon...

A Hayange, en Moselle, un maire Front National (ancien de « Lutte Ouvrière »...) dont l'élection risque d'être invalidée a organisé, sur le modèle des « apéros saucisson-pinard» de l'extrême-droite identitaire, une « fête du cochon » (ou « fête tout goret »). Zont toujours été doués pour l'autocélébration, les fachos.


Tout juste ouverte, la nouvelle prison thérapeutique pour criminels frapadingues, Curabilis, réservée aux « détenus les plus dangereux de la Suisse latine », a failli connaître sa première évasion à la mi-septembre : un détenu (un cas psychiatrique aux « réactions imprévisibles ») a simplement pu sortir de sa cellule parce que sa porte n'était pas fermée à clef. Les gardiens l'ont trouvé en train de se balader dans le couloir. Le Département de la Sécurité se contente de dire qu'il « ne s'exprime pas sur des questions d'exploitation quotidienne des établissements pénitentiaires dont il a la charge ». Evidemment : ça fait déjà plusieurs années que Maudet et Jornot se baladent dans les couloirs du département ou du Palais de Justice parce que les électeurs ont oublié de fermer la porte de leur bureau à clef, et personne ne dit rien...

Dimanche, Genève a donc fait comme la gauche elle disait qu'il fallait faire : elle a voté pour la caisse publique et contre la traversée de la rade. Mais avec d'intéressantes variations : d'abord la Ville a donné trois points de plus à la caisse unique que l'ensemble du canton (60,5 % contre 57,4 5 %) et quatre points de plus au refus de la traversée de la rade (68 % contre 63,6 %). Il est vrai qu'elle se prenait celle-ci dans la gueule, les quais, les parcs et les quartiers autour (Sécheron, les Pâquis, les Eaux-Vives). Et quelques communes bien friquées de la rive gauche, genre Anières, Collonge-Bellerive, Corsier, Vandoeuvres) se distinguent en acceptant la traversée de la rade (pour faire passer leurs carosses) et en refusant la caisse unique (n'en ont pas besoin, les riches). La lutte des classes, c'est plus facile à expliquer quand ça se concrétise sur une carte des votes, non ?

Commentant le rejet de l'initiative udéciste pour une traversée tunnelière de la rade de Genève, le Conseiller d'Êtat PDC Luc Barthassat, partisan d'une traversée (tunnelière ou pontonnière) du lac, a proclamé fièrement que « les Genevois n'ont pas voté contre une traversée, ils ont voté contre cette traversé » proposée par l'UDC. Mais qu'est-ce qu'il en sait, Lulu ?  Les Verts, la majorité d'Ensemble à Gauche et du PS étant opposés à toute traversée routière de la rade ou du lac, en pont ou en tunnel, on peut se dire que la majorité de celles et ceux qui ont voté contre la traversée de la rade, sont aussi opposés à une traversée du lac. Et que quand ceux qui ont voté contre la traversée de la rade mais sont partisans d'une traversée du lac sauront combien elle coûtera, une bonne partie d'entre eux voteront aussi contre cette traversée du lac ... Mais on va pas lui casser sa joie à Lulu, son engagement contre la boeufferie de l'UDC faisait quand même bien plaisir à voir...

Le Valais a refusé à 67 % la création d'une caisse publique d'assurance-maladie. Le Conseiller national PS Stéphane Rossini y voit le signe de l'influence du Groupe Mutuel, la plus grosse caisse-maladie romande, et l'une des plus grosses du pays, qui a son siège en Valais, y emploie 1100 personnes et avait annoncé 600 licenciements en cas de « oui ». Le «non» a gagné. Et le lendemain du vote, on apprenait que le Groupe Mutuel était mis sous enquête de la FINMA (la surveillance fédérale des banques et assurances), que le président de son comité de direction démissionnait, que tout le comité le suivait et que le Conseiller aux Etats PDC Urs Schwaller, grand animateur de la campagne du « non » à la caisse publique, et qui proclame que créer des caisses publiques cantonales serait « un déni de démocratie » entre au comité du Groupe Mutuel. Pour services rendus, sans doute. On s'abstiendra de ricaner. Du moins ouvertement.

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