Fonds de tiroir


A ceux qui considèrent que le droit d'initiative populaire est actuellement utilisé pour proposer n'importe quoi, un comité d'initiative veut apporter, par les actes, un démenti formel : il prépare une initiative pour supprimer dans la loi sur la circulation routière le délit de « chauffard », qui, concernant les abrutis qui roulent à au moins 50 km/h de plus que la vitesse autorisée dans les localités (60 km/h sur les routes cantonales, 80 km/h sur les autoroutes) peut entraîner non seulement le retrait du permis et une peine de prison, mais aussi la confiscation du véhicule. Et ça, surtout, le hérisse, le comité d'initiative : c'est pas «proportionnel», tout ça. Proportionnel à quoi ? au taux d'alcoolémie du conducteur ? à son quotient intellectuel ? Et la confiscation du véhicule, « c'est du vol ». Ah ouais ? Confisquer une arme létale (la bagnole d'un chauffard, c'est rien d'autre), c'est du vol ? Et pourquoi pas une torture, pendant qu'on y est ? « Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît », disait Audiard. En Suisse, ça ose donc des initiatives populaires.

Des flics au parlement, à Genève, on en avait déjà. Des flics appelés par le président du parlement pour expulser du parlement le chef de la brigade des flics parlementaires, c'est nouveau, ça vient de sortir. Et franchement, à part à Genève, on voit mal ou ça aurait pu sortir. Y'en a point comme nous. Mais de toute façon, c'est pas la faute de Stauffer, c'est la faute d'Alexandre Wisard. Fallait pas renaturer l'Aire, Alex, ça a attiré à Onex des primates qu'on n'y voyait plus depuis le début du quaternaire, et maintenant, ils ont essaimé dans le reste du canton. C'est malin.

Dans la nuit du 12 au 13 octobre, quatre fourgons banalisés de la police ont été incendiés dans la cour du centre de formation de la police genevoise,  à Carouge. Mais il va se calmer, Stauffer, ou bien ?

Malala Yousafzaï voulait aller à l'école, puis au lycée, et que toutes les filles puissent aussi y aller. Y compris au Pakistan. Pour cela, elle a été victime d'une tentative d'assassinat par les Talibans. Elle en a réchappé, et a continué son combat. Qui lui a valu, la semaine dernière, le Prix Nobel de la Paix. Comme le résume une citation qu'on a trouvée sur internet : «qu'est-ce qui fait plus peur à un intégriste que des tanks, des bombes ou des missiles américains ? Une fille avec un livre ». Mais si en plus elle est kurde, c'est plus de la peur, c'est de la panique.

Le Conseil d'administration des TPG a décidé, au début de l'année, de facturer (« au cas par cas », précisent-ils, c'est à dire à la tête du client) aux organisateurs de manifestation empiétant sur des lignes de trams ou de bus (ce qu'elles ne peuvent éviter de faire à Genève, vu la densité du réseau) le coût de la perturbation des services due à la manif. C'est une mesure à la con, destinée uniquement à remplir un peu les caisses de la régie, mais tant qu'à faire, on se demande pourquoi les mêmes TPG ne prévoient pas de facturer aux automobilistes le coût des entraves à la circulation des bus et des trams coincés dans des embouteillages, des bagnoles mal garées, ou circulant sur des voies réservées... pour les TPG aussi c'est une vache sacrée, la bagnole ?

Dès aujourd'hui, 23 caméras de vidéosurveillance couvriront au Pâquis le périmètre compris entre la place de Cornavin et les rues du Mont-Blanc, de Berne, Pellegrino-Rossi, De-Monthoux et de Fribourg. Huit agents de police se relaieront en moyenne 20h sur 24h, 365 jours par an, pour visionner les images et diriger les caméras. Ce qui laissera donc les Pâquis libres de vidéosurveillance quatre heures tous les jours, et un jour tous les quatre ans. La justification de cette « expérience » est, selon le Maudet en chef, celle d'un renforcement de la lutte contre la délinquance et les incivilités. Parce que la vidéosurveillance les réduisent? Ben oui, quoi, la preuve : les séances du Grand Conseil (et du Conseil Municipal) sont intégralement filmées et diffusées en direct, et du coup, elles peuvent être données comme modèle de civilité et de respect des lois et des règlements.  Non ? ah bon...

Donc, Gominator ne sera pas sanctionné pour avoir mis le souk au Grand Conseil vendredi soir, et avoir refusé (avec le soutien de ses spadassins députés et policiers) d'être conduit vers la sortie par des gendarmes pas députés : la proposition de sanction faite par le président du Grand Conseil n'a été ni acceptée ni refusée par le bureau dudit Conseil  : il y avait égalité des voix (les représentants du PS, du PLR et du PDC étaient favorables à une sanction, ceux du MCG -Gominator lui-même-, de l'UDC et d'Ensemble à Gauche y étaient opposés, et le représentant vert était absent.). Comme il faut une majorité pour qu'une décision soit prise, dans un sens ou un autre, aucune décision n'a été prise. Et le MCG de plastronner : « la sagesse l'a emporté et la démocratie se voit renforcée ». D'où il appert que la sagesse consiste à ne rien décider et qu'on renforce la démocratie en allant à la pêche.

On nous a donc annoncé que pour tenter d'expulser le Migoo de la salle des séances du Grand Conseil, il a fallu mobiliser sept gendarmes, soit l'équivalent de trois patrouilles de gendarmerie... Il s'avère donc qu'une patrouille de gendarmerie est composé de 2,33333 gendarmes. Ben ouais, quoi : un qui sait lire, un qui sait écrire et un flic MCG à temps partiel pour surveiller ces deux dangereux intellectuels de gauche...

On voudrait pas paraître sarcastique, c'est pas notre genre, mais après la non-sanction de Stauffer par le bureau du Grand Conseil, on observe (innocemment) que
 1. Les partis (UDC et MCG) qui étaient au Conseil Municipal les plus fervents partisans du renforcement des compétences disciplinaires de la présidence de séance sont les plus fervents opposants à  leur application à leurs propres élus au Grand Conseil (une bonne partie du groupe MCG au Grand Conseil étant composé d'individus sévissant aussi au Conseil Municipal : le ventre ne serait-il pas aussi fécond que Brecht le craignait d'où sont issus ces animacules ?) ;
 2. Que Gominator, visé par ces dispositions disciplinaires, a pu voter contre au Bureau du Grand Conseil, alors qu'une disposition de la loi prévoit que quelqu'un qui est personnellement visé par une proposition doit s'abstenir de se prononcer;
 3. Que ceux qui gueulent le plus fort contre les « incivilités » sont aussi ceux qui gueulent le plus fort quand leurs propres « incivilités » sont sanctionnées...
4. ... et qu'il nous reste encore huit mois à siéger au Conseil Municipal pour tirer les conclusions de ce qui précède...
Mais bon, comme on disait, on voudrait pas paraître sarcastique, c'est pas notre genre. Et de perturber les séances non plus, d'ailleurs.


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