NON (alémanique) à la caisse publique d'assurance-maladie : Un refus de la liberté de choix...


    

Une majorité de votantes et tants alémaniques ont donc fait échec à la création d'une caisse-maladie fédérale publique et refusé d'ouvrir la seule concurrence et la seule « liberté de choix » qui vaillent : celles entre les 61 caisses privées auxquelles chacun est actuellement obligé de s'affilier, et la caisse publique fédérale qui ne sera pas créée. Reste évidemment la voie évoquée de création de caisses publiques cantonales (ou d'une caisse publique intercantonale) dans les cantons ayant accepté l'initiative : le Jura, Neuchâtel, Genève et Vaud. Sans exclure, évoquée par Pierre-Yves Maillard  «  une initiative qui interdise aux assureurs de payer les partis politiques et les élus aux Chambres », et « nettoie le parlement du lobbysme obscène » de caisses maladie qui prospèrent sous le parapluie de l'Etat, tout en dénonçant « l'étatisme » de ceux qui les critiquent. 

Soutenir un Conseiller d'Etat MCG, c'est remboursé par l'assurance de base ou la complémentaire ?

La question posée lors de la votation de dimanche, et à laquelle la caisse publique donnait une réponse crédible, était celle de la maîtrise du système de santé. Et de la vraie liberté de choix -pas entre 61 caisses privées aux prestations identiques mais aux tarifs inégaux, mais celle entre ces caisses privées et une caisse publique regroupant tous les assurés et ne perdant pas son temps, ses ressources humaines et les cotisations des assurés à financer la «  chasse aux bons risques » (et quelques campagnes politiques). La droite hurlait pendant toute sa croisade contre la caisse publique à l« étatisation du système de santé », alors même que l'Etat n'aurait pas plus de pouvoir sur une caisse publique d'assurance maladie qu'il n'en a sur l'AVS ou la SUVA  et que le système de santé n'aurait pas été plus «étatisé» avec une caisse publique fédérale (et ne le serait pas plus avec plusieurs caisses cantonales ou intercantonales), qu'il ne l'est déjà avec 61 caisses privées dont les prestations sont déterminées par la loi, c'est-à-dire l'Etat,  Et c'est encore l'Etat qui oblige à l'affiliation à une caisse privée, paie les hôpitaux, assure la formation des médecins et du personnel infirmier, et garantit aux caisses privées le paiement des primes en lâchant l'Office des Poursuites sur le râble des mauvais payeurs, en versant des subsides à celles et ceux qui ont des difficultés à payer ou en payant à la place de celles et ceux qui ne peuvent réellement pas payer... C'est sans doute ce qu'entend la Fédération des hôpitaux suisses lorsqu'elle commente le résultat de dimanche en ces termes : « les Suisses préfèrent une solution libérale à une solution étatique »... Ils ont tout de même été plus nombreux à soutenir la caisse publique (mais pas unique) dimanche qu'ils ne le furent à soutenir la caisse unique (et publique) il y a sept ans. Pas assez nombreux, certes, pour la faire adopter, mais le comité contre la caisse publique disposait de son propre aveu de cinq millions de francs pour sa campagne, et a pu publier dix fois plus d'annonces dans la presse que le comité de soutien à l'initiative. Or des cinq millions dont il disposait, trois provenaient des caisses maladies. Et donc des cotisations des assurés, empêchés de s'assurer auprès d'une caisse publique. Y'a pas à dire, on a affaire à des pros.

Quant aux coûts de la santé, la seule question qui vaille est: qui doit les assumer, et dans quelle proportion ? Et là, c'est le système de la prime fixe et par tête (d'adulte) qui doit, à nouveau, être remis en cause : l'initiative refusée ce dimanche avait renoncé, par tactique, à reprendre la revendication d'une prime proportionnelle au revenu. Ce renoncement tactique n'a pas suffi à faire adopter l'initiative -on peut donc remettre l'ouvrage sur le métier, tout en proposant des caisses publiques cantonales (dans le Jura, une initiative en ce sens est déjà lancée) ou une caisse intercantonale dans les cantons qui en ont accepté le principe (et qui comptent pour un cinquième de la population de tout le pays...). Et dans l'immédiat, prendre au mot  le Conseiller d'Etat MCG Mauro Poggia, qui, dans la Tribune de Genève de vendredi, disait vouloir relevait « le défi de créer dans notre canton une caisse publique » si les Genevois se prononçaient «massivement» (c'est un « oui » à quelle hauteur ?). Il est vrai que dans le même quotidien, aujourd'hui, il précise, courageux mais pas téméraire, attendre « un signe » des députés pour se lancer.

N'empêche : on le soutiendra, Poggia, s'il se lance. Quoi, soutenir un conseiller d'Etat MCG ? Ben ouais. Et c'est même pas remboursé par l'assurance de base.
C'est dire si le système d'assurance-maladie dans ce pays est foireux...

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