Fonds de tiroir


 Appenzell Rhodes Intérieures à refusé à 81,75 % des votes la caisse publique d'assurance-maladie. Forcément, dans un coin où quand on est malade on appelle l'exorciste plutôt que le médecin, une caisse-maladie, publique ou non, on en a moins besoin qu'ailleurs...

Dans le Jura, le peuple souverain a décidé, à plus de 54% des suffrages, d'accorder le droit d'éligibilité communale (sauf au poste de Maire) aux étrangers résidant en Suisse depuis au moins dix ans et dans le canton depuis au moins un an. En gros, ce que la glorieuse constituante genevoise n'avait pas osé proposer, mais que déjà quatre cantons romands ont accepté : Neuchâtel, Vaud, Fribourg et, donc, le Jura. Pour obtenir le retrait de cette proposition dans le projet de nouvelle constitution genevoise, la droite éclairée avait promis de la reprendre après l'adoption de ladite constitution. Elle en est où, la droite éclairée genevoise, de sa promesse ? Dans la pénombre ou carrément l'obscurité ?

 A Schwytz (voui, voui, à Schwytz...), à une majorité de près de 60 %, les citoyennes et yens ont accepté une hausse de l'impôt sur le revenu pour les contribuables qui gagnent plus de 230'000 francs par mois (438'000 pour les couples). Ce qui devrait rapporter 66 millions aux caisses publiques. Ouala. On est où, au juste, à Genève, du rétablissement d'un minimum d'équité fiscale après la pluie de cadeaux fiscaux accordés aux hauts revenus, aux grosses fortunes ? Ben... on en est à réfléchir quels cadeaux on va encore accorder, cette fois aux entreprises et aux résidents des communes friquées qui travaillent en Ville... On devrait plus dire du mal des Waldstätten : on arrive sans peine à être bien plus cons qu'eux...

Le Conseil Municipal de la Ville a donc avalisé les comptes 2013 de la Municipalité. Mais du fait de six absences sur les bancs de gauche, a refusé le crédit complémentaire destiné à les apurer.  Bon, de toute façon, ça n'a strictement aucune importance, c'est juste de la gesticulation pré-électorale, puisque le seul aval déterminant c'est celui de la surveillance des communes et qu'il est donné, y compris au crédit complémentaire, si les comptes reflètent fidèlement la réalité de l'activité de la commune -et c'est le cas, comme l'ont d'ailleurs reconnu même ceux qui les ont refusé. Mais bon, si ça peut faire plaisir à la droite municipale, on va pas en faire un plat puisque ça ne change rien à rien...

Commentaire de la députée (et cheffe de groupe) des Verts au Grand Conseil genevois sur le projet de budget présenté par le Conseil d'Etat, et qui accumule les réductions, voire les suppressions, d'aides sociales :  « On doit parfois avaler des couleuvres pour obtenir certaines contreparties ». Des couleuvres, t'es sûre ? Vu les propositions faites, ça serait pas plutôt des boas ?

Recevant le 8 septembre le Prix de la « Fondation pour Genève », le président de la Confe, Didier Burkhalter, a eu ce mot de reconnaissance (attendrie) : «Genève a atteint une notoriété si forte que tout le monde pense qu'elle est la capitale de la Suisse»... ben merde alors, c'est pas vrai, on n'est pas la capitale de la Suisse ? mais pourquoi on nous dit jamais rien à nous ?

S'il y a un truc jouissif, après une votation qu'on a gagnée (surtout quand ça devient rare), ou que nos adversaires ont perdue, ce qui revient à peu près au même (pas tout à fait, mais on va pas chipoter), c'est de relire les textes de campagne de ceux d'en face. Ceux qui ont perdu quand ce n'est pas nous, donc. Alors là, on a relu avec délectation le magazine du TCS de septembre, faisant campagne pour la traversée routière de la rade qui s'est retrouvée au fond de la rade, coulée dans deux tiers de refus, mais soutenue par une palanquée de «personnalités en vue» (de l'entrée du tunnel) : en vrac, on avait d'abord, contre le mot d'ordre de leur parti, le maire PLR de Veyrier, Thomas Barth; le président PLR de l'Automobile-Club, René Desbaillet, le président PLR du Conseil municipal de Thônex, Marc Kilcher et le vice-président PLR du Grand Conseil, Antoine Barde. Et aussi, défendant eux le mot d'ordre de leurs partis, le président du MCG, Roger Golay, le Conseiller national UDC Yves Nidegger, la Conseillère nationale UDC Céline Amaudruz et le président du PBD genevois Charles Piguet. Et enfin la présidente de la fédération du commerce genevois, Fabienne Gautier, et le directeur de la Chambre de commerce Jacques-Paul Jeannerat. Et on en passe. Et puis surtout, on avait, récurrente, cette conviction désespérée (et pour nous réjouissante) que c'était « le moment ou jamais » : « Aucun autre projet ne verra le jour avant des décennies » (Desbaillet), « la traversée, c'est ici ou maintenant. Ou jamais » (Golay), la traversée de a rade, c'est la seule solution « envisageable avant un demi-siècle » (Amaudruz). Ah, c'est bon, c'est bon, on en redemande...

Lundi, le Conseil Municipal de la Ville de Genève s'est penché, avec le sérieux et l'attention qui lui sont propres, sur les conditions à poser pour que les groupes politiques du Conseil puissent recevoir une subvention (de 40'000 francs par an) de la Ville de Genève. Et c'est à un bon gros, solide, clivage gauche-droite qu'on a assisté, la droite acceptant, du bout des lèvres, que cette subvention ne puisse être versée qu'aux groupes ayant respecté la loi cantonale imposant la publicité des comptes et des donateurs des partis politiques, la gauche proposant d'y ajouter la publicité des montants des dons. Ce que la droite, emmenée par le MCG, et majoritaire du fait de l'absence de cinq ou six élus de gauche, a réussi à faire refuser par le Conseil (on s'en fout, on reviendra avec une nouvelle proposition), même sous une forme atténuée, ne portant que sur les dons supérieurs à 20'000 francs (elle en reçoit donc tant que ça ?). Au passage, toute occupée à préserver les montants des dons qu'elle reçoit de la curiosité publique, elle a aussi refusé que la subvention de la Ville soit accordée aux partis politiques et non aux groupes du Conseil Municipal, ce qui pourrait avoir pour effet amusant d'accorder une subvention au Parti du Travail et non à Ensemble à Gauche, puisque EàG est une coalition de mouvements dont seul le PdT se proclame parti politique. Bon, ce petit détail amusant relevé, on résumera le débat simplement : S'agissant du financement de ses partis politiques par des fonds publics (et donc par les contribuables), la devise de la droite genevoise, MCG, UDC, PLR et PDC unis, c'est pas « Post Tenebras Lux », c'est « Post Tenebras Nebulae»...

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