Fonds de tiroir


Le bicentenaire de l'entrée dans la Confédération, ça se célèbre. Officiellement. A Genève, à Neuchâtel et en Valais. Et à Neuchâtel comme à Genève, et sans doute comme en Valais, on est priés de prendre cette célébration pour celle d'une victoire de la démocratie, un progrès, un pas dans la marche de l'histoire, enfin ce genre de trucs. Or à Neuchâtel comme à Genève (en Valais, on sait pas), l'entrée dans la Confédération au titre de canton, après un bref régime français, c'est en fait la victoire de l'Ancien Régime pré-révolutionnaire. Et le président du Conseil d'Etat neuchâtelois Alain Ribaux a beau proclamer que 1814, c'est « le premier acte de l'instauration de la démocratie dans notre canton », en réalité, toujours comme à Genève, c'est « un retour à l'ordre ancien », comme le rappelle avec raison solidaritéS. D'ailleurs, en même temps que Neuche devenait canton suisse, elle redevenait principauté prussienne. Mais voilà : les célébrations patriotiques officielles n'ont rien à voir avec l'histoire, comme l'admet le chef du gouvernement neuchâtelois : «ce qui compte, c'est de célébrer notre canton», d'effacer l'opposition entre le Haut républicain et le Bas royaliste, et de rappeler à la Suisse qu'on est Suisses. Quitte à réécrire l'histoire. Ou plutôt à ne pas la lire. D'ailleurs, ça intéresse qui, l'histoire, à part quelques profs gauchistes à dénoncer ipso facto aux « Jeunes UDC » ?

La Fondation immobilière de la Ville d'Onex, présidée par la Maire Carole-Anne Kast (par ailleurs présidente du PS genevois), qui avait déjà octroyé au printemps une baisse de loyer de plus de 20 % à certains de ses locataires, met sur le « marché » 96 nouveaux appartements dans un nouvel immeuble, à des loyers inférieurs (genre 1100 francs pour un trois pièces de 70 m2) à la moyenne du secteur. Explication : en tant que fondation publique, la FIVO a pu emprunter à un bas taux d'intérêt, et surtout a calculé le montant des loyers en fonction d'un rendement plus bas que ceux autorisés par l'Office cantonal du logement, qui estime excessivement les charges des nouveaux immeubles, ce qui détermine des rendements trop élevés, et donc autorise des loyers trop élevés. Les loyers onésiens ont donc été corrélés à un critère (les taux hypothécaires plus un demi-pourcent)  qui les situe plus bas que la pratique habituelle. La Chambre genevoise immobilière fait mine d'approuver, mais son président, Cyril Aellen, croit indispensable d'ajouter que les privés « arrivent très bien à proposer des loyers aussi intéressants que les collectivités publiques ». On veut bien le croire, mais alors, pourquoi diable ne le font-ils pas ? Qui les en empêche, à part eux-mêmes ?

Le Conseil d'Etat a fixé les dates de l'élection des conseils municipaux et du premier tour de l'élection des exécutifs communaux au dimanche 19 avril 2015, et le second tour de cette dernière au dimanche 10 mai 2015. Le délai pour le dépôt des listes de candidatures pour l'élection des conseils municipaux et le premier tour de l'élection des exécutifs communaux est fixé au lundi 2 février 2015 avant midi, et pour le second tour de l’élection des exécutifs communaux au mardi 21 avril 2015 avant midi. Voilà. Vous pourrez pas dire qu'on vous a pas prévenus.

Le Conseil national, après le Conseil des Etats, a approuvé la création d'un fichier national des resquilleurs dans les transports publics. Les infos pourront être conservées pendant dix ans pour recouvrer une amende. C'est quand même gratifiant de savoir que le parlement fédéral n'a rien de plus important à faire que penser à nous. On se sent considéré, quoi. On existe. On est quelqu'un (pendant dix ans), et c'est bon de le savoir.

