D'un 9 novembre l'autre...


On a reçu d'on ne sait trop qui, mais signée d'un capitaine dont charitablement nous ne donnerons pas le nom, et qui se présente comme « président  » (sans nous dire de quoi), une invitation à participer à la « 94ème cérémonie à la mémoire des soldats de Genève morts au service de la Patrie », le 9 novembre au parc Mon-Repos (éternel). Bon, déjà, organiser un 9 novembre une cérémonie à la mémoire des « soldats de Genève morts pour la patrie », c'est... comment dire... audacieux, vu ce que le 9 novembre signifie à Genève. Il est vrai que cette cérémonie date de 1920, et qu'elle est une sorte d'expiation de la Grève Générale de 1918 (on avait alors accusé les grévistes d'avoir favorisé la propagation de la grippe espagnole, qui tua nombre de soldats suisses), un peu comme le Sacré-Coeur de Paris est une expiation de la Commune. Mais bon, on ne va pas demander à des sociétés militaires d'avoir une mémoire historique plus longue que la visière de leur képi. 

 Choisis ton camp, camarade... ou passe de l'un à l'autre...

Le plus audacieux dans la «  94ème cérémonie à la mémoire des soldats de Genève morts au service de la Patrie » n'est même pas dans le choix de sa date (le 9 novembre)  : il est dans « l'ordre de la cérémonie » tel que détaillé dans l'invitation à la cérémonie «  à la mémoire des soldats de Genève morts pour la patrie ». Car il vaut le détour, cet «  ordre »...
Alors voilà : après le défilé des délégations et des sociétés, la présentation des drapeaux et le dépôt de la couronne officielle, on passe aux choses sérieuses :
1. « Introduction du président »... On nous dit ni par qui, ni comment, mais le président est introduit. A onze heure du matin, en novembre et en public, faut oser...
2.  « Cé qu'è l'aino (1ère strophe) ». Pas le premier couplet, non, seulement la première strophe. L'introduction a du être brève. Mais ça mérite quand même un cantique.
3. « Allocution de Monsieur le Commandant de corps Dominique ANDREY, Commandant des forces terrestres ». Une fois le président introduit et le cantique chanté, faut bien quitter le 7ème ciel et revenir sur terre...
4. « Morceau de circonstance ». Morceau de quoi ? ou de qui ? Du président ? Du Commandant de corps ? Et quel morceau au juste ? Après l'introduction, l'amputation?
5. «  Lecture du serment par un Officier de la Société Militaire de Genève ». On ne connaît pas le contenu du serment, mais vu ce qui précède, on trouve parfaitement judicieux de le lire au milieu de la cérémonie plutôt qu'au début. Il sera ainsi plus facile à respecter, le plus dur étant fait.
6. «  Minute de silence ». En effet, ça s'impose, encore qu'on aurait pu faire silence un peu plus longtemps, compte tenu de ce à quoi ce silence succède.
7. «  J'avais un camarade (chant militaire) ». Ce sont les meilleurs qui partemnt les premiers...
8. « Cantique suisse (1ère strophe) ». Après le cantique genevois, le cantique suisse, ça s'imposait et il faut bien deux cantiques pour faire passer tout le reste, mais on en chante toujours même pas le premier couplet, seulement la première strophe. On fatigue ?
9. « Fin de la Cérémonie suivie d'une collation et d'un vin chaud offerts aux invités et au public ». ça, c'est bien : après la gaudriole, on a toujours une petite faim.
Et l'invitation précise que «  la musique de la Cérémonie sera assurée cette année par le Corps de Musique de Landwehr ». Les autres années, c'était le Beau Lac de Bâle ? Et cette année  Ostap Bender n'était pas libre ?
Voilà, si ça vous dit, c'est donc à 11h10 précises au parc Mon-Repos, devant le monument, et « le défilé du Détachement d'Honneur et des Sociétés débutera à 11h15 ». Mais on sait pas de quoi le « Détachement d'Honneur » a été détaché. Ni quand il l'a été (en même temps que le «morceau de circonstance» du point 4  ?).

Et après la cérémonie de Mon-Repos, vous aurez largement le temps d'aller au bout de la Plaine de Plainpalais, dès 16 heures, au carrefour des 23 cantons commémorer le massacre du 9 novembre 1932. Et ses morts qui n'étaient au service de personne, sinon du combat contre le fascisme.
Choisis ton camp, camarade... ou passe de l'un à l'autre...

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