Gaza, l'Ukraine, tout ça, c'est de la gnognotte : « rien ne va plus entre l'UDC et le PBD », nous alarme l'Agence télégraphique suisse, dans une dépêche reproduite dans tous nos quotidiens. Paraît que le président de l'UDC, Toni Brunner, a refusé de serrer la main au président du PBD, Martin Landolt, et annoncé qu'il refuserait désormais de collaborer avec lui, et même de lui parler. Na ! Et cela, parce que Landolt a dénoncé la politique « brunâtre » de l'UDC, et refusé de présenter ses excuses pour cette dénonciation (le Poggiamatic ne fonctionne pas au-delà de la Sarine ?). Et voila, c'est comme ça qu'on est en Suisse au bord du gouffre. Heureusement que ça se sait pas à l'étranger, parce que ça aurait fait chuter le franc contre l'euro, le dollar, le rouble, le yen et le renmibi.

Bombarder Gaza pendant cinquante jours, ça a coûté bonbon à l'Etat d'Israël (à Gaza aussi, dont ça a complètement bousillé l'économie et les infrastructures, mais ça compte pas, Gaza). Donc va falloir payer. Et comment le gouvernement israélien entend-il payer sa démonstration de force ? Ben, comme tout gouvernement de droite qui se respecte : en coupant dans les budgets sociaux, de l'éducation et de la santé. Ah ben faut ce qu'il faut, hein... Seul le budget de l'armée sera épargné (il devrait même augmenter). Mais même comme ça, le coût total de l'opération  gazaouie (3,6 milliards de francs) ne sera pas compensé, les « économies » sociales, éducatives et sanitaires ne se montant qu'au septième de ce coût. Parait que «gouverner, c'est choisir» ? le gouvernement de Netanyahou a choisi : « seuls les pauvres et la classe moyenne paient pour l'opération. Les autorités puisent dans les poches de ceux qui n'ont rien » résume une députée travailliste. Elle s'attendait à quoi? A ce que Natanyahou taxe les riches et les colons ?

Pour contourner le vote de la majorité du Conseil Municipal refusant, sous divers prétextes (allant, à droite, du danger de faire voisiner des femmes en détresse et une crèche, à la proclamation, à gauche, du droit fondamental des bourges friqués à occuper des logements publics) d'installer des « appartements-relais » dans la « Villa Ambrosetti », propriété de la Ville, la Municipalité propose d'installer ces logements (transitoires) dans une ancienne maison d'arrêt, et de la transformer pour cela. Bon, au moins cela ouvre des places d'accueil pour 11 femmes et 14 enfants victimes de violences domestiques, mais devoir se rabattre sur une maison d'arrêt pour en faire un lieu d'hébergement pour femmes en situation de précarité, ça dit bien en quelle considération la majorité du Conseil Municipal tient ces femmes... Des importunes, rien que des importunes, qu'il faut caser quelque part où elles ne dérangeront ni ne délogeront personne... Alors, une ancienne maison d'arrêt, c'est vrai que c'est l'idéal...

Dans le débat au Grand Conseil genevois sur la nouvelle loi sur la police, les socialistes ont réussi à supprimer la mention d'un ratio de 42 policiers et agents de sécurité pour 10'000 habitants. Un ratio de ce genre, à quelque niveau qu'on le fixe, n'a en effet aucun sens, et on ne sait d'ailleurs pas de quelle étude, de quelle analyse, de quelle expérience il tombe :  pourquoi 42 et pas 36 ou 50 ? mystère... Mais alors, pourquoi les socialistes refusent-ils un ratio policiers/habitants au niveau cantonal, et en accepteraient-ils le principe au niveau de la Ville, où l'engagement de policiers municipaux supplémentaires doit aboutir au respect d'un ratio d'un poulet communal pour 1000 habitants ? Ce ratio municipal n'est pourtant pas moins idiot que le ratio cantonal...

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